Faisons rimer solidarité avec l’Ukraine et mobilisation pour la paix
Par Pierre Laurent / 8 février 2023Cette résolution de Claude Malhuret (Groupe Les Indépendants - République et Territoires) arrive à un moment crucial pour la paix dans le monde. Hier, le Secrétaire général de l’ONU a mis en garde contre les risques d’escalade.
Il y a un an, l’invasion de Poutine marquait le retour de la guerre en Europe. Le bilan est effroyable : plus de 300 000 victimes tuées ou blessées, des millions de déplacés. Poutine croyait gagner en un éclair, mais, face à la résistance ukrainienne, il a choisi le pire : toujours plus de guerre, de crimes, de destructions, de jeunes russes mobilisés, sans parler du chantage au nucléaire. En riposte, l’Ukraine s’est massivement armée.
La guerre ne s’apaise pas et l’escalade se profile. Le chef d’État-major de l’armée américaine reconnaît que « la victoire n’est pas réalisable par des moyens militaires. » L’admettre, est-ce être indifférent au drame ukrainien et complice de Poutine ? Le Président de la République lui-même a été sommé de rentrer dans le rang des partisans de l’escalade guerrière.
Dénoncer les crimes de Poutine, exiger le respect de la souveraineté ukrainienne, aider ce pays à défendre sa population, c’est indispensable. Mais cela doit aller de pair avec une mobilisation internationale de tous les instants pour asseoir les belligérants à la table des négociations et éviter une guerre généralisée. Abandonner cet objectif, c’est abdiquer devant la perspective d’une guerre longue, chaque jour plus proche d’un basculement imprévisible.
La Russie ne recule devant rien pour envoyer sa jeunesse à la boucherie. Les ventes d’armes des États-Unis ont dépassé les 200 milliards de dollars. Le budget militaire de la Pologne est passé de 9 milliards de dollars en 2015 à 97 milliards de dollars cette année. Les réécritures de l’histoire se propagent, excitant les haines des peuples.
Avons-nous perdu la mémoire ? Nous ne voterons pas cette résolution, qui énonce des principes que nous partageons, mais ne propose qu’un seul chemin : l’escalade guerrière clairement revendiquée par Claude Malhuret et inscrite à l’alinéa 31. Des avions de chasse, demain des missiles ? Cette résolution fait l’impasse sur toute initiative de négociation. C’est un choix, non un oubli.
Cette résolution est une occasion manquée de faire rimer solidarité avec l’Ukraine et mobilisation pour la paix.