Affaires sociales
Avant d’être débattu et voté en séance publique, chaque projet ou proposition de loi est examiné par l’une des sept commissions permanentes du Sénat : lois, finances, affaires économiques, affaires étrangères et Défense, affaires culturelles, affaires sociales, aménagement du territoire et du développement durable. Classées par commissions, retrouvez ici les interventions générales et les explications de vote des sénateurs CRC.
ll faut alerter dès le plus jeune âge sur ces pratiques à risque
Usages dangereux du protoxyde d’azote (deuxième lecture) -
Par Cathy Apourceau-Poly / 25 mai 2021Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, l’usage détourné du protoxyde d’azote, autrefois limité à certains milieux, notamment les facultés de médecine, est devenu une triste banalité : nombreuses sont les villes à voir des cartouches joncher les trottoirs. Ce phénomène touche particulièrement la région des Hauts-de-France, mais il concerne l’ensemble du territoire national et un public de plus en plus jeune.
La consommation se banalise. Il nous faut donc, plus que jamais, alerter dès le plus jeune âge. Nous savons que l’expérimentation peut, dans un second temps, se transformer chez ces jeunes en une solution à leur mal-être et devenir le moyen de supporter une période difficile. Or nous venons justement de vivre une telle période, propice à de tels phénomènes, et ce dans tous les milieux, à l’évidence. Plus que jamais, il nous faut donc favoriser la prévention.
Aujourd’hui, des sites de commerces en ligne, en proposant des lots de bonbonnes de grande capacité, ne font même plus semblant de destiner ces cartouches à la fabrication de crème chantilly.
Faites comme moi l’expérience d’effectuer une recherche sur internet ; quand j’ai tapé « gaz hilarant », une alerte publicitaire s’est affichée indiquant : « Oubliez les soirées ennuyeuses, essayez le gaz hilarant ! Livraison à domicile en 30 minutes ! Notre épicerie vous garantit une soirée pleine de fou rire ! » Parmi les produits proposés, on trouve des tanks de 4 litres, pour 150 euros !
Alors, que pouvons-nous faire, en tant que parlementaires, face à ce détournement d’un produit de consommation alimentaire ?
Notre collègue Valérie Létard, dont je tiens à saluer l’engagement sur ce sujet, a proposé d’agir en interdisant la vente de protoxyde d’azote aux mineurs et en créant un délit de provocation des mineurs à cet usage.
Nous sommes favorables à ces mesures de répression si un équilibre est maintenu avec des mesures de prévention.
Les mesures restrictives sont nécessaires, mais peuvent se révéler inefficaces si elles ne sont pas accompagnées d’une politique de prévention offensive.
L’outil le plus efficace pour sensibiliser les jeunes sur les effets de cet usage du gaz hilarant demeure un discours de santé publique qui informe sur les risques posés par la consommation de ce gaz. On pourrait faire appel à des jeunes formés sur les risques du protoxyde d’azote, qui iraient à la rencontre d’autres jeunes sur les lieux de consommation connus. Des jeunes qui s’adressent à d’autres jeunes, avec un message d’information sur les risques, sans stigmatisation : ce modèle a fait ses preuves, par exemple, sur le VIH.
C’est la raison pour laquelle nous demandons au Gouvernement de soutenir cette proposition de loi en créant, dès le prochain projet de loi de finances rectificative pour 2021, une ligne budgétaire venant financer une campagne nationale de prévention contre l’usage du protoxyde d’azote.
Si une impulsion nationale n’était pas portée par les ministères de la santé et de l’éducation nationale, le Gouvernement ferait la démonstration du peu d’intérêt qu’il porte pour nos jeunes.
En conclusion, le groupe communiste républicain citoyen et écologiste votera pour cette proposition de loi, comme nous l’avions fait en première lecture.