Groupe Communiste, Républicain, Citoyen, Écologiste - Kanaky

Dans le département

Quel avenir pour l’Europe ?

Par / 18 mai 2004

Quel projet impulser pour construire l’Europe de demain ?
Débat à Septèmes les Vallons

Après le coup de semonce qui vient d’être infligé à l’actuel Gouvernement, et à moins d’un mois des élections européennes, il est de pleine actualité de mettre en lumière le lien étroit entre la politique régressive menée par le gouvernement Raffarin et les orientations libérales impulsées par l’Union européenne.

A l’heure où de grands choix se jouent pour l’Europe, l’enjeu des échéances électorales à venir est sans doute de poser la question : comment faire une autre politique, une politique plus humaine et plus sociale, comme viennent de l’exiger spectaculairement des millions de citoyens dans les urnes.

Enjeu de ces élections :
 1) D’abord renouveler et amplifier la sanction de la droite française et européenne. Le gouvernement Raffarin III n’a pas entendu les Français, pire il préfère les ignorer pour mieux poursuivre sa politique libérale
 2) proposer une autre Europe, basée sur la solidarité, la démocratie, la participation citoyenne. Il y a une alternative à l’Europe actuelle basée sur les dogmes libéraux. A nous de faire connaître, de faire grandir cette alternative.

Dès le 29 mars, la Commission européenne lançait une mise en garde explicite au nouveau gouvernement français, avant même la nomination de l’équipe Raffarin III : "La France doit poursuivre les réformes !"
Sarkozy, à peine investi au Ministère des Finances et de l’économie, s’empressait d’annoncer le Gel des crédits à hauteur de 7 milliards d’euros, portant pour l’essentiel sur le fonctionnement des administrations, pour répondre aux exigences de la Commission européenne et à celles du Pacte de stabilité budgétaire prévu par le traité de Maastricht, lequel protège la banque Centrale Européenne des demandes populaires jugées incompatibles avec les besoins de rendement financier des grands groupes.
D’autre part, l’Union Européenne qui compte depuis le 1er mai dix nouveaux pays prend une dimension qui effraie bon nombre de concitoyens.
Et d’ici quelques semaines également, le projet de constitution élaboré par la Convention présidée par Giscard devrait revenir sur le devant de la scène, et être adopté par les Chefs d’Etat et de gouvernement, sans doute au Conseil européen des 17 et 18 juin, soit - comme par hasard - quelques jours après les élections européennes.
La question européenne est bien au cœur de l’actualité.

Depuis une dizaine d’années, le terrain européen est devenu à la fois source d’inquiétude légitime, voire de rejet - parce qu’il concentre les attaques contre les acquis sociaux et une dérive anti-démocratique -, mais aussi de contestation forte : les manifestations européennes de cheminots, celles des dockers ou les marches contre le chômage, les contestations et manifestations puissantes lors des conseils européens ou sommets du G8 tenus en Europe (Nice, Barcelone, Gênes&#133) et le succès du 2ème Forum social européen sont là pour nous le rappeler.

Une course de vitesse est lancée entre l’offensive des forces capitalistes et leur agressivité, et le mouvement de contestation du système - pris au sens large - et les aspirations progressistes.
Une course de vitesse, qui peut conduire, en l’absence d’alternative crédible, à la montée des populismes les plus réactionnaires et les plus dangereux. De l’Autriche à la France, du Danemark aux Pays-Bas, les forces d’extrême droite se renforcent en Europe, jusqu’à participer à des coalitions gouvernementales comme en Italie ou en Autriche.
 Construire un projet alternatif à la construction européenne actuelle est donc bien à l’ordre du jour, tant celle-ci hypothèque tout développement harmonieux des sociétés par la mise en concurrence exacerbée des pays et des peuples. Des millions de personnes cherchent plus ou moins confusément les voies vers une autre Europe, à l’image du slogan du FSE.

I LES DÉRIVES DUES A L’EUROPE TELLE QUE CONÇUE ACTUELLEMENT
1°L’élargissement
Depuis le 1er mai, l’Union européenne est passée de 373 à près de 450 millions d’habitants. Mais alors que la perspective d’une communauté de 25, et plus à l’avenir, devrait représenter une chance (stabilité, paix, rapprochement des peuples, opportunités de co-développement, accroissement de l’influence positive sur la scène mondiale), l’élargissement reste conçu dans le même esprit ultra-libéral qui préside aux destinées de l’Union européenne.

