Affaires économiques
Avant d’être débattu et voté en séance publique, chaque projet ou proposition de loi est examiné par l’une des sept commissions permanentes du Sénat : lois, finances, affaires économiques, affaires étrangères et Défense, affaires culturelles, affaires sociales, aménagement du territoire et du développement durable. Classées par commissions, retrouvez ici les interventions générales et les explications de vote des sénateurs CRC.
Souveraineté économique : passons à l’offensive
Par Fabien Gay / 28 mai 2024Notre stratégie est uniquement défensive, centrée sur quelques secteurs stratégiques. Il y a aussi quelques rares décisions politiques, il faut l’admettre, comme le refus de vendre Carrefour au géant canadien Couche-Tard.
Naïveté, passivité ou complicité ? Le manque de masques lors de la crise du covid a mis la lumière notre perte de souveraineté ; nous étions incapables de répondre aux besoins des peuples.
Depuis plus de cinquante ans, notre pays a connu plusieurs vagues de désindustrialisation : 2 millions d’emplois industriels ont été supprimés, des savoir-faire détruits, des régions sinistrées. Et nous avons bradé notre outil industriel à des puissances industrielles étrangères - Technip, Nokia, les chantiers de l’Atlantique, j’en passe...
Macron essaie de nous faire oublier qu’il était déjà aux affaires, et qu’il est donc coresponsable des désastres économiques et industriels depuis plus de dix ans. Le pire cas est celui de General Electric, qui a préféré payer 50 millions d’euros de pénalités plutôt que de créer les emplois promis. Désormais, il rapatrie les brevets aux États-Unis et on laisse EDF se débattre pour récupérer les turbines Arabelle.
Depuis des années, notre groupe plaide en faveur du renforcement du contrôle des investissements étrangers, mais surtout du respect des engagements pris.
Ainsi que le souligne le rapport de la mission d’information sur Atos - fleuron français du numérique, en grande difficulté -, la France a certes renforcé le contrôle des investissements étrangers, mais il reste à faire. Nos administrations centrales n’ont toujours pas les moyens de contrôle suffisants du suivi du respect des conditions posées au moment de l’autorisation. Ce suivi n’est ni systématique ni centralisé.
Mais il faut aussi une stratégie offensive, pour reprendre en main la chaîne de valeur de chaque secteur. La question de la souveraineté numérique est cruciale : nous nous félicitons de l’implantation de data centers, mais cette activité est gourmande en énergie et avare en emplois. Et alors que l’on implante des gigafactories de batteries électriques, Stellantis et Renault liquident leurs sous-traitants - MA France à Aulnay-sous-Bois ou Impériales Wheels à Châteauroux qui va fermer le 20 juin, alors que le dernier repreneur a pris 45 millions d’euros d’aides d’État... Et que fait le Gouvernement ? Il reste les bras ballants ou sermonne les ouvriers.
Pour une véritable intelligence économique, il ne faut pas se contenter d’une politique de l’offre en priant pour que les grands groupes créent de l’emploi. Il faut également conditionner les aides publiques à des garanties sociales et environnementales, demander leur remboursement lorsque les emplois sont détruits et surtout responsabiliser les donneurs d’ordres pour éviter les délocalisations. Monsieur le ministre, y êtes-vous prêt ?
Il faut une politique générale qui concerne tous les secteurs. Comment comprendre que le PSG soit aux mains des Qataris, qui abritent chez eux le chef du Hamas ? Vous avez même envisagé de leur vendre notre patrimoine commun, le Stade de France !
N’oublions pas que même nos amis allemands ont tout fait pour affaiblir notre filière nucléaire et notre industrie.
La réindustrialisation doit concerner toute la chaîne de valeurs. Les gigafactories, c’est très bien, mais on laisse des entreprises dont l’État est parfois actionnaire - Stellantis, Renault - liquider la sous-traitance. Le pays sera-t-il plus fort sans détenir l’ensemble de la chaîne de valeur ?
Pour l’entreprise MA France à Aulnay-sous-Bois : la seule chose que vous faites c’est de sermonner les syndicats. Une semaine après, l’entreprise est en liquidation. Vous donnez toujours raison au patronat, jamais aux salariés, et c’est scandaleux alors que la désindustrialisation continue sur l’ensemble du territoire.