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dossier Covid-19 : les politiques libérales en accusation

Peut-on lutter efficacement contre la pandémie de covid-19 avec des méthodes fidèles aux dogmes libéraux, alors que ceux-ci ont précisément conduit à méconnaître la crise puis à l’aggraver, notamment en affaiblissant la recherche et le service public hospitalier ? Pour le gouvernement, la réponse est oui, comme en témoignent sa gestion de la crise et plus particulièrement les dispositions de la loi de finances rectificative et les mesures de l’état d’urgence sanitaire, entré lui en vigueur le 24 mars, qu’il a fait adopter par le Parlement. Pour les membres du groupe CRCE, la réponse est en revanche négative. Ils se sont donc abstenus lors du vote de cette loi de finances rectificative et se sont prononcés contre les mesures d’urgence proposées par Emmanuel Macron : pleins pouvoirs au gouvernement pendant deux mois, sans contrôle ou presque ni vote du Parlement ; dérogations injustifiées au droit du travail en matière de congés, de repos hebdomadaires et dominicaux ; mais refus de mettre à contribution les ménages les plus riches et les actionnaires.

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Les débats

Il me paraît essentiel, dans la période que nous vivons, de prévoir un filet de sécurité pour nos jeunes

Quelles nouvelles politiques publiques à destination de la jeunesse ? -

Par / 3 juin 2020

Cela a été dit, la crise sanitaire et ses conséquences sociales et économiques mettant en lumière de profondes inégalités et, comme souvent, les jeunes en sont les premiers touchés.

Ils sont souvent dans une situation plus précaire que leurs aînés et ils font face, par exemple, au non-renouvellement d’un contrat à durée déterminée, un CDD, ou d’une mission d’intérim, à l’absence de protection sociale liée à l’ubérisation de l’économie et à la difficulté, pour ne pas dire à l’impossibilité, de trouver en ce moment un job d’été, lequel représente, pour beaucoup d’entre eux, le seul revenu de l’année.

Ils s’inquiètent aussi de la remise en cause des stages ou des contrats de professionnalisation ou de la « valeur » qui sera accordée aux diplômes obtenus cette année.

Par ailleurs, alors qu’aucune date n’est fixée pour la reprise des examens du permis de conduire – chacun connaît l’engorgement habituel de ces épreuves –, ils s’interrogent sur l’échéance à laquelle ils pourront obtenir ce permis, souvent indispensable pour décrocher un emploi dans nombre de nos territoires.

Bref, il y a une multitude de questions très concrètes – pardon de cette liste à la Prévert –, auxquelles il faut, je crois, apporter des réponses, avec, comme boussole, l’accompagnement accru de cette génération du confinement, comme le préconise, par exemple, l’Organisation internationale du travail, l’OIT.

Le revenu de solidarité active, le RSA, pourrait être un filet de sécurité salutaire dans cette période, même s’il est évidemment loin d’être suffisant et qu’il ne peut pas constituer un horizon – je vous rejoins sur ce point, monsieur le secrétaire d’État.

Or, depuis des décennies, la majorité est fixée à 18 ans. À cet âge, les jeunes peuvent voter, être salariés, ils doivent payer des cotisations et des impôts, et j’en passe, mais ils se voient toujours refuser l’accès essentiel à ce volet de la solidarité nationale. Pourquoi ?

Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d’État.

M. Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Je vais vous répondre, madame Brulin, mais je veux, au préalable, répondre très rapidement au volet de la question de M. Gattolin sur les jeunes en situation de handicap dans le service civique, que j’avais oublié d’aborder.

Oui, c’est une grande priorité. Quand j’ai été nommé, quelque 1,5 % des jeunes en service civique était en situation de handicap, me semble-t-il. Pourtant, ils ont autant envie de s’engager et autant à apporter que les autres.

Il y a, dans la région nantaise, un collectif – Cap sur l’engagement –, qui a travaillé pendant un an et qui m’a remis des propositions. Mon objectif est que, en 2022, nous ayons atteint 3 % de jeunes handicapés dans le service civique, pour permettre cet essor. Vous avez raison, c’est très important.

Madame Brulin, vous m’avez interrogé sur la question du RSA.

Tout d’abord, je partage votre constat sur les fragilités et sur les difficultés que risquent de connaître des jeunes si l’on ne fait rien. Selon moi, le débat n’est pas de savoir s’il faut agir davantage et renforcer l’accompagnement, financier ou non, des jeunes. Le débat qui crée des divergences entre nous porte sur le comment.

C’est vrai, j’ai dit que je n’étais pas favorable à l’extension du RSA aux moins de 25 ans, parce que, selon moi, nous avons des outils formidables, notamment la garantie jeune, développée par la majorité précédente. Ces outils répondent à des situations de grande précarité de jeunes, au travers d’un accompagnement financier et humain vers l’insertion, et conduisent à des sorties positives de ce dispositif qui sont très favorables.

Je suis d’avis de parier sur ce dispositif et de continuer à le soutenir, y compris en cette période de crise. Je crains qu’un RSA pour les moins de 25 ans ne soit démobilisateur, non pas pour les jeunes, mais pour les structures qui les accompagnent. En effet, l’enjeu demeure l’accompagnement humain des jeunes vers la formation et l’insertion. Bien évidemment, il est également important de soutenir financièrement ceux qui en ont besoin.

Je rappelle qu’un grand chantier a été ouvert, celui du revenu universel d’activité (RUA), pour revoir la manière dont on accompagne les plus précaires de notre pays. La question des jeunes en fait pleinement partie.

Les travaux vont se poursuivre, mais on sait que le revenu universel d’activité doit être mis en place à l’horizon de 2023. Il ne pourra donc pas constituer une réponse immédiate à la crise que nous vivons.

Cependant, je pense que la réflexion structurelle que nous menons dans le cadre du chantier du RUA et les réponses urgentes que nous allons apporter nous permettent d’avancer pour répondre aux problématiques que vous évoquez.

Mme la présidente. La parole est à Mme Céline Brulin, pour la réplique.

Mme Céline Brulin. Vous le savez, monsieur le secrétaire d’État, le RSA, comme son ancêtre, le RMI, comporte normalement un volet insertion. On ne peut donc pas dire que l’on refuse l’insertion à ceux qui bénéficient des minima sociaux. Au contraire !

Au reste, ce que vous dites à la fois sur l’engagement des structures qui accueillent ces jeunes et sur celui des jeunes eux-mêmes est un peu limite : à vous écouter, les jeunes qui touchent ces revenus de solidarité seraient un peu moins prompts à chercher du travail.

On annonce des plans sociaux tous les jours. Nous sommes encore mobilisés, dans un certain nombre de nos départements, sur la situation de Renault. On annonce, malgré des aides de l’État, 4 600 suppressions d’emploi. Vous imaginez bien que ce sont autant de débouchés en moins pour nos jeunes dans des régions industrielles comme les nôtres, où la situation est déjà très difficile !

Il me paraît essentiel, dans la période que nous vivons, de prévoir un filet de sécurité pour nos jeunes et de leur donner le signe qu’ils ont eux aussi droit à la solidarité nationale.

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