Comme l’exprime Francis Wurtz : « ce que les dirigeants européens ont mis en place n’est pas un processus d’unification du continent et de rapprochement des peuples - un grand projet européen souhaitable - ; c’est, à ce stade, l’élargissement&#133 du modèle libéral, dans sa version la plus impitoyable ».

Les conditions de l’adhésion de ces pays conduisent en effet à un élargissement au rabais. Avec les critères de Copenhague, « l’acquis communautaire » est resté le passage obligé pour les pays candidats (avec l’obsession du rationnement des dépenses publiques), alors que le pillage durant la dernière décennie a fragilisé l’économie de ces pays de l’Est et leur a imposé un « coût » social exorbitant lié à une transition brutale vers le marché. Au nom de l’exigence de se montrer capable d’affronter la concurrence du grand marché européen, on a poussé ces pays à privatiser et à précariser à tout va, à libéraliser les échanges. On a fait des bas salaires un avantage comparatif dans la concurrence. On a élargi les marchés sans élargir les droits. Et même une fois membres de l’Union, les dix nouveaux pays vont continuer de subir des discriminations intolérables, concernant par exemple les aides agricoles : il leur faudra attendre 2013 pour atteindre un même niveau d’aide que les agriculteurs de l’Union européenne actuelle.

2°Les aides
Autre signe d’une dérive de la construction européenne vers toujours moins de solidarité : la tentation de certains pays de faire resurgir les vieilles lunes du noyau dur.
Ainsi, suite à l’échec du sommet européen de décembre dernier qui avait gelé le projet de Constitution, les pays les plus riches avaient agité la menace d’une restriction des fonds destinés aux moins développés ; ils avaient ainsi demandé expressément à la Commission européenne que le prochain cadre budgétaire de l’Union, période 2007-2013 ne dépasse pas 1% du PIB ; soit la remise en cause dans les faits du montant des fonds structurels destinés précisément au développement des régions et des pays les plus en difficulté. Une telle évolution, en liquidant l’idée de solidarité entre pays membres, sonnerait le glas de toute communauté au profit du rêve des plus libéraux, une simple zone de libre-échange.

La solidarité financière est ainsi refusée aux nouveaux pays membres. Or, la mise en concurrence des peuples à 25 pays va provoquer des conséquences sociales mais aussi économiques encore plus graves que dans une Europe à 15.

3°L’absence de concertation
Le débat autour de l’élargissement s’est mené sans les citoyens, des deux côtés.
Beaucoup parmi ces peuples espèrent que leur entrée dans l’UE alignera par le haut leurs droits sociaux et démocratiques. Loin de fermer la porte de l’Union à ces pays et ces peuples, l’alternative n’est pas dans le statu quo, mais dans les luttes convergentes ou conjointes pour des changements profonds de la construction européenne, contre l’obsession de la « baisse du coût du travail », qui pousse à la mise en concurrence, au dumping social et aux délocalisations.

C’est d’autant plus urgent qu’avec le projet de constitution européenne, les dirigeants actuels de l’Union souhaitent entériner pour longtemps cette orientation. Pour la Convention chargée d’élaborer un nouveau traité, voire une « Constitution » européenne, la même pratique de non-consultation des citoyens sur les enjeux a prévalu jusqu’à ces derniers jours.

Sous l’égide de Giscard, un projet de constitution européenne a été établi. Depuis « l’échec » au Conseil européen fin 2003, il était gelé. Il convient de se rappeler que les désaccords entre les 25 gouvernements de l’Europe élargie ne portaient pas sur la concurrence ou sur ses conséquences contre les services publics, la santé, l’école, la culture, tous relégués au rang de simples marchandises mais sur la répartition du pouvoir, laquelle a posé davantage problème&#133notamment à l’Espagne et à la Pologne qui estimaient que l’équilibre trouvé à Nice fin 2000 leur accordant un pouvoir assez proche des dits grands pays ne devait pas être remis en cause.
Giscard a qualifié cette constitution de « loi fondamentale » destinée à durer « 30 à 50 ans ». Or le projet ne traite pas seulement de la réforme du système institutionnel, c’est tout le paquet de Maastricht qui est ainsi en passe d’être constitutionnalisé. Dès l’article 3, l’UE « offre à ces citoyens un marché unique où la concurrence est libre et non faussée ». L’obsession de la concurrence et la tendance à marchandiser toutes les dimensions de la vie sociale sont au cœur de ce modèle de société qui serait préétabli pour une ou deux générations.
Ce projet est profondément anti-démocratique. La politique se décide normalement souverainement par les peuples lors des scrutins électoraux.

