Quel sens aurait un partenariat stratégique avec l’Égypte qui se ferait au détriment des droits humains ?
Situation de Ramy Shaath et d’autres prisonniers d’opinion égyptiens -
Par Pierre Laurent / 9 février 2021Lettre à M. Jean-Yves Le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères
Monsieur le Ministre,
Je me permets d’attirer votre attention sur la situation de Monsieur Ramy Shaath, prisonnier politique en Égypte.
Comme des milliers d’autres militants politiques, défenseurs des droits humains, avocats ou encore journalistes, Ramy Shaath, défenseur égypto-palestinien, figure emblématique de la révolution égyptienne, est maintenu arbitrairement en détention préventive depuis juillet 2019, uniquement en raison de son militantisme pacifique. En décembre dernier, le président français évoquait publiquement son cas avec son homologue égyptien lors de sa venue à Paris où il a été reçu avec tous les honneurs malgré la répression féroce qui sévit dans ce pays.
L’épouse française de Ramy Shaath, Céline Lebrun Shaath, expulsée illégalement d’Égypte lors de son arrestation, mène depuis Paris une campagne internationale pour sa libération et la réunification de leur famille. Ces derniers mois ont ainsi vu grandir une mobilisation sans précédent en faveur des prisonniers d’opinion égyptiens, notamment en France, en Europe et aux États-Unis. Ainsi en octobre dernier, près de 300 parlementaires américains et européens adressaient une lettre ouverte au président Al-Sissi demandant leur libération. Par ailleurs en décembre dernier le Parlement européen adoptait une nouvelle résolution appelant expressément à la libération des prisonniers d’opinion dans le pays.
Du fait que pour l’instant les autorités égyptiennes restent sourdes à ces appels il est nécessaire que tous poursuivent la mobilisation entamée et l’amplifient.
Je vous serai reconnaissant, Monsieur le Ministre, de m’indiquer ce que la France compte faire en ce sens et ce notamment en faveur de Ramy Shaath. Quel sens aurait un partenariat stratégique avec ce pays qui se ferait au détriment des droits humains ? Faire l’impasse sur cette question ne serait-ce pas contribuer à une fragilisation encore plus grande de cette région et du continent africain, qui payent encore aujourd’hui les conséquences désastreuses des frappes franco-britanniques en Libye appuyées par les États-Unis.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations les plus distinguées.