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Ce régime me fait penser au Chili de Pinochet

Déplacement d’une délégation d’observation des élections en Turquie -

Par / 26 juin 2018

Entretien par Loïc LE CLERC | 26 juin 2018 pour « Regards »

A l’invitation du parti kurde HDP, une délégation du PCF s’est rendue en Turquie, ce week-end, pour observer le bon déroulement des élections. Mais ils ont été arrêtés. Témoignage de la sénatrice Christine Prunaud.

Accompagnée de Hülliya Turan, secrétaire départementale du Bas-Rhin et de Pascal Torre, membre de la commission internationale du PCF, la sénatrice des Côtes-d’Armor Christine Prunaud a été arrêtée dimanche à Agri, dans l’Est du pays. Les élections ont été remportées dès le premier tour par Erdogan et son parti, l’AKP.
Regards. Racontez-nous le contexte dans lequel vous vous êtes rendue en Turquie.
Christine Prunaud. J’ai été sollicitée par le PCF pour accompagner une délégation à Agri, à l’Est de la Turquie, où le PCF a un partenariat avec le HDP, un parti politique progressiste. Ce parti kurde nous avait demandé d’être présent pour les soutenir pour ces élections législatives et présidentielle. Nous devions aller dans des bureaux de vote pour marquer notre présence, pour observer. Mais c’était une observation citoyenne. Nous sommes partis vendredi dernier à Istanbul, puis le lendemain pour Agri. Nous avons rencontré nos camarades du HDP dans un restaurant. On nous avait prévenus, dans la rue, il y avait des policiers en civil à la porte. Mais ça ne nous a pas empêché de discuter, de partager un moment convivial de connaissance.

C’est le dimanche, jour de vote, que la situation s’est tendue. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le dimanche, on partait avec notre chauffeur, sympathisant du HDP, dans une dizaine de bureaux de vote de la région, dans des zones rurales et en ville. Nous avons commencé vers 8h du matin dans un bureau du centre-ville, dans une école. Ça ressemblait tout à fait au cadre de nos élections, un bureau ouvert, des gens souriants, nous saluant. Personne ne nous a empêché de rentrer. Nous avons serré la main aux assesseurs, en nous présentant, mais ils savaient déjà qui ont été. Nous sommes restés cinq minutes, c’était le tout début du vote, il n’y avait pas beaucoup de personnes. Nos camarades connaissaient ce bureau, il n’y avait pas de problème de fraude.

« On voyait les policiers photographier nos passeports. »

Ensuite, nous sommes partis en zone rurale, à 50km d’Agri. Un paysage magnifique. Plus on avançait vers le premier village, plus il y avait des militaires sur le parcours. Et surtout, autour et dans le bureau de vote. C’est une image qui montre bien la pression militaire sur les votants. Je rappelle que le vote est obligatoire en Turquie. On nous a demandé nos papiers, mais ça, c’est normal, on le fait en France également. Ils nous surveillaient constamment, mais il n’y a pas eu de gestes provocateurs. On est resté deux ou trois minutes, le temps de constater que les isoloirs étaient bien fermés, de saluer les assesseurs. Dans le troisième bureau de vote, il y avait encore une présence militaire, mais aussi des habitants autorisés par le gouvernement à être armés, des jeunes.

On nous a redemandé nos papiers, ils ont passé des coups de téléphone avant de nous laisser partir. Là, des camarades nous ont appelés à propos d’un problème de fraudes dans un autre bureau de vote d’Agri.

À l’entrée de la ville, il y avait un nouveau contrôle. On a présenté nos papiers. Il y avait des policiers, en uniforme et en civil, et des gendarmes. Comme ça durait un moment, nous sommes descendus de la voiture pour demander s’il y avait un problème. On les voyait photographier nos passeports. En redemandant nos passeports, ils nous ont dit qu’il y avait un problème avec nos papiers et qu’on devait les suivre à la gendarmerie pour un contrôle plus précis. On a été surpris, mais on ne s’est pas opposé. Dans la voiture, j’ai appelé le consul parce qu’on ne savait pas trop ce qui nous attendait.

