Les 1200 euros minimum est une entourloupe !
Par Cathy Apourceau-Poly / 2 mars 2023Le scénario de cette réforme est celui d’un mauvais film. Il commence mal et finira très mal pour le pays. Quant aux acteurs que vous avez recrutés, ils manquent de crédibilité. Ce sont de mauvais amateurs.
C’est votre cas, M. le Président Retailleau, vous qui déclariez, le 23 juillet dernier que « Les Républicains auraient une attitude sans complaisance avec le macronisme, ni dogmatisme ». C’est aussi votre cas, chers collègues de la majorité sénatoriale qui travaillez main dans la main avec le gouvernement pour faire adopter en commission mixte paritaire un texte qu’une majorité écrasante de nos concitoyens refuse.
Après avoir défendu lors des élections présidentielles de 2022 et 2017, l’allongement de l’âge légal de départ en retraite à 65 ans pour toutes et tous, vous vous alignez aujourd’hui sur le pouvoir en défendant l’abaissement de l’âge légal de la retraite à 64 ans et de soi-disant mesures pour les carrières longues.
M. le Ministre, les vrais acteurs, les bons acteurs, sont dans la rue à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales. C’est avec eux qu’il faut réécrire le scénario. Concernant le gouvernement, les cafouillages se sont multipliés ces dernières semaines au point que même le Président de la République s’est pris les pieds dans le tapis au Salon de l’agriculture sur la pension minimale à 1200 euros.
Le 10 janvier dernier lors de la présentation de la réforme des retraites, la Première ministre avait annoncé, je la cite : « les petites retraites auront droit à un relèvement de pension à 1200 euros ». Le gouvernement a utilisé et répété cet argument dans les médias, tentant ainsi de faire passer pour un progrès social ce projet qui est injuste et inutile.
Soyons clairs :
Depuis le début, votre mauvais projet n’est fait que d’approximation et de mensonges. Il ne s’agit pas d’une revalorisation de 1 200 euros mais 1 100 euros nets. Toutes les petites retraites ne seront pas concernées puisque la revalorisation ne concernera que les carrières complètes.
– en réalité même pour les carrières complètes ce ne sera pas 1 100 euros mais une augmentation de 100 euros et encore pas pour tout le monde !
– enfin, M. le Ministre du Travail vous avez été obligé de reconnaitre que cette revalorisation ne concernerait qu’une dizaine de milliers de personne par an, après avoir fait croire qu’elle en concernerait des centaines de milliers.
Au bout du compte il s’agit pour vous de faire travailler les gens 2 ans de plus en étendant à tous la durée de cotisation à 43 annuités pour tous ; en contrepartie vous n’avez rien d’autre à nous proposer que 75 euros en plus par mois pour 10 000 personnes ! Il faut que vous retiriez ce projet, inutile, inefficace et injuste. Par contre, il faut faire une toute autre réforme des retraites. C’est ce que demande l’immense majorité des français
Selon l’économiste, Mickael Zemmour, il suffirait d’augmenter de quelques euros la cotisation patronale pour que les recettes de notre système de retraites retrouvent l’équilibre dans les années à venir. Mais vous préférez taper sur les travailleurs en les faisant travailler davantage malgré la fatigue et la pénibilité de leurs métiers.
Pour vous deux ans supplémentaires ce n’est rien. Mais une majorité de salarié n’est plus en état de travailler à 60 ans. L’augmentation des cadences, le mal être au travail, l’épuisement physique dans beaucoup de professions nécessite de réduire l’âge de départ en retraite et pas de l’augmenter !
Votre réforme, de fait, va priver les salariés de deux années de vie en bonne santé, en retraite, à profiter de leurs petits-enfants, de leurs amis, d’un engagement dans le secteur associatif, culturel ou sportif. Les nantis ne sont pas les bénéficiaires des régimes spéciaux que vous voulez supprimer. Les régimes spéciaux des électriciens et des gaziers, de la RATP, sont le fruit de conquêtes sociales pour mieux prendre en compte la pénibilité des métiers.