Avec l’annonce, il y a 3 semaines, d’un futur référendum en Grande-Bretagne, la question revient à l’ordre du jour.
 Il faut exiger que le peuple français puisse se prononcer lui-même sur ce texte qui engage son avenir. Il faut y contraindre le Président de la République. Mais sans attendre une consultation de ce type (qui n’aurait pas lieu avant 2005 ou 2006), il nous faut profiter de la campagne électorale pour éclairer les enjeux de cette constitution, et faire du vote pour nos listes un rejet clair et net.

Il est temps de reconnaître le décalage énorme entre les attentes des citoyens européens et les règles de l’Europe actuelle. On nous avait promis la croissance grâce à l’euro, mais tout le monde constate aujourd’hui que l’économie européenne est dépendante du dollar et que la guerre économique joue contre l’emploi.
Le bilan est sans appel : conséquences de l’application du traité de Maastricht : des déréglementations tous azimuts, des délocalisations à tout va, des libéralisations imposées à l’ensemble des services publics (encore tolérés comme simple dérogation à la concurrence).

4°Bilan
 Après quatre années du processus dit de « Lisbonne » dont l’ambition proclamée était de réaliser d’ici 2010 le « plein emploi » et de faire d’ici là de l’Union « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde », la Commission européenne elle-même établit que pour la première fois depuis dix ans, la zone euro a enregistré un recul de l’emploi, perdant environ 200.000 emplois en termes nets en 2003 et « le taux de chômage devrait continuer de croître légèrement en 2004 ». Sans parler de la précarisation de plus en plus banalisée de ces emplois.

 Volonté de ne pas remettre en cause l’orientation libérale. Affirmation de vouloir préserver la logique du pacte sensée rassurer les marchés financiers. Aucune remise en cause donc du culte de la stabilité des prix et du rationnement des dépenses publiques, et encore moins de l’institution phare dont le pacte n’est finalement que la garde rapprochée, la Banque centrale européenne. Finalement, le seul changement obtenu alors était une marge de manœuvre supplémentaire pour le gouvernement français afin de poursuivre sa politique de cadeaux fiscaux aux entreprises et aux ménages les plus aisés.

II QUEL PROJET IMPULSER POUR CONSTRUIRE L’EUROPE DE DEMAIN ?
A l’inverse, d’autres ambitions sont possibles. L’Europe peut être une Europe démocratique, une Europe sociale, une Europe de Paix et de Coopération, une Europe des femmes et des hommes libres et égaux en droits.

1°Europe démocratique
Manque de clarté et de lisibilité des institutions européennes. L’Union européenne a été construite dès le départ par les états, sans réels débats démocratiques. A minima l’Europe s’est construite sans les citoyennes et les citoyens, a maxima elle s’est construite contre elles et contre eux.

L’élargissement met à jour des difficultés longtemps occultées sur les lieux et les processus de décision dans l’Union. L’Europe est aux prises avec une crise majeure de gouvernance.

Conflits d’intérêts entre pays membres, approches institutionnelles souverainistes (les décisions en dernier ressort pour le Conseil des chefs d’Etat) ou fédéralistes (plus de pouvoir à la commission européenne et au Parlement de Strasbourg), conflits sociaux remettant en cause les fondements même des politiques communautaires, crise économique : L’Europe est en plein chaos.

D’ailleurs, la convention animée par Giscard d’Estaing a peiné à trouver un compromis sur les futures institutions. L’accord se fait a minima. Il porte en lui l’inégalité de traitement entre petits et grands pays. Il élargit les possibilités de vote majoritaire sur les questions agricoles et culturelles qui, nous le savons bien, sont des dossiers cruciaux dans les négociations de l’OMC sur lesquels les Etats-Unis ont la volonté de faire plier les européens au vu du poids économique, stratégique et idéologique qu’ils représentent.

