Maintenir une activité compatible avec l’impératif sanitaire
Nécessité et urgence d’un dialogue approfondi -
Par Pierre Laurent / 6 novembre 2020Lettre au Premier Ministre
Monsieur le Premier Ministre
J’ai été alerté par de nombreux fleuristes parisiens sur la situation économique dans la laquelle ces professionnels se retrouvent. Ces derniers pensent bien entendu à leurs boutiques, à leurs clients, mais aussi à l’ensemble de la filière du végétal, frappée de plein fouet par la crise, consécutive à la pandémie. La première vague de la COVID 19 a entraîné 15 % de fermetures chez les fleuristes. La deuxième vague amplifie la tension dans le secteur, mais également dans celui des pépiniéristes, des producteurs de fleurs coupées ou de plantes, des producteurs mixtes, des entreprises du paysage ainsi que des paysagistes concepteurs qui avaient mieux résisté au printemps dernier.
Comme d’autres secteurs, la filière du végétal a sa propre spécificité car il travaille sur le vivant, le périssable, le non transformable et est marquée par une forte saisonnalité. Cette filière travaille avec la nature, respectant son rythme comme le calendrier immuable des saisons et qui ne peut « être suspendu » en attendant des jours meilleurs. Les plantations qui ne seront pas faites cet automne, ne pourront être rattrapées plus tard. Le printemps 2021 se prépare donc en ce moment chez les producteurs. Mais la filière a une autre spécificité : c’est un marqueur essentiel des temps de vie. Il est également porteur de symboles et participe à des rites sociétaux. Les fêtes de Noël, que le gouvernement a annoncé vouloir sauver, sont l’un d’entre eux et les décisions les concernant doivent être prises maintenant.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir faire le nécessaire en vue d’entamer un dialogue approfondi avec les professionnels qui souhaitent autoriser la vente de sapins de Noël, et de plantes et fleurs d’automne et d’hiver, dans les surfaces de vente spécialisées et non spécialisées, tous les commerces de la filière. Ceux-ci souhaitent également la réouverture de l’ensemble des points de vente et ce pour tous les types de végétaux. Selon eux c’est la seule façon de sauver les commerces, petits ou grands et avec eux l’ensemble de la filière de l’horticole et du végétal. Dans ce secteur comme dans d’autres le dialogue et les décisions qui en résulteraient sont primordiaux si l’on souhaite réussir le maintien de ce qu’il reste de ces commerces. L’impératif sanitaire face au virus mortel doit bien sûr in fine guider tous les choix publics, ce qui n’exclut pas un maintien d’activité compatible avec cet impératif sanitaire. Je suis persuadé que des solutions peuvent être trouvées dans ce secteur comme dans d’autres à la condition de mettre en place un véritable dialogue avec tous les acteurs que j’appelle de mes vœux. C’est d’autant plus urgent qu’un effondrement du secteur est à craindre si rien n’est fait.
Je vous prie de croire, Monsieur le Premier ministre, en l’assurance de haute considération.
Pierre LAURENT