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Les communiqués de presse

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Incendies dans le Var

Par / 31 juillet 2003

Les élus communistes se rendent sur place et organisent une conférence de presse.

Intervention de Robert Bret :

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Tout d’abord, merci d’avoir répondu à notre invitation.

A mes côtés, deux autres parlementaires, Francis WURTZ, Député européen (Président du groupe de la gauche Unie Européenne), Frédéric DUTOIT, Député Maire des 15è et 16è arrondissements de Marseille, deux élus régionaux : Jean-Marc COPPOLA, vice-président du Conseil Régional PACA, Joël CANAPA, Conseiller Régional du Var et Frédéric MEYER, Secrétaire du comité Régional du PCF.

Depuis ce matin 9H00, nous sommes allés à la rencontre des populations et des élus des communes sinistrées, des pompiers professionnels et volontaires qui se sont dépensés sans compter et à qui nous rendons hommage, des personnels de l’ONF. Nous avons pu mesurer non seulement l’étendue du désastre, mais aussi et surtout la nécessité, l’urgence d’apporter des réponses.

Voilà des années que les régions méditerranéennes brûlent. Par rapport aux autres massifs forestiers français, les forêts du bassin méditerranéen présentent de nombreuses particularités en raison de plusieurs facteurs : conditions climatiques (sécheresse, vents), qualité des essences d’arbres (essentiellement des résineux), composition et profondeur des sols, relief tourmenté, accès difficile, urbanisation imbriquée.

Les derniers incendies font la démonstration dramatique des limites des politiques mises en œuvre. Plus de 70 000 hectares de forêts et de garrigues sont partis en fumée ces dernières semaines. Le feu est arrivé aux portes des villes comme Marseille, Sainte Maxime, etc., des habitations et des campings ont été détruits, des milliers de personnes ont dû être évacués. Quatre personnes ont trouvé la mort dans le Massif des Maures et une autre - grièvement brûlée près de Bonifacio - est décédée de ses brûlures, ceci malgré l’importance des moyens de lutte déployés.

Invoquer seulement le soleil, la sécheresse, le vent, l’imprudence voire la responsabilité des pyromanes, pour expliquer ces sinistres ne peut suffire. Et cela ne peut conduire qu’à la fatalité.

Bien sûr qu’il y a des pyromanes, il faut les trouver et les condamner. Mais ne soyons pas naïfs, posons-nous la question : qui a intérêt à ce que certains massifs brûlent ? N’avons-nous jamais vu dans le passé des pratiques immobilières de type mafieux se développer ? Des zones vertes non constructibles ouvertes - après les incendies les ayant ravagées - à la construction de lotissements, les exemples le long de notre littoral méditerranéen ne manquent pas.

Aussi demandons-nous que les zones sinistrées restent classées en zone forestière non constructible.

Au-delà des moyens matériels et humains de la Protection Civile, des SDIS ou encore du Bataillon des Marins Pompiers de Marseille lesquels fournissent des personnels et des volontaires dévoués qui méritent notre admiration et notre reconnaissance, nous nous interrogeons sur le nombre et la vétusté des avions Canadair et Tracker.

Nous savons que depuis trois saisons, les pilotes de la Sécurité Civile plaident pour l’achat d’un ou deux gros porteurs pour ramener la puissance de frappe de la flotte à son meilleur niveau. Ils devraient être inscrits au budget 2004. Et surtout, nous pensons qu’il faut poser le problème de la gestion de l’espace forestier et rural méditerranéen dans une approche massif par massif et dans le cadre d’une responsabilité nationale, comme le prévoit la loi du 9 juillet 2001, je cite : « la politique forestière relève de la compétence de l’État qui en assure la cohérence nationale » et dans un cadre spécifique à la forêt méditerranéenne.

Au-delà de l’aspect répressif mis en avant par le Président de la République et le ministre de l’intérieur, que pouvons-nous faire de plus et de mieux pour protéger le milieu naturel ?

Nous savons que le développement de la friche, lié à la désertification rurale, c’est à coup sûr l’incendie ! C’est dans ces zones que naissent et se développent le plus souvent les incendies qui anéantissent nos forêts. Et après les feux, l’érosion emporte la terre et les déserts de pierres succèdent à nos forêts méditerranéennes. Elles ont perdu la moitié de leur couverture végétale en 30 ans.

Cette désertification crée des déséquilibres, modifiant l’hygrométrie, la température, la pluviosité et la régularisation du régime des eaux. Cela met en péril l’équilibre écologique de nos régions.

Dans nos régions, qui sont parmi les plus belles mais aussi les plus vulnérables parce qu’elles ont à la fois la chance et le malheur de bénéficier d’un climat exceptionnel, des millions de personnes y vivent à longueur d’années et des millions d’autres y viennent pour passer leurs vacances. Ne pas apporter une meilleure protection à l’espace forestier et rural révèle un vrai problème de société et de choix politiques.

Les forêts ne poussent pas toutes seules, elles ont besoin du travail et de la connaissance de l’homme.

Or, depuis des décennies, les possibilités de production ont été abandonnées parce que décrétées peu rentables (une partie seulement est exploitée, environ 25%).
Mais l’activité agro-sylvo-pastorale peut-elle être conçue seulement en fonction de sa rentabilité intrinsèque ? N’a-t-elle pas ainsi une fonction de protection et un rôle écologique à jouer ?

