Rénovation de la prison de Fresnes et revalorisation du métier d’agent pénitentiaire.
Crise des prisons -
Par Laurence Cohen / 23 janvier 2018Courrier à la Ministre de la Justice
Madame la Ministre,
Nous nous permettons d’attirer votre attention sur la situation particulièrement alarmante de la prison de Fresnes. Situation qui justifie pleinement la colère d’un personnel pénitentiaire dévoué, soucieux du service public, et dont il apparaît urgent que le métier soit mieux valorisé, plus écouté et respecté.
Sénatrice et Sénateur du Val-de-Marne, nous avons fait usage de notre droit de visite d’un établissement pénitentiaire pour nous rendre à la Maison d’Arrêt pour Hommes de Fresnes ce jeudi 11 janvier 2018.
Nous y avons d’abord fait le constat d’une sur occupation alarmante, avec un taux de 203%. Pour 1641 détenus en 2005, la maison d’arrêt en compte en effet 2600 aujourd’hui.
Au delà des chiffres, cette sur occupation signifie concrètement des cellules de 9m2, imprégnées de l’humidité et de la vétusté de ces bâtiments anciens, avec pour conséquence infiltrations d’eau, champignons sur les murs, fenêtres mal isolées, parloirs insalubres.
A l’insalubrité s’ajoutent des problèmes d’hygiène, les détenus ne pouvant bénéficier que de 3 douches par semaine dans des sanitaires collectifs froids et dégradés. Les punaises prolifèrent tout comme les rats d’ailleurs !
Aussi, depuis plusieurs mois, les conditions de détentions de la prison de Fresnes font-elles régulièrement l’actualité, ce qui, au regard de ce que nous avons constaté lors de notre visite, est pleinement justifié. Le 30 novembre dernier, les avocats d’une dizaine de détenus ont porté plainte auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme.
Comme dans l’ensemble des prisons, le personnel de l’établissement et l’administration pénitentiaire sont les premiers à dénoncer une situation est de plus en plus difficile quand le nombre d’agents stagne alors que celui des détenus a doublé. Il apparaît que l’on puisse compter, par moment, 1 surveillant pour 160 détenus.
C’est pourquoi, et alors que le Président de la République a annoncé, lundi 15 janvier, l’élaboration d’ici février d’un plan d’urgence pour les prisons françaises, il est crucial d’entamer une rénovation de la prison de Fresnes. Cette opération pourrait se faire section par section en transférant les détenus à la prison de la Santé qui devrait rouvrir dans les mois qui viennent.
Parallèlement, il est essentiel d’entendre et satisfaire les revendications des personnel-le-s pénitentiaires : recrutement d’agents tous corps et grades confondus, gestion spécifique et renforcée concernant les détenus radicalisés, fin des services en modes dégradés et revalorisation des traitements dès le début de carrière.
Réitérant notre demande de rénovation prioritaire de la prison de Fresnes et espérant une réponse positive de votre part sur l’ensemble des questions que nous avons soulevées, nous vous prions de recevoir, Madame la Ministre, l’expression de nos sentiments distingués.