Le projet actuel de Constitution risque de pousser nombre d’antilibéraux à devenir anti-européens, et le repli amer et sans espoir peut conduire au pire. L’enjeu est donc considérable ! !

 Il faut un nouveau traité qui fixe les compétences et le rôle de chacune des institutions de l’Union et principalement le Conseil, la Commission et le Parlement afin que les citoyennes et les citoyens de l’Union sachent réellement où se prennent les décisions et quels sont leurs droits et capacités d’intervention.

Francis WURTZ parle de « promouvoir une authentique démocratie participative européenne ». Plusieurs propositions peuvent être mises en avant : l’idée de revalorisation du rôle des parlements nationaux, des comités d’entreprises européens, ou l’idée de créer un forum citoyen institutionnalisé qui serait associé à l’élaboration des orientations et des lois européennes et contrôlerait leur mise en œuvre.

 L’élaboration de ce nouveau traité devrait faire l’objet d’un large débat démocratique, dans l’ensemble de l’Union, à partir d’options clairement définies. Ce débat devrait permettre de solliciter les élus nationaux et européens, les syndicats, les associations, les citoyens.
Car nous ne pouvons pas accepter une « Constitution » qui réaffirme dans ses principes que la concurrence est un principe incontestable, qui fige la construction sur des bases économiques libérales et ne met pas en cause le principe même de concurrence, ni ne met en cause l’indépendance de la BCE, et continue de mettre l’Europe sociale dans une dépendance aux choix économiques libéraux
L’Union européenne continue de se construire par le haut sans prendre en compte les aspirations des peuples à vivre dans un espace à haute tenue de protection sociale, de droits pour les salariés et les citoyens.

 Nous devons proposer une réorientation fondamentale de l’Europe sur des bases totalement inexplorées. Un grand absent dans le projet de la commission de Giscard d’Estaing : le peuple. A la demande des députés du groupe GUE-NGL, une concession de dernière minute a permis l’inscription du droit de pétition auprès de la commission européenne. C’est un premier pas, qui doit servir de levier pour faire entendre les revendications des Européennes et des Européens sur tous les sujets.

2°Une Europe sociale et solidaire
L’Europe sociale a toujours été le parent pauvre de la construction européenne. La reconnaissance tardive de réelles compétences communautaires en matière sociale vient, entre autres, du fait du primat de la construction économique sur la construction sociale. L’harmonisation sociale au plan européen s’est souvent faite a minima.
Le « modèle social » européen reste sous l’emprise du marché. Fragmenté, insuffisant, il ne compense pas les assauts du marché unique contre le droit social national.

 Volonté de construire une Europe sociale qui s’inspire des droits nationaux les plus avantageux, d’un « mieux disant social ». L’adhésion de nos concitoyennes et de nos concitoyens à une autre Europe viendra si nous savons, avec d’autres en Europe, porter cette revendication. Pour l’instant, l’Europe est associée à la régression sociale. De plus, aucune nouvelle décision à caractère économique ou sociale ne devrait être prise sans une étude d’impact social sur chacun des pays de l’Union. La revendication d’un salaire minimum dans tous les Etats, la réduction du temps de travail au plan européen, la protection du salarié licencié, la mise en place d’un dispositif de Sécurité emploi formation au plan européen doivent être des priorités dans nos propositions pour une Europe Sociale.

Le service public colonne vertébrale de l’Europe sociale.
L’Union européenne emploie la notion de Services d’Intérêt Général. Jusqu’alors les services publics ont toujours été considérés comme une exception aux règles « normales » de concurrence, faisant l’objet d’attaques de l’Europe et de l’Organisation Mondiale du Commerce. Depuis 1996 ils sont ouverts à la concurrence et à Lisbonne en 2000 les Quinze ont décidé d’accélérer le processus de "libéralisation". Les actuelles négociations sur l’AGCS (Accord général sur le commerce et les services), dont sont écartés le parlement européen, les parlements nationaux, sont très dangereuses.

