« Porno : l’enfer du décor »
Par Laurence Cohen / 2 mars 2023« Porno : l’enfer du décor » : la délégation aux droits des femmes du Sénat et, aujourd’hui, le Sénat tout entier, peuvent être fiers de ce « pavé dans la mare » lancé il y a quelques mois. Il aura notamment permis de mettre à l’agenda du Gouvernement le sujet des pratiques de l’industrie pornographique et de ses violences. Il aura aussi contribué à sensibiliser l’opinion publique à ces violences et à les mettre au cœur du débat public.
De ce point de vue, nous pouvons considérer que notre rapport, pionnier à beaucoup d’égards, est une réussite en soi.Au-delà de cet écho médiatique et populaire, nous attendons aujourd’hui des avancées concrètes suite aux 23 recommandations formulées dans notre rapport.
Je rappelle rapidement les quatre grands axes de ces recommandations :
– premièrement, faire de la lutte contre les violences pornographiques une priorité de politique publique et pénale.
– deuxièmement, faciliter la suppression de contenus pornographiques illicites et l’exercice du droit à l’oubli.
– troisièmement, bloquer l’accès des mineurs aux contenus pornographiques.
À cet égard, nous nous félicitons des récentes annonces du Gouvernement concernant la mise en place, dès le mois de mars, d’un dispositif technique opérationnel de vérification d’âge reposant sur le principe du « double anonymat », tel que celui que nous avions proposé dans notre rapport et que vient de rappeler notre Collègue Alexandra Borchio-Fontimp.
– enfin, quatrième et dernier axe de nos recommandations : l’éducation des jeunes à la sexualité et la sensibilisation des parents, des équipes pédagogiques et des professionnels de santé aux dangers de l’exposition à la pornographie des enfants et adolescents.
Globalement, nous pensons qu’il est nécessaire de mettre en œuvre un plan interministériel de lutte contre les violences pornographiques avec des mesures fortes dans les quatre domaines que je viens de citer.
Pour mettre en oeuvre un tel plan, il faudra bien sûr des moyens importants, adaptés et nouveaux, notamment un renforcement de l’arsenal pénal, des effectifs et des moyens matériels mis à disposition des services enquêteurs et des magistrats amenés à traiter des violences commises dans un contexte de pornographie.
Nous sommes également favorables à l’exploration de toutes les mesures fiscales permettant de taxer l’activité de l’industrie pornographique, marché extrêmement rentable qui génère des milliards d’euros de profits chaque année.
Bref, nous revendiquons, sans détours, un pouvoir de nuisance à l’encontre de cette industrie aussi puissante que néfaste. Unissons nos forces dans ce combat pour que cessent enfin les violences systémiques induites par les pratiques de cette industrie ! C’est l’une des conditions pour bâtir une société d’égalité entre les femmes et les hommes.