Banque Alimentaire
Quand la solidarité est mise à mal par les réductions budgétaires. -
Par Michel Le Scouarnec / 12 novembre 2014Madame la Secrétaire d’Etat,
Créée en 1984, la Banque Alimentaire est implantée sur l’ensemble de notre territoire avec 102 entrepôts et 4 900 bénévoles. En 30 ans d’existence, elle a distribué 3 milliards de repas dont 93 000 tonnes de denrées chaque année aux 5 300 associations ou CCAS affiliés.
Œuvre d’utilité publique, cette association porte toujours 4 missions essentielles, la collecte et le stockage de denrées alimentaires, la lutte contre le gaspillage alimentaire, et la lutte contre l’exclusion.
Dans le Département du Morbihan, j’ai déjà eu l’occasion de mesurer l’ampleur des missions quotidiennes de ces bénévoles qui ont servi plus de 7 000 repas l’année dernière en faveur de 12 000 personnes.
Le Morbihan est souvent considéré ou perçu comme un département sans de trop grandes difficultés sociales. Ces chiffres démontrent le contraire comme les propos du Président Départemental de la Banque Alimentaire qui m’a témoigné à de nombreuses reprises, de l’augmentation constante du nombre de demandes de 10 000 à 13 000 en seulement 4 ans.
Par ailleurs, cette association reçoit un soutien indispensable du Conseil Général du Morbihan qui aide ainsi les associations caritatives afin de renforcer la cohésion sociale et la solidarité territoriale. Cet appui déterminé représente un enjeu essentiel dans une période difficile, où plusieurs millions de nos concitoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Dans un département rural et côtier, où le taux de chômage dépasse la barre des 14 % et où le revenu moyen est nettement inférieur à la moyenne nationale, les acteurs de la solidarité ont besoin d’être soutenus dans l’exercice quotidien de leurs missions en direction de populations en difficultés et en détresse.
Or, la réforme territoriale actuellement en cours menace cet équilibre fragile puisque les départements seraient amenés à disparaître. Si le dessin de la nouvelle carte des Régions a cristallisé le débat, les implications de cette réforme sur les questions de solidarité et de cohésion sociale sont importantes.
En effet, ces compétences sont des responsabilités partagées avec les Collectivités Locales tant leur implication dans les moyens de fonctionnement ou d’organisation des associations caritatives est prépondérante.
Un des enjeux de cette réforme est de garantir un traitement égalitaire des territoires. Mais cette question est également adéquate avec les enjeux et les perspectives de la réforme territoriale sur la lutte contre l’exclusion. Plusieurs interrogations demeurent en suspens même si elle peut être une chance de développer de nouveaux moyens de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, alimentaire et énergétique.
Offrir le plus de chance aux personnes en détresse, en concertation avec les collectivités, devraient être l’un des moteurs d’amélioration de cette réforme.
C’est pourquoi, dans la perspective de la suppression des Conseils Départementaux, je souhaiterais également connaître le niveau possible d’intervention publique, de l’État, des régions élargies ou des établissements publics de coopération intercommunale. L’engagement commun en faveur des plus démunis, loin d’être anecdotique, donne une image positive de ce que peut être l’action publique dans notre pays
Vos prérogatives ministérielles doivent œuvrer en ce sens pour redonner de l’espoir aux associations caritatives comme à leurs bénéficiaires dans un souci d’une politique volontariste de lutte contre l’exclusion, empreinte de valeurs d’égalité, d’équité sur l’ensemble de notre territoire.
Je compte sur votre bienveillance et votre compréhension pour apporter des réponses rapides et efficaces aux nombreuses interrogations portées par ces associations.
Dans cette attente, je vous prie de croire, Madame la secrétaire d’Etat, en l’assurance de mes sincères salutations.