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L’espoir d’un Sénat à l’avant-garde des changements attendus

Election du président du Sénat -

Par / 1er octobre 2011

Séance d’installation du Sénat : allocution de Paul Vergès, doyen d’âge

L’espoir d’un Sénat à l’avant-garde des changements attendus
L’espoir d’un Sénat à l’avant-garde des changements attendus

Mes chers collègues, mesdames et messieurs, j’adresse mes sincères et chaleureuses félicitations à l’ensemble des sénatrices et sénateurs nouvellement élus.

En tant que doyen d’âge, je salue la benjamine de notre assemblée, notre amie Cécile Cukierman.

À vous tous, je souhaite la bienvenue dans la Haute Assemblée où se sont écrites de grandes pages de l’histoire de France, où se sont illustrés des hommes tels que Victor Hugo, Georges Clemenceau ou Victor Schœlcher.

L’histoire de la chambre haute, c’est l’histoire de la France, une histoire pleine de contradictions, faite de parts d’ombre et de lumière. Mais ce sont les valeurs républicaines que nous devons faire vivre, ces valeurs pour lesquelles beaucoup d’entre nous ont donné leur vie et auxquels je pense en cet instant. En tant que cadet de la France libre du général de Gaulle, que j’ai rejoint à Londres à dix-sept ans, j’ai une pensée particulière pour les anciens du maquis de Scévolles, dans la Vienne, où je fus parachuté en 1944.

Je n’oublie pas non plus, en tant que sénateur de l’outre-mer, originaire de l’île de la Réunion, que c’est à un sénateur, Victor Schœlcher, que nous devons l’abolition de l’esclavage. Comment ne pas avoir aussi une pensée pour Gaston Monnerville, compatriote de la Guyane, homme noir et président du Conseil de la République, puis du Sénat, de 1947 à 1968 ?

En disant cela, mon intention n’est pas de donner une importance démesurée à l’histoire. Mais au moment de l’installation du Sénat, nous devons avoir conscience de la continuité historique dans laquelle nous nous inscrivons. Dès demain, en effet, nous serons appelés par l’action et par les exigences du présent auxquelles nous devrons répondre.

Aujourd’hui, nous éprouvons le sentiment de vivre au Sénat un moment exceptionnel de l’histoire de la Ve République. En cet instant, nous ressentons tous, dans cet hémicycle, le cœur battant de la démocratie, de la démocratie prête à se renforcer. Nous voyons se dessiner l’espoir d’un Sénat à l’avant-garde des changements attendus.

La situation que nous connaissons, partout en France et dans les collectivités de l’outre-mer, l’exige : crise multiforme – sociale, économique et financière – se traduisant par l’augmentation du chômage et de la pauvreté, la baisse du pouvoir d’achat, la détérioration des services publics, notamment dans l’enseignement et la santé. Toutes les catégories sociales sont fragilisées, les jeunes comme les personnes âgées, les catégories les plus défavorisées comme les classes moyennes. C’est toute la cohésion sociale de notre société qui est mise en cause. Ce mécontentement général est annonciateur d’un profond désir de changement.

Le seul combat qui vaille, c’est le service aux Français dans les réponses à l’extraordinaire complexité des problèmes qui se posent à nous. Cela suppose que nous soyons capables, au-delà de nos différentes sensibilités, de porter notre regard au-delà de l’immédiat. Cela suppose, mes chers collègues, que nous soyons toujours en mesure de discerner les courants profonds qui modifient l’état du monde.

En tant que Réunionnais, ma vision politique tient compte tout à la fois de la situation géographique de la Réunion et du continent africain auquel cette île appartient, de la France à laquelle elle est intégrée par la volonté populaire des Réunionnais depuis 1946, et de l’Europe dont la France est un État membre.

Il faut ajouter à cela l’océan Indien qui baigne les rivages de la Réunion, un océan où se joue, de l’Afrique à l’Asie, la plus grande poussée démographique de l’histoire humaine.

Je pense aussi à mes compatriotes qui vivent dans les Caraïbes ou dans l’Atlantique Nord, à ceux qui font partie de l’Amérique du Sud, comme la Guyane, ou encore à ceux qui vivent dans le Pacifique.

La position géographique de tous ces territoires les met au cœur de ce qui sera la marque du siècle qui s’annonce : l’espace, comme les océans qui occupent plus de 70 % de la surface de la planète. À ce titre, ce que nous appelons « l’outre-mer » doit être au cœur des préoccupations de nos compatriotes continentaux.

Outre ces données géographiques, j’ai constamment à l’esprit les évolutions économiques, sociales, culturelles et politiques qui caractérisent notre siècle. Nous assistons à des changements qui affectent tout l’environnement à la fois naturel et culturel de l’humanité.

En ayant ce double point de vue global, dans le temps et dans l’espace, nous pouvons dire que, comme l’ensemble du monde, la Réunion est façonnée par un phénomène qui domine déjà le siècle et qui portera en lui des changements nous concernant tous.