L’annonce faite le 13 mai dernier par la Commission Européenne d’admettre officiellement le fait que « les services publics font partie intégrante du modèle européen de société » est peut-être un pas en avant. Cette reconnaissance devrait permettre de mettre les services publics à l’abri des rigueurs de la politique de concurrence communautaire et de pérenniser leur financement par les Etats. Avec l’adoption de ce « livre blanc » la Commission européenne prend position pour la première fois sur ce que doit être un statut des services d’intérêt général au niveau européen.
Encore faut-il, c’est pour cela que la vigilance s’impose, que cette annonce soit suivie d’effet.

De par son histoire et le poids des forces progressistes dans les pays d’Europe, à des degrés divers, les services publics et les entreprises publiques ont permis le développement de ces pays. Ils ont aussi construit un espace d’égalité et de solidarité entre les hommes et les femmes, et les territoires.
La priorité de la politique monétaire et de la BCE devrait être la promotion des capacités humaines, et donc, d’abord, la sécurisation de l’emploi et de la formation pour toutes et pour tous. Leur tâche serait dès lors d’affirmer la responsabilité politique face aux marchés et aux grands groupes. Avec une politique sélective du crédit, très favorable aux investissements qui servent l’emploi et la formation, mais très dissuasive vis-à-vis de ceux qui les contrecarrent.

 Une politique de défense et de promotion des services publics aussi, qui les soustraie à la loi de la concurrence, ainsi que des droits nouveaux pour les salariés.
Le service public ne doit pas ensuite être tenu pour une exception à la loi du marché, mais comme un pilier central d’une société démocratique.

 Proposition de création d’un Haut Conseil des Services d’Intérêt Généraux à l’échelle de l’Union réunissant élus, syndicats, associations d’usagers, représentants des Etats, afin d’évaluer régulièrement les SIG.
L’Euro, la Banque Centrale Européenne au service de l’emploi, de la Formation et de la coopération.
Totalement indépendante du Conseil, de la Commission et du Parlement européen et, bien entendu, des Etats membres, elle a en charge la politique monétaire de la zone euro. Actuellement violemment et justement critiquée pour le montant de ses taux d’intérêt et pour sa position de rempart contre toute remise en cause du pacte de stabilité. Elle est censée lutter contre l’inflation qui n’est pas, loin s’en faut, la première préoccupation en Europe au contraire du chômage, des bas salaires, de la précarité liés à la récession économique, de la diminution des budgets sociaux. Face à l’agressivité économique des Etats-Unis, nous ne voulons pas d’une course à la « compétitivité » qui accentuerait la concurrence entre les salariés et qui se ferait au détriment des droits de ces derniers. L’Europe dans cette compétition est mal placée. Elle subit à la fois la domination de la rentabilité financière, celle du dollar et les blocages de la politique monétaire et économique pour protéger sa rentabilité.

 Il faut une réorientation totale de la politique économique et monétaire de l’Europe pour la sortir de la logique contraignante du pacte de stabilité, afin qu’elle ait d’abord à cœur la défense de l’emploi, des salaires et de la formation.

Pour une agriculture durable et solidaire
La Politique Agricole commune est l’un des dossiers les plus brûlants de l’Union européenne. La politique agricole représente actuellement 47% du budget de l’Union. L’Europe, contrairement à ce qu’elle fait aujourd’hui, a un rôle essentiel à jouer pour définir les contours d’une politique de développement durable et solidaire aidant les paysans à vivre de leur travail en répondant aux nouveaux défis sociaux et environnementaux. La manière dont sont menées les négociations à l’OMC, le projet de réforme de la PAC qui vise au découplage total du soutien à l’agriculture avec les productions est catastrophique. (évoquer le RDV de l’après-midi si besoin )
Le résultat depuis la création de l’Union, ce sont des milliers d’exploitations familiales qui ont disparu. Ce triste destin ne doit pas être celui des exploitants des pays de l’élargissement, où l’agriculture pèse lourd. C’est aussi l’accélération de la concentration des exploitations et, de ce fait, des conséquences néfastes pour l’environnement. C’est une pression sur les agriculteurs pour les prix les plus bas et, pour les consommateurs, les plus hauts. Des exploitations qui ferment, ce sont des drames humains, mais aussi, des territoires qui meurent. Il faut repenser la politique agricole commune surtout à l’heure de l’élargissement mais sur des bases totalement différentes de celle proposées par les libéraux. Les productions agricoles, la nourriture du monde ne doivent pas être dans les mains de quelques grands groupes capitalistes. L’accord passé hier sur la PAC est loin de rassurer le monde paysan. Il semble qu’il soit un pas supplémentaire vers la concentration et le choix d’une agriculture de type capitaliste désormais assumée.

