Monsieur le directeur général,

Des élus de mon département ont appelé mon attention sur le projet de vente par votre groupe de sa filiale, la SAS LESCOT située à Vaires-sur-Marne, à la société MOTUL. Cette reprise soulève de nombreuses inquiétudes quant au devenir des 71 salariés de cette entreprise au-delà des deux ans prévus par la loi.

Les salariés de cette filiale de TOTAL ont un attachement important à votre groupe et restent inquiets sur l’avenir de leurs emplois comme de leur outil de travail. Ils ne méconnaissent pas les réelles difficultés de leur voisin MOTUL en terme de locaux tant pour le stockage qu’en ce qui concerne son développement d’activité. Récupérer 37 000 mètres carrés de surface est une opportunité exceptionnelle pour cette entreprise, mais cela renforce d’autant les inquiétudes des salariés de LESCOT sur ses réels objectifs et sa stratégie de reprise.

Il serait reproché un manque d’indépendance de cette filiale avec le groupe TOTAL. Or, lorsque la société LESCOT a créé une gamme de produits répondant aux normes écologiques et labellisé NF – Environnement, TOTAL lui a demandé de la sortir sous son nom pour des raisons évidentes d’image. Comment, dans ces conditions, lui reprocher une dépendance quilui a été de fait imposée et que l’entreprise accepte par ailleurs sans problème, faisant partie intégrante de votre groupe ?

Certes, la création d’une gamme de produits d’entretien à la marque MOTUL a été annoncée au comité d’entreprise afin de permettre à LESCOT de développer son chiffre d’affaires. Or, le constat réalisé sur le marché des produits d’entretien (source Nielsen) fait état depuis 2007 d’une baisse en volume de 5%. Or, pour développer ses ventes et diversifier ses réseaux, les produits LESCOT devront être identifiés sous une marque indépendante de TOTAL, MOTUL ou ELF, afin d’être distribuables dans toutes les enseignes et stations services.

Comment, sur un marché de produits d’entretien en baisse et déjà pourvu en marques (Autopratik, Abel, Holts…), la société LESCOT pourrait développer en si peu de temps une gamme de produits d’entretien avec une marque inconnue du grand public ?

Autre source d’inquiétude liée au repreneur : MOTUL réalise 70% de son chiffre à l’export, notamment en Afrique, au Moyen Orient, en Amérique du Sud et en Europe de l’Est.

Sachant que pour ces pays, le pouvoir d’achat des consommateurs est l’un des plus faibles, que les matières premières des produits d’entretien de LESCOT sont majoritairement achetées dans l’UE, comment pourraient-ils être compétitifs sur ces marchés où la présence de produits d’entretien automobile n’est pas une priorité ?

Les chiffres qui ont été présentés dans le plan de développement de MOTUL confirment le pronostic alarmant :

· insuffisance d’activité et en conséquence mise en perte de l’entreprise,

· forte menace sur une grande partie des emplois du site dès la fin de
l’année 2012.

Dans une lettre ouverte datée du 23 juin dernier, le Comité d’entreprise de LESCOT vous a adressé une demande, partagée par la majorité du personnel de LESCOT, qui permettrait d’assurer un avenir à l’entreprise.

Celle-ci consiste à suspendre la vente envisagée à la société MOTUL, de
rechercher un partenaire professionnel dans le domaine des produitsd’entretien automobile ou, à tout le moins, reconsidérer les conditions contractuelles envisagées entre LESCOT et TOTAL. Ils estiment en effet que seul le maintien de la possibilité pour LESCOT de commercialiser ses produits sous la marque TOTAL pourrait permettre à l’entreprise de se donner le temps de se diversifier sans abandonner à court terme ses principales ressources.

Estimant ces demandes raisonnables, légitimes et relevant de l’intérêt général de ce territoire déjà fortement impacté par la désindustrialisation, je souhaite apporter mon soutien à ces revendications.

En espérant que vous prendrez en compte ces demandes, je vous prie de croire, Monsieur le directeur général, à l’assurance de ma considération distinguée.

Réponse du groupe