Monsieur Luc CHATEL
Ministre de l’éducation nationale
110 rue de Grenelle
75007 PARIS

Paris, le 14 janvier 2010

Objet : Réforme du lycée et incidence sur la voie technologique

Monsieur le Ministre,

Je souhaite attirer votre attention sur les conséquences de la réforme du lycée qui se met en place dans la voie technologique et plus précisément dans la filière Sciences et Technologies de la Santé et du Social, dite « ST2S ».

Le projet de réforme de la classe de seconde prévoit une réduction importante du nombre d’heures de certains enseignements. Actuellement, deux modules de technologie de trois heures peuvent être choisis par les élèves de seconde. Si votre projet de réforme devait aboutir, les élèves devront choisir la technologie en biologie, en sciences médico-sociales et en physique-chimie de façon exclusive dans le cadre d’un seul module d’exploration d’une heure et demie. Cette diminution du nombre d’heures limitera l’accès des élèves à des connaissances et des matières pourtant fondamentales dans cette filière.

Dans les établissements, l’inquiétude des enseignants est donc forte, d’autant plus que le projet de réforme ne présente pour l’instant que les arbitrages concernant la voie générale.

J’ajoute que le contexte de la révision générale des politiques publiques, qui entraînera pour 2010 la suppression de 16 000 postes dans l’éducation nationale, et qui en a entraîné plus de 40 000 depuis 2007, contribue à renforcer le climat de défiance des enseignants à l’égard de la réforme du lycée.

La voie technologique est, aujourd’hui encore, trop souvent dévalorisée au profit de la voie générale. Elle est peu investie et les élèves issus de milieux défavorisés y sont sur-représentés. Je considère que la diminution des enseignements qui en constituent le fondement ne peut contribuer à la rendre attractive et s’avèrera par conséquent contre-productive.

C’est pourquoi il est nécessaire que plusieurs modules de technologie puissent être suivis par les élèves de seconde, que les horaires de technologie soient renforcés en seconde et maintenus en première et en terminale. C’est une condition nécessaire à la revalorisation de la voie technologique et qui favorisera l’égale dignité entre les filières générale, technologique et professionnelle, aujourd’hui loin d’être atteinte.

Je souhaiterais donc que soient prises en compte ces préoccupations légitimes d’enseignants inquiets pour l’avenir des élèves de ST2S et de la voie technologique en général.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Bernard VERA