Europe : la dérive belliciste
Débat sur la nouvelle commission, quelle politique européenne et quelle influence pour la France -
13 novembre 2024Alors que 100 millions d’Européens ont faim et ont du mal à se loger et se chauffer, Ursula von der Leyen a décidé que l’Union européenne, pour la première fois de son histoire, n’aurait plus de commissaire à l’emploi et aux affaires sociales
Celui-ci est remplacé par un commissaire chargé de l’état de préparation et de la gestion de crise. On passe d’une logique de prise en charge collective à une logique individuelle de responsabilité personnelle dans le rapport au travail.
La création d’un commissaire à la défense est inédite.
Les défenseurs de la construction européenne évoquent toujours l’Europe sociale et l’Europe de paix. Mais le volet social se dégrade, et la défense s’est substituée à la paix. La nomination d’Andrius Kubilius en tant que commissaire à la défense lève les masques : l’Union européenne se prépare à faire la guerre, tout en restant subordonnée à l’Otan.
Elle a intensifié son soutien à l’Ukraine, mais pour quel résultat ? Alors qu’aucune perspective de paix ne se profile, toutes les lignes rouges de précaution se diluent ; ainsi de l’autorisation d’utiliser notre équipement militaire contre des cibles en Russie. La perte de maîtrise de ce conflit risque d’aboutir à une Troisième Guerre mondiale.
Cette dérive belliciste ne se limite pas aux frontières de l’Union européenne.
Au Proche-Orient, sous prétexte de l’attachement de l’Union à la sécurité d’Israël, le Conseil européen souhaite poursuivre l’accord commercial avec ce pays, ce qui équivaut à cautionner les crimes de masse et en série du gouvernement Netanyahu.
Sous la pression des États-Unis, l’Union européenne détériore ses relations commerciales avec la Chine en usant de la rhétorique de l’indépendance de Taïwan. Au Parlement européen, le récent débat sur la mauvaise interprétation de la résolution 2758 des Nations unies met en cause le principe d’une seule Chine.
Plutôt que d’agir dans le sillage de la communauté internationale en choisissant la coopération et la diplomatie, le bloc des Vingt-sept continue sa dérive belliciste en multipliant ses visites et ses exercices en mer de Chine méridionale. Les peuples européens, voilà les grands perdants !
Ursula von der Leyen a estimé que les États membres devront investir plus de 500 milliards d’euros dans la défense dans les années à venir. Si la force des armes est inévitable dans le monde actuel, le surarmement n’a jamais conduit à autre chose qu’à l’abîme.
Les remèdes au déclassement proposés par la nouvelle Commission européenne sont loin de nous convaincre !
Les règles budgétaires du programme de stabilité (PStab) nous conduisent à des contraintes austéritaires contre nos services publics, alors que les crédits en faveur de la défense augmentent.
Le commissaire à la défense propose d’aligner notre plan de production industrielle sur les exigences de l’Otan.
Pour que l’Union échappe au déclassement, nous devons remettre en cause le concept de sécurité fondé uniquement sur les dépenses d’armement ou de défense. Cessons d’ignorer que les insécurités alimentaires, énergétiques, climatiques et que l’absence de partage de gouvernance politique sont au coeur de tous les conflits. Notre pays devrait contribuer à ce réveil.