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Les débats

La France se battra-t-elle pour sortir l’Europe de cette indignité ?

Présidence française du Conseil de l’Union européenne -

Par / 16 novembre 2021

Monsieur le ministre, depuis plusieurs semaines, quelques milliers de migrants, fuyant le chaos provoqué par les guerres qui ont dévasté leur pays et espérant recevoir en Europe asile et protection, font l’objet d’un odieux marchandage politique.

D’un côté, le président biélorusse Alexandre Loukachenko instrumentalise les malheurs et les espoirs de ces migrants en les jetant sur les barbelés de la frontière polonaise après les avoir cyniquement acheminés sur place.

De l’autre, le gouvernement polonais attise la haine et le racisme contre les migrants, surélève les barbelés, parle de construire un mur et envoie l’armée pour tirer si nécessaire.

Ce gouvernement, qui fustige les droits humains fondamentaux, clame urbi et orbi qu’il se moque du droit européen et sabote depuis des années toute tentative de créer une politique commune solidaire d’accueil des migrants, appelle aujourd’hui l’Union européenne à se tenir à ses côtés, pour en fait l’entraîner dans la confrontation.
Les surenchères vont bon train. Force est de constater que si, pour l’essentiel, elles accablent à juste titre le régime biélorusse, elles exonèrent le gouvernement polonais, qui fait maintenant appel à l’article 4 du traité fondateur de l’OTAN. Les migrants, quant à eux, restent méprisés, ballottés et rejetés par tous.

En fin de compte, l’Union européenne va une fois encore durcir ses dispositifs anti-migrants en s’alignant sur l’un de ses pays membres, dont le gouvernement est pourtant le premier à fouler aux pieds tout esprit de solidarité.

Monsieur le ministre, le nouveau pacte européen sur la migration et l’asile doit être discuté sous la présidence française.

Aussi, la France aura-t-elle le courage de se battre pour faire sortir l’Europe de cette indignité et pour appliquer pleinement le respect du droit international de l’asile ? S’engagera-t-elle pour des politiques européennes s’attaquant aux causes de l’exil – les guerres, les changements climatiques et les pillages de ressources, dans lesquels les pays européens ont de lourdes responsabilités – et pour la construction de voies légales, coopératives et sécurisées de migration, seules à même de tarir les trafics humains d’exploitation de la misère ?

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Pierre Laurent, j’ai rappelé dans mon propos introductif que, si le pacte sur la migration et l’asile était sur la table depuis la fin de 2020, bien des difficultés demeuraient néanmoins, tant les positions sur ce sujet sont divergentes. Je répondrai à d’autres questions sur ce sujet, mais je veux déjà vous dire que, si l’on veut avancer, il faudra agir et décliner une position acceptable, entre solidarité et responsabilité.
Pour en revenir à la question biélorusse que vous avez évoquée, il faut tout de même identifier la responsabilité initiale de la situation actuelle. Il existe bien un certain Loukachenko, qui organise des flux migratoires, les instrumentalise et les manipule. Voilà la réalité !

Face à ces agissements, il faut avoir une posture ferme ; c’est bien celle qu’ont adoptée hier les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne, une posture à la fois de soutien et de solidarité, parce que le but de la manœuvre n’échappe à personne : c’est de déstabiliser l’Union européenne et de rompre son unité. C’est pourquoi des sanctions ont été imposées ; elles sont absolument indispensables.
Il faut en parallèle aider les pays concernés à faire face à l’afflux de migrants, mais aussi à respecter le droit humanitaire ; c’est ce que nous faisons.

Quant à l’article 4 du traité de l’Atlantique Nord, j’étais hier à la réunion des ministres des affaires étrangères et j’aurais donc pu être témoin d’une référence qu’y auraient faite les autorités polonaises présentes à cette réunion : je puis vous assurer que rien de tel n’a eu lieu. Je considère donc que cette question ne se pose pas.

Il importe en tout cas que nous soyons extrêmement fermes sur ces enjeux, mais aussi que nous communiquions d’une manière adéquate pour dissuader les migrants potentiels de certains pays de suivre les recruteurs – puisque recruteurs il y a – qui leur font miroiter des rêves qui ne seront pas au rendez-vous.

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