Groupe Communiste, Républicain, Citoyen, Écologiste - Kanaky

Activité des sénateurs

Ouïghoure : nous condamnons les crimes de masse

Par / 31 mai 2023

Je veux commencer par remercier le groupe écologiste pour la proposition de résolution visant à interdire l’importation de produits issus du travail forcé de la population ouïghoure du Xinjiang. A notre tour, nous condamnons les crimes de masse commis à l’encontre de cette population.

Le rapport issu de l’enquête du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU présente des éléments probants : travail forcé, séparation des familles, camps de travail, application brutale et discriminatoire de la politique de contrôle des naissances, jusqu’à la stérilisation forcée…

Il n’utilise cependant pas encore la qualification génocidaire, contrairement à la résolution que nous examinons aujourd’hui. Vous savez nos réserves quant à l’utilisation précipitée de ce terme, davantage motivée chez certains au niveau international par l’instrumentalisation politique que par le respect réel des droits humains et de la justice.
Il n’en reste pas moins que ce rapport suffit à conforter notre claire condamnation de la répression de masse conduite à l’encontre de la population ouïghoure. Nous appelons la Chine à permettre une enquête indépendante sur son territoire au plus vite.

Si ces crimes sont à examiner au niveau de l’ONU, les Etats ne doivent pas pour autant rester silencieux. Cette résolution s’attaque à un volet qui peut être adressé tant au niveau national qu’européen : l’interdiction de produits issus du travail forcé de la population ouïghoure en Chine.
Mes cher·e·s collègues, dans la fraternité humaine et la solidarité, il ne peut y avoir ni tri, ni deux poids, deux mesures.

Notre groupe, comme toujours, condamne toutes les oppressions, violences ou crimes commis contre un peuple ou une minorité : non seulement les exactions commises à l’encontre des populations ouïghoures, mais aussi celles infligées aux Palestiniens par la colonisation israélienne, aux Sarahouis toujours niés par le pouvoir marocain, au peuple cubain qui subit un blocus américain insupportable, aux Rohingyas victimes de persécutions en Birmanie, ou encore en Corée du Nord sous régime dictatorial.
Si nous partageons l’objectif de cette résolution d’interdire l’importation des produits issus du travail forcé, nous ne comprenons donc pas la demande d’une révision du projet de règlement européen visant à réduire son objet au cas des Ouïghours, là où la résolution européenne, sans être parfaite, maintient du moins un champ d’application potentiellement plus large.

De plus, la référence à la résolution américaine promulguée par Biden en 2021, dans la foulée des sanctions de Trump, est problématique. Les décisions états-uniennes s’inscrivent dans une logique de guerre économique bien éloignée des motivations de droits humains – qu’ils ne se privent pas de fouler en bien d’autres occasions partout sur la planète.

La lutte contre le travail forcé ne doit pas connaître de frontières, ni devenir l’instrument à géométrie variable des guerres économiques.

Car le travail forcé n’advient pas uniquement dans les camps du Xinjiang. D’après les chiffres de l’OIT, il concerne 27,6 millions de personnes – hommes, femmes et enfants – sur la planète.
Par ailleurs, trop de populations sont exploitées pour des salaires de misère, qui ne suffisent pas à vivre dignement. 50 millions de personnes sont dans des situations d’esclavage moderne. Aucune région du monde n’est épargnée. L’Asie et le Pacifique comptent plus de la moitié du total mondial, avec 15,1 millions de travailleurs forcés ; et l’Europe et l’Asie centrale ne sont pas en reste, avec près de 4,1 millions. Et 3,8 millions de personnes sont concernées en Afrique.

Depuis 2017, la situation mondiale se dégrade. La pandémie de Covid 19, les conflits armés, le changement climatique, les atteintes graves aux droits humains et exposent les populations aux risques d’exploitation débridée.
Surtout, il ne faut pas oublier que trop de multinationales s’en rendent coupables, attirées par la logique du profit maximal. Elles trouvent leur compte dans les Etats autoritaires et dans le moins disant social et environnemental. Dénonçons dès lors toutes les situations de travail forcé qui font système dans un monde ravagé par l’argent roi, et qui viennent avec nos traités de libre-échange et nos logiques commerciales.
Dénonçons à raison ce qu’il se passe en Chine, mais aussi au Moyen-Orient (singulièrement le Qatar), ou l’enfer des 40 000 enfants travaillant dans les mines de cobalt en République Démocratique du Congo. Interrogeons nos modes de production et de consommation, socialement et écologiquement irresponsables.

Pour lutter efficacement contre le fléau du travail forcé, exigeons des certifications des entreprises sur leurs chaînes d’approvisionnement. Des secteurs sont cités avec insistance dans le rapport de l’OIT : agriculture, mines, industrie manufacturière ou la construction.
Mes chers collègues, nous réaffirmons notre opposition à une évolution restrictive du règlement européen, qui en réduirait la portée potentiellement universelle. Pour cette raison, certains de mes camardes s’abstiendront. Pour ma part, comme pour une majorité de mes collègues, nous voterons pour.

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