Une Europe de Paix et de Coopération
Une Europe élargie et fraternelle
C’est certainement le pari le plus important pour l’union européenne en 2004.

Les nouveaux arrivants ont dû subir, pour entrer dans l’Union, un véritable examen de passage. Il leur a été demandé, dans un temps record, de répondre à des critères totalement inadaptés pour des pays qui, il y a dix ans, avaient encore une économie étatisée. On est plus près de l’absorption que de l’adhésion. Les peuples de ces 10 pays espèrent que leur entrée dans l’Union alignera par le haut leurs droits sociaux et démocratiques. Nous devons porter avec eux ces revendications. L’Europe a pris la question de l’élargissement à l’envers. Une intégration capitaliste accentue la concurrence entre les peuples et favorise la montée du populisme et de la xénophobie en Europe. Comme le dit fort justement Francis Wurtz : « En s’élargissant l’Union européenne doit changer elle-même ». Ne nions pas les craintes qui s’expriment mais sachons dire clairement que ce n’est pas le principe de l’élargissement qu’il faut combattre mais la manière dont il a été mené et voulu. Nous avons à renforcer nos liens de solidarité avec les peuples d’Europe centrale et du sud parce qu’ils ont aussi des droits à gagner.

Une politique européenne défense au service de la Paix
La politique hégémonique et belliciste américaine plaide pourtant pour que l’Europe parle d’une voix forte face à la politique des Etats-Unis. La position de la France et de l’Allemagne sur la guerre en Irak a relancé le débat sur une politique étrangère voire d’une coopération militaire européenne. La guerre « préventive » est le stade ultime de la globalisation capitaliste. Si des actions communes de l’Europe en matière de politique étrangère doivent exister, elles peuvent exister aussi en matière de défense mais elles ne doivent se faire que dans le cadre d’une mission confiée par l’ONU. Les récents conflits plaident pour une reprise de la politique de désarmement. Nous ne pouvons ni ne devons nous satisfaire de ce monde où les Etats-Unis se sentent investis d’une mission universelle. Les pays en voie de développement veulent sortir de ce tête à tête avec les Etats-Unis qui les rend plus dépendants jour après jour.

Des millions d’Européens ont aussi le désir que l’Europe joue un rôle actif et positif dans le monde.
L’Union européenne est désormais à la croisée des chemins : ou elle se réfugie derrière une politique étrangère commune suiviste ou vassale de la stratégie américaine ou elle fait le choix d’une politique indépendante, pour contrer les lourds dangers de l’impérialisme et de l’unilatéralisme américain. L’enlisement en Irak, mais aussi l’extension du terrorisme meurtrier jusqu’en Europe, en Espagne douloureusement, en Turquie aussi à l’automne dernier, témoignent si besoin était de l’urgence d’en finir avec la logique de la force telle que l’impose l’administration Bush pour assurer sa domination, au détriment des droits peuples.

Les appels très divers à rendre leur souveraineté aux Irakiens avec l’aide de l’ONU montrent par exemple que les plans américains ne sont pas si simples à appliquer. Il en faudra cependant beaucoup plus pour que l’Europe décide d’une politique étrangère commune, et surtout radicalement porteuse de nouveau.
Or l’Europe n’existera comme acteur incontournable que lorsqu’elle aura la volonté d’utiliser son poids économique, son influence politique, de nouer des partenariats forts notamment avec le Sud, pour faire émerger d’autres règles, pour une mondialisation plus solidaire, plus démocratique et pour un monde de paix et de prévention des conflits. Elle en a les moyens, elle qui possède des relations structurées avec la plus grande partie des régions du globe.

Dans le même temps, l’harmonisation des politiques migratoires à l’échelle de l’Europe procède essentiellement d’une démarche négative qui cherche à généraliser les législations les plus sécuritaires et répressives. Les nouvelles formes de migrations que veulent imposer les pays développés ne sont que le reflet d’un monde divisé, inégal, en fonction des besoins économiques et du marché du travail. L’Europe doit porter les revendications des droits pour les étrangers vivant dans l’Union droit d’asile renforcé et non pas rogné, droit de vote et d’éligibilité...