« On nous a reproché d’être là pour manipuler les votants. »

Que s’est-il passé au commissariat ?

À 10h30, nous avons été "accueillis" par le procureur de l’armée. Il a commencé par nous demander, à tous les quatre, si on aimait la Turquie. Puis il nous a demandés pourquoi on était là, qui est-ce qu’on connaît ici. Il voulait des noms. Il nous a reproché de ne pas avoir d’agrément pour surveiller les élections. Je pense qu’il nous reprochait particulièrement d’être venus soutenir le HDP. On nous a reproché d’être là pour manipuler les votants. Il nous a ensuite interrogés séparément. Les interrogatoires étaient tendus, mais on réussissait à faire face parce qu’on ne cachait rien. Je parlais avec le procureur en anglais, comme Pascal Torre. Ça a été plus difficile pour Hülliya Turan qui été plutôt interrogée sur sa nationalité, son identité, pourquoi elle avait un passeport français. C’était plus sérieux que pour Pascal Torre et moi. Il n’y a pas eu de violence à son encontre, mais des menaces à peine déguisées. Avec moi, ils ont fait plus attention. Je me suis toujours sentie dans mon droit.

Le procureur devait nous relâcher à 1h30. Alors qu’on rassemblait nos affaires, un gendarme nous a dits : "On ne peut pas vous libérer maintenant". Il pensait qu’on allait retourner dans les bureaux de vote alors qu’on avait convenu que non, ne serait-ce que pour ne pas mettre en danger nos amis kurdes. On a finalement été relâché à 17h. J’avais le consul toutes les demi-heures au téléphone, il avait ouvert une cellule de crise.

« Les photos de nos trois passeports ont été diffusées sur les réseaux pro-Erdogan. Ça a provoqué des réactions de haine, de menaces de mort. »

Qu’avez-vous fait après, une fois libérés ?

Les gendarmes nous ont conseillé de rentrer à notre hôtel et de ne pas revoir nos camarades kurdes. Le consul m’a dit qu’il préférait qu’on ne bouge pas, pour notre sécurité. Donc nous sommes restés dans l’hôtel la fin de la journée. Ce que craignait le consul, c’est qu’on soit arrêté une deuxième fois, ce qui est une pratique courante. D’autant que les photos de nos trois passeports ont été diffusées sur les réseaux pro-Erdogan. Les adresses étaient visibles. Ça a provoqué des réactions de haine, de menaces de mort surtout pour Hülliya Turan. Donc le consul a demandé à ce qu’on ait une protection, ce qui est un peu ubuesque, puisque ce sont les mêmes personnes qui nous avaient arrêtés. On a eu cette protection en permanence, jusqu’à ce qu’on monte dans l’avion. On n’a pas revu nos camarades depuis. Maintenant, on s’inquiète pour nos camarades dont on cherche à avoir des nouvelles.

Quel bilan faites-vous de ce week-end d’observation en Turquie ?

Je ne regrette pas d’avoir fait partie de cette délégation. Ça ne fait que renforcer ce que je pensais de ce régime, que je considère comme une dictature qui s’installe de plus en plus. On savait que la liberté de circulation, d’expression, n’existaient pas. Mais quand on le vit, on pense aux personnes qui vivent là-bas. Nous, on part. Le peuple kurde vit constamment le harcèlement. Ils peuvent être arrêtés du jour au lendemain, il y a beaucoup de personnes disparues. Quand ils m’en parlaient, ce régime me faisait penser au Chili de Pinochet. Le soutien qu’on peut leur apporter va être encore plus fort.

http://www.regards.fr/monde/article/turquie-ce-regime-me-fait-penser-au-chili-de-pinochet

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