Gestion des déchets en outre-mer : urgence !
Par Gérard Lahellec / 1er juin 2023Notre débat témoigne de l’importance de chaque politique publique pour le quotidien des Français. Sur la gestion des déchets en outre-mer, le rapport d’information de la délégation est alarmant : il est urgent d’agir.
Les outre-mer souffrent d’un retard majeur en la matière. L’urgence sanitaire et environnementale nous alerte. Ainsi, le taux d’enfouissement y est de 67 %, contre 15 % au niveau national, et le coût de gestion des déchets ménagers est 1,7 fois plus élevé que dans l’Hexagone. On collecte 14 kg d’emballages ménagers par habitant dans les territoires d’outre-mer, pour 51 kg en moyenne en France. C’est lié à un retard d’équipement.
Dans un contexte de crise sociale à Mayotte et en Guyane, cette inaction est une nouvelle source de mécontentement. Le rapport formule des recommandations pertinentes pour rattraper le retard dans ces deux territoires.
Il n’existe pas de recyclage adapté, ni de filière dédiée - pas d’économie circulaire répondant aux réalités locales. Des gisements de déchets, notamment dans les quartiers informels, avec leurs dépôts sauvages, échappent à la collecte : 45 % des habitants de Mamoudzou n’en bénéficient pas. Une part importante de la population se trouve sans accès à l’eau potable, donc exposée à des pathologies comme la dengue et l’hépatite A.
Le coût environnemental est énorme : les sols pollués empêchent l’épanouissement de la faune et de la flore, alors que les outre-mer abritent 80 % de notre biodiversité.
Les financements sont insuffisants, tels qu’ils ressortent de la loi de finances pour 2023, et les taxes ne sont pas la solution à tout. Il faut accompagner concrètement les élus, la santé des habitants en dépend.
La prévention et la pédagogie sont inexistantes : il faudrait des moyens pour montrer l’importance des petites actions au quotidien. Il faut une vraie gouvernance, avec des pénalités si nécessaire, notamment à l’endroit des éco-organismes.
L’enjeu, ce sont les générations futures : la cote d’alerte est trop souvent dépassée pour certains territoires d’outre-mer. L’égalité républicaine doit devenir une réalité là où on en a le plus besoin.