Budget de l’enseignement scolaire : un cruel manque d’ambition
Par Céline Brulin / 2 décembre 2022Il manque un enseignant dans un tiers des établissements scolaires, mais vous supprimez 1 500 postes ; vous promettez un meilleur taux d’encadrement, mais bien souvent les classes comptent plus de 24 élèves ; vous annoncez la création de l’école du futur, qui finance des projets innovants, mais sans définir le concept. Il s’agit plutôt d’un exercice de communication.
L’enseignement agricole en est une illustration : on nous annonce une loi d’orientation agricole pour 2023, dans laquelle l’enseignement et la formation prendraient une part majeure, or il n’y a aucun projet stratégique, tout juste la saignée a-t-elle été arrêtée.
Les récentes déclarations du Président de la République confirment votre volonté de démanteler l’enseignement professionnel. Après le bac en trois ans, après la réduction des enseignements généraux et l’augmentation de 50 % des temps de stage, l’enseignement des disciplines est à l’os. Votre raisonnement est utilitariste, vous répondez aux seuls besoins des employeurs. Or les jeunes ont besoin d’un bon niveau de formation pour évoluer tout au long de leur carrière. Quel cruel manque d’ambition pour notre jeunesse issue des milieux populaires !
Nous sommes loin du choc d’attractivité nécessaire pour la revalorisation du métier d’enseignant. Un tiers des crédits ira au pacte enseignants, conditionné à la réalisation de nouvelles missions ; mais les enseignants travaillent déjà plus de 40 heures hebdomadaires ! La promesse d’une revalorisation de 10 % de tous les enseignants ne concerne en réalité que ceux de moins de vingt ans d’ancienneté, excluant deux tiers d’entre eux. Le déclassement vécu par les enseignants est le résultat d’années de gel du point d’indice, bien difficiles à rattraper.
Le personnel non enseignant est totalement oublié. Je pense notamment aux AESH, trop peu nombreux - en dépit des 4 000 postes créés - et précaires. Il faut améliorer leur rémunération et leur formation et leur donner un statut.
La hausse des coûts de l’énergie inquiète les établissements scolaires. Le surcoût lié à l’inflation est estimé par Régions de France à plus de 200 millions d’euros pour 2022. La moitié des collèges et lycées ne savent pas comment boucler leur budget. Quid des écoles en cas de délestage ? Monsieur le ministre, vos satisfecit ne résistent pas à l’examen du budget.
Après les dégâts causés par votre prédécesseur, il aurait fallu rebâtir la confiance. Ce budget de l’enseignement scolaire ne le permet pas ; nous ne le voterons pas. (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE, SER et du GEST)