Il faut entendre le cri d’alarme des élus locaux !
Par Fabien Gay et Éliane Assassi / 26 mai 2023Ces dernières semaines ont été particulièrement rudes pour la démocratie locale. Le maire de Saint-Brevin-les-Pins a annoncé sa démission après plusieurs années de harcèlement et un incendie criminel visant son domicile.
En Seine-Saint-Denis, le maire de Sevran subit depuis plusieurs mois une campagne de harcèlement, et le maire et le premier adjoint de Bobigny ont été victimes, eux aussi, d’incendies criminels ces derniers jours.
Ces tentatives d’intimidation des élu.e.s, pour des raisons différentes, ont une finalité en commun : peser sur l’intérêt général et les décisions publiques en s’attaquant aux représentant.e.s du peuple désignes démocratiquement.
Il est impensable que des milices d’extrême droite, le grand banditisme, ou quiconque qui décide de faire usage de la menace et de la force puissent tenter d’orienter à leur avantage le bien public. C’est le cœur de notre démocratie qui est attaqué.
Un mandat confié par les électrices et les électeurs implique nécessairement d’en rendre compte auprès des administré.e.s, mais la peur de subir des violences ou que des proches la subissent ne doit jamais entrer dans les critères de décision.
Une réponse des plus fermes doit être engagée par l’Etat. Nous demandons à ce que des moyens d’ampleur soient déployés pour les enquêtes de police comme pour la protection des personnes concernées.
Nous pensons également qu’il faut aller plus loin, et répondre avec ambition au phénomène de dégradation des conditions d’exercice de mandat d’un élu local.
La violence de ces actes illustre avec force le climat tendu que subissent les élus ces dernières années. Il est de plus en plus difficile, pour ces femmes et ces hommes qui s’engagent pour le bien public, en plus de leur travail pour la plus grande majorité, de faire ce qui leur tient à coeur. Toutes les intimidations et menaces, doivent être prises au sérieux.
Nous interpellons aussi sur la tension provoquée par la baisse des moyens des collectivités subie depuis plusieurs années. Le décalage entre l’explosion des besoins au niveau local et la réduction des moyens pour y répondre mettent les représentantes et représentants de la république en première ligne de la colère sociale.
Nous ne voulons pas d’une société ou les seul.e.s qui s’engagent sont celles qui n’ont pas peur des milices d’extrême droite ou du grand banditisme. Nous voulons un statut de l’élu local qui donne les meilleures conditions pour garantir cette belle mission. Il est nécessaire d’agir.