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Les communiqués de presse

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Adhésion de la Turquie à l’Union Européenne

Par / 17 janvier 2003

par Robert Bret

Sollicité à plusieurs reprises sur l’éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union Européenne j’ai souhaité m’exprimer sur cette question sujette à polémique et controverses qui mérite d’être abordée de façon objective et pondérée.

Je crois m’être suffisamment mobilisé et battu pour obtenir de la Haute Assemblée la reconnaissance du génocide arménien de 1915 pour savoir, dès lors, ce que cette nouvelle étape dans la construction européenne peut signifier pour les français d’origine Arménienne.
Si on ne peut répondre par oui ou par non à cette question, je poserais comme postulat la condition nécessaire et incontournable de la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie. Tant que cette première étape ne sera pas effective, il n’est pas question pour moi d’envisager plus avant l’adhésion de la Turquie à l’UE.

Deuxième condition, il s’agit, bien entendu de vérifier et contrôler la volonté affichée du Gouvernement d’Ankara de faire respecter la démocratie, les libertés individuelles et les droits de l’Homme, de veiller à la condition de la femme, de s’affranchir du poids des militaires sur l’ensemble de la société.

Troisième condition, le gouvernement Turc se doit de mettre un terme au problème kurde et de gérer la question de Chypre&#133en un mot de faire de la Turquie un Etat laïque et démocratique respectueux des critères de Copenhague. Le chemin sera long pour y parvenir. Mais là sont les véritables critères d’adhésion, lesquels, justement, contribuent très efficacement à l’évolution démocratique des pays candidats.

D’ailleurs, nous sommes pour l’instant à un stade où il s’agit d’envisager une date pour l’ouverture des pourparlers d’adhésion. On parle d’entamer les négociations en 2005 si d’ici 2004 des actes probants de démocratisation du pays sont avérés. Autant dire que nous sommes encore loin d’une entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Ce laps de temps permettra aux Etats membres de l’UE de contrôler la bonne volonté du Parti AKP et de constater les évolutions, si évolutions il y a.
Ce principe de précaution et de vigilance est tout à fait opportun et rassurant et je l’approuve totalement.

Néanmoins, il faut reconnaître que, déjà, la Turquie fait des efforts significatifs en abolissant la peine de mort (elle a signé le protocole n°6 de la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés le 15 janvier 2003) et en autorisant l’enseignement des langues minoritaires. Peut-être faut-il voir dans les premières intentions du nouveau Gouvernement, un premier pas sur le chemin de la démocratie. Il ne faut rien faire qui puisse casser cet élan.
N’oublions pas que la construction européenne se veut, autour d’un projet commun mobilisateur, porteuse de paix. Dès lors, il devient nécessaire d’être extrêmement vigilant quant aux motifs prétextés pour justifier l’approbation ou le refus de voir un pays participer à cette construction.
Et de rappeler que l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne n’est pas inopinée puisque cela fait presque 40 ans que les dirigeants européens ont reconnu, De Gaulle en premier chef avec l’accord d’association de 1963, sa « vocation » à devenir candidate à l’adhésion.

Hormis, les points précités, je crois qu’un des obstacles prépondérants à cette adhésion réside dans la confusion faite entre « Europe » et « Union européenne ». Jusqu’alors, géographiquement, l’Europe n’était qu’une petite entité. Avec l’Union européenne qui comptera bientôt 25 pays, elle prend une dimension qui bouleverse et très certainement effraie avec des repères géopolitiques difficiles à cerner. Est donc posé le problème de sa cohérence.

Ainsi, toute la question est de savoir comment voit-on l’Europe de demain ? Quelles seront ses frontières ? Ses enjeux ? L’Europe de demain ne peut être seulement économique ou marchande. Il faut qu’elle soit aussi sociale et culturelle. Force est de constater qu’une redéfinition de la Constitution et des Institutions qui la réglemente devient nécessaire.

Enfin et dernière chose sur laquelle je veux particulièrement insister : réfuter l’adhésion de la Turquie au motif que la confession du pays est musulmane ne peut être un argument porteur d’avenir, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, et jusqu’à preuve du contraire, l’objectif de la construction européenne n’a jamais été de fédérer un « club des judeo-chrétiens ». L’UE est constituée d’un ensemble de Nations liées entre elles par des traités et des institutions séculières garantissant et préservant les Droits des communautés religieuses. D’autre part, il faut faire attention au repli identitaire. Troisièmement, la Turquie est le seul modèle d’Etat musulman qui se soit doté jusqu’alors d’institutions séculières qu’il préserve depuis plus d’un siècle et demi, qui est bien intégré dans le monde islamique tout en étant en bons termes avec Israël. Enfin et surtout, n’oublions pas que l’Islam est la deuxième religion de France.

La construction européenne est également dotée d’objectifs politiques. Or, qui dit politique, dit prendre en compte la position géostratégique de la Turquie. A cheval sur 2 continents, l’Occident et le Proche-Orient, cette situation géographique lui confère un rôle d’intermédiaire non négligeable pour l’avenir de l’Europe. Ouverture vers le Proche-Orient, pays de transit pour le gaz et le pétrole du Caucase, plate forme d’influence pour l’Asie Centrale turcophone, champ de bataille dans la lutte antidrogue mondiale, 2ème réserve pétrolière du monde et position clef pour le contrôle de l’immigration vers l’Europe. Autant d’arguments non négligeables.

Quant aux intérêts de la France, ils sont déjà présents en Turquie : 4000 compatriotes y vivent, des entreprises françaises occupent des parts de marché significatives dans la construction automobile, la construction électrique, le ciment et la pharmacie. Nous sommes au 1er rang des investisseurs en matière de stocks et au 4ème en matière de flux. Quant à nos partenaires européens, nombreux sont les investisseurs allemands, hollandais et italiens.

Pour toutes ces raisons, il est difficile d’opter radicalement pour ou contre l’adhésion de la Turquie à l’UE. Reste qu’elle serait une porte ouverte pour l’Europe vers l’Asie occidentale et centrale et aurait une portée hautement symbolique s’agissant des relations entre l’Occident et l’islam.

Je pense qu’il faut laisser du temps au temps et voir quelles sont les intentions réelles de la Turquie avant de prendre une décision dont la portée évidente ne peut se satisfaire d’une position radicale.

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