Affaires sociales
Avant d’être débattu et voté en séance publique, chaque projet ou proposition de loi est examiné par l’une des sept commissions permanentes du Sénat : lois, finances, affaires économiques, affaires étrangères et Défense, affaires culturelles, affaires sociales, aménagement du territoire et du développement durable. Classées par commissions, retrouvez ici les interventions générales et les explications de vote des sénateurs CRC.
Budget de la Sécu : le symbole du travail gratuit !
Débat sur le PLFSS 2025 -
22 novembre 2024Vous modifiez les termes, mais pas le fond de la journée de solidarité. Ce n’est pas de gaieté de coeur que vous le proposez, madame la rapporteure générale ? Mais qui parle de coeur ?
Nous en avons tous ! Ce sont des choix politiques : assumez-les ! C’est votre projet : quand il s’agit de faire contribuer les entreprises et les plus riches, c’est toujours non.
Il y a vingt ans a été créée une première journée de solidarité. Certains étaient déjà au Sénat, peut-être. Le ministre délégué au travail était alors Gérard Larcher.
Nous n’aurions pas anticipé le vieillissement ? Tout le monde savait que le baby-boom allait avoir des effets. Une cinquième branche a été créée, mais sans financement réel. La seule solution que vous trouvez est de taxer les travailleurs.
Le ministre dit que nous sommes des obsédés des impôts. Ce n’est pas un gros mot.
Mme Céline Brulin. - Vous considérez que seuls les salariés doivent être mis à contribution pour financer la branche autonomie. Si l’on suit cette logique, il faut non pas une journée, mais une semaine de travail gratuit !
Si je n’étais pas normande, j’attendrais de vous, monsieur le ministre, autre chose que : « ptêt’ ben qu’oui, ptêt’ ben qu’non » ou « non, pas ce soir à 23 h 23, mais sinon pourquoi pas ? ».
Cette journée de travail rapporterait 2,5 milliards d’euros, tandis que nous en sommes à 80 milliards d’euros d’exonérations de cotisations. C’est tellement énorme que vous cherchez vous-même à corriger cela, modestement, à hauteur de 3 milliards d’euros. Pourquoi n’allons-nous pas chercher par là pour financer l’autonomie ?
Certains falsifient les chiffres de la compétitivité française pour tuer les 35 heures. Certes, elle a reculé, mais l’OCDE nous place au sixième rang européen - ce n’est pas si mal.
Vous risquez de mettre encore un peu plus de monde dans la rue en novembre et décembre.
Mme Cathy Apourceau-Poly. - Franchement, tout cela n’est pas sérieux. Depuis trois jours, nous vous suggérons des recettes : taxer les Ehpad privés lucratifs ? C’est non. Faire cotiser les actionnaires ? Non. Revenir sur les retraites chapeaux ? Encore non. Alléger les exonérations de cotisations ? Toujours non !
Finalement, vous allez faire payer la note aux plus fragiles, les ouvriers, parce que vous ne voulez pas aller chercher l’argent dans la poche de vos amis.
Vous êtes bienveillants : seulement deux minutes de plus par jour !
Tout cela est une belle arnaque et une sacrée attaque contre le monde ouvrier.
M. Canévet, qui n’en a jamais assez, nous propose déjà d’ajouter une troisième journée l’an prochain, et une de plus l’année suivante.
Vous êtes généreux avec les bras des autres !
Mme Cécile Cukierman. - Finalement, au détour d’un amendement apportant des financements indispensables à la branche autonomie, nous débattons du code du travail...
Il y a une hypocrisie : nous connaissons tous des gens qui prennent des congés pour aider un parent vieillissant ou handicapé. Cet effort individuel sur le temps de repos existe déjà. Si demain, les millions de femmes et d’hommes qui sont à temps partiel ou qui prennent des congés pour s’occuper de leurs proches, arrêtent de le faire, nous serons dans un marasme total. Vous dites à ces femmes et à ces hommes que deux minutes par jour, ce n’est pas si grave.
Nous allons suivre l’avis du ministre, même si nous ne partageons pas ses arguments. La sécurité sociale voulue par Ambroise Croizat reposait sur un véritable paritarisme, qui n’existe plus !