Pour nous ce sont des régimes pionniers qu’il faudrait étendre à chaque profession et conventions collectives pour permettre à l’ensemble des travailleurs une meilleure prise en considération de la réalité de leurs conditions de travail. Ceux qui vont payer le plus cher, ce sont les gens modestes, ceux qui ont commencé à travailler tôt ;ceux qui ont des carrières hachées et des petits salaires. Votre projet de réforme est bien un projet de classe, rétrograde !
– C’est le copié- collé du projet du MEDEF, bien silencieux dans cette affaire.
– C’est le copié-collé de la feuille de route que vous propose, chaque année la bureaucratie européenne.
Et c’est pour ça que nous le combattons avec l’ensemble des forces syndicales de notre pays.
Nous proposons un autre projet de réforme des retraites où l’humain prime sur la finance et les intérêts des multinationales.
Contrairement à la majorité sénatoriale et au gouvernement nous assumons de demander aux entreprises de mettre la main à la poche après avoir empochées des milliards d’aides publiques sans contreparties et à dégager des bénéfices records quand les travailleurs se serrent la ceinture.
Nous présenterons nos amendements alternatifs pour montrer que d’autres choix de société sont possibles.
Pour financer notre système de retraite à la hauteur des défis du XXIe siècle, nous proposons de mettre à contribution les revenus financiers du capital, les milliards de dividendes, d’augmenter CSG sur le capital.
Nous proposons de supprimer les dispositifs d’exonérations de cotisations sociales patronales qui amputent le budget de la Sécurité sociale de 75 milliards d’euros sans effets sur l’emploi et qui bénéficient surtout aux plus grandes entreprises. Nous proposons de conditionner les aides publiques à l’absence de délocalisation des emplois, à l’augmentation des salaires et de garantir l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.
De l’argent il en existe si on décide d’aller le chercher et de s’en servir pour mener une réforme des retraites de progrès juste en rétablissant l’âge légal de départ en retraite à 60 ans après 37,5 années , de garantir une pension minimale au niveau du Smic pour une carrière complète et à 85% du Smic pour une carrière incomplète, de calculer les pensions sur les 10 meilleures années.
Nous proposons également d’augmenter les salaires, pour que les salariés puissent faire face à l’inflation et aussi accroitre les ressources du système de retraites.
Nous proposons de mieux prendre en compte la pénibilité en fixant des listes de métiers et de postes ouvrant droits aux dispositifs de départ anticipé ; mais aussi en réformant complètement le compte pénibilité. Combien de salariés du bâtiment, maniant des charges, travaillant au marteau piqueur ; combien de travailleuses de l’agro-alimentaire, travaillant de nuit, dans le froid ; d’ouvrier de fonderies, dans la chaleur, et postés ; d’aides à domicile et j’en passe, se retrouvent sans aucun point après des années de travail, sur leur compte pénibilité ?!!
Nous proposons de mieux prendre en compte la situation des familles monoparentales. Nous proposons de réviser le tableau des maladies professionnelles et de restaurer les CHSCT dans les entreprises. Je m’arrête là, mais la liste des propositions n’est pas exhaustive.
Nous mènerons avec mon groupe une bataille parlementaire contre votre texte et défendrons chacun de nos amendements pour faire des contre-propositions à vos mauvais coups.
L’examen du texte au Sénat ne sera pas un long fleuve tranquille, vous devrez compter sur nous pour vous rappeler que comme 66% des français et des millions de manifestants le 7 mars nous sommes opposés à votre réforme.
Vous devrez compte sur l’ensemble des sénatrices et des sénateurs du groupe Communiste Républicain Citoyen et Ecologiste pour s’opposer avec force et détermination à votre réforme impopulaire et injuste et inefficace. En démocratie, il faut écouter la voix du peuple qui s’exprime avec force.
Le 7 mars avec les syndicats, le 8 mars avec les femmes et le 9 avec les jeunes.