En 1946, la Réunion comptait environ 240 000 habitants. Aujourd’hui, elle en comprend plus de 800 000, et sa transition démographique s’achèvera dans quinze ans, avec une population de quelque un million d’habitants.

Ce phénomène, aux conséquences économiques et sociales déjà visibles, est le phénomène fondamental de l’histoire de l’humanité.

Ainsi, l’Institut national d’études démographiques, l’INED, a déjà annoncé que la population mondiale atteindrait ce mois-ci le chiffre de 7 milliards. Dans quatre décennies, nous serons 9,5 milliards, soit une augmentation de 2,5 milliards en seulement quarante ans.

En 1950, la population totale de la planète était de 2,5 milliards, et cela à l’issue d’une évolution qui s’est déroulée sur des centaines de milliers d’années. Or, en soixante ans, la population mondiale a augmenté de 4,5 milliards. Et, dans quatre décennies, soit six mandats de sénateur, la seule augmentation de la population sera égale au nombre total d’humains que comptait la planète en 1950. Ces chiffres sont éloquents.

On peut dire, je crois, que ce phénomène est la plus grande révolution de l’histoire humaine. Cette transition démographique, nous la vivons actuellement et nous en vivrons tout au long de ce siècle les conséquences sur les plans économique, social, culturel et politique.

Au XVIIIe siècle, Saint-Just considérait que le bonheur était une idée neuve en Europe. Trois siècles plus tard, ce sont les peuples de la terre qui affirmeront que l’égalité est une idée neuve dans le monde.

Au cours de la même période, un autre phénomène planétaire nourrit notre réflexion. Il s’agit du réchauffement de la planète avec ses effets innombrables : fonte des glaciers, montée du niveau des océans et acidification de ces derniers, sécheresse, raréfaction de la ressource en eau, intensification des phénomènes climatiques violents, diminution des ressources naturelles, menaces de disettes et de famines, risque d’une sixième extinction des espèces.

Allons-nous pouvoir maîtriser l’aggravation de ce phénomène ?

Dans moins de trois mois, non loin de la Réunion, à Durban, en Afrique du Sud, se tiendra la grande conférence internationale sur le climat. Allons-nous pouvoir donner une suite positive au protocole de Kyoto ?

Nous vivons également, avec ce que l’on appelle « la mondialisation », l’explosion des capacités productives de l’ensemble des pays du monde, ce qui accentue les conséquences de la transition des économies nationales et régionales vers une économie mondiale, faisant émerger un nouvel ordre économique.

Au-delà de ce phénomène, le monde entier se pose cette grande question : comment maîtriser la situation de crise économique que nous vivons, et que nous continuerons de vivre ? Comment et quand y parviendrons-nous ?

Enfin, notre siècle est marqué par l’ampleur des découvertes scientifiques et des innovations techniques, ainsi que par la rapidité de leur mise en œuvre, ce qui bouleverse profondément nos sociétés.

Tous ces phénomènes – explosion démographique, changement climatique, mondialisation, rapidité d’application des découvertes – interagissent à un rythme qui pose un problème fondamental, celui du temps. Comment faire face à ces phénomènes simultanés, durables et planétaires ?

Mes chers collègues, si je vous livre cette vision du monde, c’est que notre siècle, à la différence des précédents, sera le théâtre du jeu de ces forces profondes et durables.

Il faut faire face. Or aurons-nous le temps de relever tous ces défis sans changer aussi notre conception du monde ?

En dernière analyse, il s’agit de ne plus faire dépendre des richesses épuisables de la planète la vie, ou la survie, de 9,5 milliards d’êtres humains. Nous n’avons pas de planète de rechange. Or, jusqu’ici, notre croissance a été construite grâce à des matières non renouvelables.

Le philosophe français Michel Serres nous avertit : nous sommes face à un défi aussi important pour notre survie que celui de la révolution néolithique.

Allons-nous faire surgir une nouvelle civilisation ? En effet, ce qui doit changer, c’est l’attitude de l’être humain dans son environnement et sa culture.

Si j’ai évoqué tous ces sujets, c’est que, à côté de cette vision d’avenir incontournable, se pose la question des besoins immédiats de la population.

Je partage le dilemme des élus nationaux : comment affronter l’urgence des problèmes présents sans jamais perdre de vue l’inscription de ces derniers dans un contexte qui, déjà en évolution, s’étendra sur tout le siècle ?

Il s’agit de faire face à l’immédiat sans abandonner la vision d’avenir qui s’imposera, en bien ou en mal, à notre propre action.

En ce sens, je mesure la responsabilité considérable des élus nationaux, qui sont confrontés à la vie quotidienne des Français et qui doivent tenir compte de l’avenir des générations existantes ou à naître. Jamais les femmes et les hommes politiques n’ont eu devant eux une telle responsabilité, car les problèmes qu’ils ont à résoudre sont au cœur de tous les changements planétaires.

En conclusion, j’émets le souhait que nous parviendrons tous à remplir la tâche qui nous attend, pour aujourd’hui et pour demain.

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