L’accès aux soins a été divisé par 2 en deux ans
Situation de la pédopsychiatrie dans le Val-de-Marne -
Par Laurence Cohen / 1er juillet 2021Monsieur le Ministre
Je me permets d’attirer votre attention sur la situation de la pédopsychiatrie, et plus singulièrement celle au sein du secteur 05 du Val-de-Marne, rattaché au Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil (CHIC)
En effet, un projet universitaire, axé sur la recherche et les médicaments, mené par le chef de service en pédopsychiatrie, suscite de grandes interrogations et inquiétudes au sein de ses équipes.
Ce projet consiste notamment en un regroupement d’unités transversales, créées au moment de l’universitarisation de ce service, dans un seul bâtiment dit ‘’Sainte-Marie’’. Or, les locaux de ce bâtiment, qui seraient loués par l’Hôpital sont manifestement inadaptés pour accueillir et recevoir des enfants et leurs familles dans des bonnes conditions. Une partie se situe en sous-sol, sans fenêtre, et le reste est trop exigu pour que les professionnels puissent travailler en toute confidentialité.
Au-delà des aspects patrimoniaux, c’est bien la disparition de structures de proximité existantes qui inquiète.
Le Centre Médico-Psychologique de Bonneuil a fermé en 2019, deux autres sont toujours en activité, celui de Créteil et de Villeneuve Saint Georges mais ne peuvent faire face aujourd’hui à l’afflux de patients. L’équipe du CMP de Villeneuve Saint-Georges commence à traiter les demandes arrivées en janvier 2019.
Pour autant et paradoxalement, la file active de patients diminue année après année, preuve du renoncement aux soins, faute de trouver des réponses immédiates dans des structures de proximité.
En 2 ans, l’accès aux soins en pédopsychiatrie a été divisé par 2 dans le Val-de-Marne.
Pour des enfants autistes, les rendez-vous se font tous les 2 mois ; cette situation est inacceptable.
Par ailleurs, le CMP de Créteil n’apparait pas dans le projet de regroupement à Sainte-Marie. D’ores et déjà, le CMP ne comprend plus d’assistante sociale, d’orthophonistes, de psychomotriciens, puisque ces professionnels démissionnent et ne sont pas remplacés.
Le projet médical inquiète également puisqu’il met en avant les thérapies brèves de 3 mois, mettant fin aux soins au long cours. Les psychologues, les pédopsychiatres dénoncent cette conception du soin qui ne permet pas de correctement prendre en charge les troubles des enfants et des adolescents.
Les orthophonistes libérales exerçant à Créteil viennent d’adresser un courrier au chef de service pour l’interpeler sur ce manque de moyens accordé au CMP de Créteil, avec lequel, elles et ils travaillaient. Ces professionnels décrivent une situation catastrophique à laquelle ils ne peuvent faire face et avec des conséquences sur le long terme pour les enfants.
Le diagnostic est identique chez les professeurs d’école qui tirent eux aussi la sonnette d’alarme, notamment dans la période de crise sanitaire que nous connaissons. Les enfants ne sont plus suivis, les familles sont abandonnées et doivent gérer seules les troubles importants de leurs enfants.
Il y a véritablement urgence à mettre un terme à cette hémorragie en stoppant ce projet de regroupement qui n’a pas de sens, qui va à l’encontre des pratiques des professionnels et de la prise en charge des mineur·es.
Enfin, je me permets de préciser que le CHIC dispose d’une maternité avec un niveau d’activité important, notamment pour la naissance de prématurés. Sans lien possible avec le CMP, dès les premières semaines, les conséquences pourront là aussi être très graves, pour ces enfants qui ont plus de risques de développer des troubles de l’attention, de l’hyperactivité etc.
Monsieur le Ministre, face à ce désastre présent et à venir, que comptez-vous faire pour que ce projet soit abandonné et que les moyens soient accordés aux structures existantes, qui jusqu’ici, fonctionnaient très bien ?
A quelques semaines des Assises de la Santé mentale et de la psychiatrie, cet appel au secours peut être emblématique de l’évolution néfaste de cette discipline, et des conséquences pour la société toute entière.
Je vous remercie de votre attention, et vous prie de recevoir, Monsieur le Ministre, mes sincères salutations.