Les forêts méditerranéennes sont d’autant plus combustibles qu’elles sont broussailleuses. Or, ces broussailles se sont développées en raison de l’exode rural et du recul de l’agriculture dans nos départements. Il est donc nécessaire de faire appliquer rigoureusement la loi faisant obligation de débroussailler son terrain jusqu’à une distance maximum de 50 mètres des habitations. Le maire pouvant étendre cette distance.

Mais ne faut-il pas prendre d’autres mesures pour maintenir les exploitations agricoles et forestières existantes, voire pour en réimplanter de nouvelles par le biais des contrats territoriaux d’exploitation prévus par la loi d’orientation agricole et que le gouvernement Raffarin propose d’abandonner ?

Le plus souvent, la notion de rentabilité de nos forêts est appréciée par les propriétaires privés en fonction des possibilités de constructibilité futures. Elle joue alors le rôle d’un placement spéculatif.

Cela contribue à faire disparaître les exploitations agricoles et les jeunes agriculteurs ont des difficultés pour trouver des terres où s’installer.

Les réponses qu’il convient d’apporter aujourd’hui ne peuvent se limiter à la seule recherche et sanctions des pyromanes, comme le propose le ministre de l’intérieur.

Compte tenu de l’amplitude du désastre, du nombre de communes et de personnes sinistrées, s’il est nécessaire et urgent de remettre en état les installations électriques (120 000 foyers privés d’électricité, ce n’est pas rien !) ou encore les réseaux d’eau potable.
(Si nous pouvons constater et nous féliciter de l’ampleur des moyens techniques et humains qui ont été utilisés et de la rapidité des interventions, nous pouvons une nouvelle fois mesurer l’utilité des services publics.)

Il est tout aussi nécessaire et urgent de mettre en place un vaste programme de reboisement et de restructuration en tenant compte des particularités de chaque massif, avec des peuplements forestiers composés de nouvelles essences d’arbres moins vulnérables aux incendies.
La recherche forestière, l’INRA, doivent être mises à contribution afin d’améliorer et trouver des essences plus adaptées.

Le Premier ministre, lors de sa venue le samedi 19 juillet dernier dans le Var, a proposé la mise en place d’un contrat national pour la reconstitution du Massif des Maures. Nous disons chiche !

Mais il faut aussi penser à la Corse, à l’ensemble de nos régions méditerranéennes.
Pour cela, il suffit d’appliquer la loi, dans son article L321-6, je cite :

« lorsque les incendies, par leur ampleur, leur fréquence ou leurs conséquences risquent de compromettre la sécurité publique ou de dégrader les sols et les peuplements forestiers, les travaux d’aménagement et d’équipement pour prévenir les incendies, en limiter les conséquences et reconstituer la forêt sont déclarés d’utilité publique à la demande du ministre chargé des forêts, d’une collectivité territoriale ou d’un groupement de collectivités territoriales. Les travaux d’aménagement qui contribuent au cloisonnement de ces massifs pour une utilisation agricole des sols peuvent, dans les mêmes conditions, être déclares d’utilité publique. »

Toujours en terme de prévention, nous pensons que les moyens donnés à l’Office National des Forêts sont vraiment insuffisants (un patrouilleur pour 20 communes, 8 patrouilles pour 180 000 hectares). L’ONF, en plus de la gestion des massifs forestiers, a un rôle de protection de la forêt à assurer. Cela passe par des emplois supplémentaires au contraire des pratiques actuelles de diminution des effectifs. Nous avançons l’idée d’un emploi forestier pour 100 hectares de forêt, même si nous pouvons compter sur les bénévoles des Comités Communaux Feux de Forêt (CCFF).

Enfin, nous soutenons la proposition du Président du Conseil régional PACA, Michel Vauzelle, qui suggère que l’Observatoire Régional de la Forêt Méditerranéenne organise, au mois de septembre prochain, une réunion de concertation avec l’ensemble des partenaires concernés pour améliorer les politiques publiques de prévention des incendies dans notre région. Il a annoncé d’autre part qu’une aide d’urgence serait développée, en plus des 5,6 millions d’euros/an que consacre le Conseil Régional à la forêt.

Nous proposons que l’État, les collectivités territoriales s’engagent dans le cadre d’un plan pluriannuel destiné à définir les objectifs à atteindre et les moyens pour y parvenir. l’État organisant chaque année, pour le suivi de ce plan une conférence impliquant l’ensemble des acteurs concernés (ONF, pars régionaux, SDIS, Protection Civile, forces de sécurité-police/gendarmerie, chambres consulaires, collectivités territoriales&#133)

Si la politique de lutte contre l’incendie forestier est nationale, elle peut aussi bénéficier de l’action de l’Union européenne. A cet égard, l’Union a adopté un règlement qui prescrit le classement de certaines régions à risques dont la nôtre. La nouvelle loi forestière du 9 juillet 2001 (article L.321-6) a permis de se mettre en conformité, aussi pouvons-nous demander à l’Europe les subventions nécessaires.

En conclusion et en résumé :

Nous pensons que s’il est urgent de prendre des mesures immédiates, il nous faut aussi prendre le mal à la racine.
La gestion de l’espace forestier et rural méditerranéen est une responsabilité nationale qui doit être prise en compte massif par massif, en tenant compte des particularités.
C’est une question de civilisation, c’est une question d’efficacité économique et sociale à l’échelle de la Nation.

En tant qu’élus de la Nation, du Parlement européen, des collectivités territoriales, nous entendons faire œuvre utile afin d’éviter que de tels drames ne se renouvellent et pour ne pas laisser ces milliers d’hectares tomber dans la désertification ou dans les mains des promoteurs.

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