Dernier exemple des initiatives européennes possibles : la Méditerranée. Alors que le futur élargissement de l’Union inquiète nos voisins du Sud qui se sentent délaissés, l’objectif actuel de l’Union est l’intégration pure et simple de ces pays au grand marché européen, derrière l’ambition affirmée de partenariat.

Pour les populations du Sud, c’est la paupérisation à grande vitesse ; pour les salariés européens, c’est l’extension et l’accentuation du dumping social. La politique - bientôt commune - d’immigration et d’asile se résume ainsi à trois axes : combattre « l’immigration illégale », assurer le retour des migrants clandestins, développer une migration légale au bénéfice des seuls intérêts économiques européens. En résumé, la liberté de circulation pour les marchandises et les capitaux, mais pas pour les personnes, c’est non seulement inhumain, mais totalement illusoire, cynique, et porte de plus le danger de renforcer le repli et la xénophobie.
Pourtant, les liens historiques et l’imbrication même des sociétés dans cette région du monde - nous le vivons dans nos villes - sont un atout formidable pour inverser la logique. Si l’UE veut répondre aux attentes que beaucoup de peuples continuent de placer en elle et opposer aux Etats-Unis une autre conception du monde, tout appelle à tisser de nouveaux liens avec nos voisins méditerranéens. Sinon, la stigmatisation et l’humiliation quasi-permanentes dont le monde arabo-musulman est l’objet, ajoutées aux inégalités, ne peuvent qu’alimenter l’intégrisme religieux ou l’utilisation du terrorisme par des groupes toujours plus dangereux. Cette attitude serait sans doute une réponse bien plus efficace au danger renforcé du terrorisme, plutôt que de faire franchir toujours plus de seuils à « l’Europe forteresse », par une dérive strictement policière et sécuritaire, sans mesures qui s’attaquent aux racines du terrorisme.

Un mot pour finir. L’élection européenne aura lieu le 13 juin 2004, à un seul tour.
Le nombre de députés européens élus en France passe de 87 à 78. S’ajoute à cela le nouveau mode de scrutin : au lieu d’une liste nationale, le territoire a été divisé en 8 grandes circonscriptions, avec un nombre de sièges à pourvoir par circonscription entre 3 et 14. Dans chacune des circonscriptions, les sièges seront répartis à la proportionnelle à la plus forte moyenne entre les listes, parmi celles ayant atteint au moins 5% des suffrages exprimés. Outre que l’argument de la proximité ne tient pas, quand on sait que certaines super-régions comptent jusqu’à 20 départements, cette réforme vise, dans le même esprit que les régionales, à structurer la droite coalisée et le PS comme les pôles de la vie politique française dans sa dimension européenne. Elle a pour objectif de conforter une tendance lourde déjà à l’œuvre dans les institutions européennes. Ce sont en effet ces deux courants politiques qui co-gèrent déjà les orientations actuelles de l’Union européenne au sein de la Commission de Bruxelles. Les mêmes s’efforcent au Parlement européen d’imposer une sorte de consensus sur les mêmes bases. La réforme du mode de scrutin répond donc à un objectif politique essentiel : la marginalisation des courants progressistes anti-libéraux.

Quelques mots encore sur la naissance, il y a 15 jours, d’une nouvelle force progressiste européenne. L’idée de créer une formation politique européenne chemine depuis 1998 entre divers partenaires, qui, pour certains, travaillent déjà depuis longtemps ensemble. Mais, c’est récemment, que différents partis d’Europe ont concrètement ouvert le chantier. Ainsi, en janvier 2004, 11 formations ont lancé à Berlin un appel intitulé « Ensemble pour une Europe différente : démocratique, sociale, écologique, féministe, pacifique. » L’idée étant de se doter d’une formation utile pour démultiplier l’action visant à peser sur le cours des choses en Europe et dans le monde. Jamais le besoin d’une coopération entre forces de transformation sociale à l’échelle de l’Europe ne s’était fait ressentir aussi intensément qu’aujourd’hui face à l’offensive de démantèlement des acquis sociaux coordonnés par les Gouvernements. Mais surtout, la demande d’alternatives de la part de citoyens européens est devenue incontournable. Faire converger un front antilibéral pour qu’émerge une alternative politique à l’actuelle construction européenne est urgent !

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