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Les débats

La métropolisation a fait péricliter les centres-villes et dénaturé les paysages

Revitalisation des centres-villes -

Par / 10 juin 2021

Monsieur le secrétaire d’État, alors que le programme Action cœur de ville ne vise que 222 villes moyennes, des centaines de centres-villes et centre-bourgs sont concernés par l’éloignement des commerces et services, la dégradation du logement et le départ de leurs habitants. Les enjeux sont d’autant plus forts aujourd’hui avec l’impact de la crise sanitaire et économique.

Revitaliser implique nécessairement de recréer du lien social, un rapport de proximité entre les citoyens, les élus et l’État, dont la présence doit se faire sentir partout et de manière égale pour toutes et tous.

La métropolisation a fait péricliter des zones de vie au profit de zones périphériques, dénaturant nos paysages et faisant concurrence à nos commerçants. À cela se sont ajoutés la réorganisation et le recul des services de l’État sur l’ensemble du territoire.

En se retirant des territoires les plus ruraux, l’État n’assure plus l’impératif de proximité. Par exemple, depuis 2013, quelque 535 trésoreries et 75 services des impôts ont été supprimés, et 40 % des maternités ont fermé en vingt ans. Dans mon département du Nord, 64 trésoreries supplémentaires devront être fermées d’ici à 2024. Et nous savons tous que les postes supprimés ne sont jamais compensés.

Dans une récente enquête intitulée Les filles du coin : vivre et grandir en milieu rural, la sociologue Yaëlle Amsellem-Mainguy décrit l’impact de l’éloignement et de l’absence des services publics sur les jeunes filles de milieu populaire en zone rurale. Celles-ci se trouvent confrontées à l’injonction sociale au départ vers les métropoles, car, dans leur village, elles ne se sentent pas prioritaires dans les politiques publiques. Que leur répondez-vous ?

Les maisons France Services imposent aux collectivités une prise en charge financière excessive, alors qu’elles assurent de nombreuses démarches de l’administration d’État. Comment justifier de telles inégalités territoriales, conséquences de ce désengagement ?

L’aménagement du territoire est vu comme une politique de soutien aux projets proposés par certains acteurs locaux, en compétition pour obtenir le précieux sésame financier, et non plus comme un réel accompagnement d’ingénierie territoriale. Comment comptez-vous améliorer l’accessibilité et la lisibilité des moyens mis à la disposition des petites collectivités ?

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État.

M. Joël Giraud, secrétaire d’État auprès de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé de la ruralité. Madame la sénatrice Gréaume, vous avez raison de souligner que le programme Action cœur de ville ne concernait que 222 villes moyennes à l’origine, alors que la dévitalisation en touche beaucoup d’autres. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle a été créé le programme Petites villes de demain, qui concerne 1 623 villes à ce jour, réparties sur l’ensemble du territoire. Ces dernières se voient proposer un accompagnement très renforcé sur les thématiques prioritaires pour les élus : sécurité, patrimoine, commerce, habitat.

Finalement, j’ai envie de dire que vous validez notre méthode, celle du partenariat et de l’interministériel. C’est la fin du travail en silo, qui a toujours posé des problèmes en matière de politiques publiques et d’administration.

Sur les fermetures de services publics dans les territoires ruraux, ce gouvernement est quand même à l’origine d’une inflexion – la première depuis de nombreuses années – dans la dynamique de baisse des effectifs dans ces territoires. Cette volonté d’y réarmer l’État a d’ailleurs été réaffirmée par le Premier ministre lors du comité interministériel de la transformation publique (CITP) du 5 février dernier, et elle se manifeste par la création de 2 500 emplois dans les services déconcentrés de l’État, ainsi que par la délocalisation de certains services d’administration centrale.

La réforme de la DGFiP que vous avez évoquée in fine a donné plus de stabilité au service public en sortant d’une logique de baisse au coup par coup pour privilégier des conventions départementales avec engagement de ne pas modifier les implantations durant six ans. Cependant, je vais examiner de plus près les questions de remise des dépôts aux comptables publics dans un certain nombre de secteurs où la confusion entre La Poste et La Banque postale pose parfois quelques problèmes.

Vous m’interrogez également sur la priorité que nous devons donner à la jeunesse, notamment aux jeunes filles, en milieu rural. J’ai justement décidé de m’investir particulièrement sur ces thématiques, qui ne figuraient pas dans l’Agenda rural. La jeunesse y était, mais de manière marginale, et l’égalité entre les femmes et les hommes, ainsi que les droits des jeunes LGBT en milieu rural étaient absents.

Nous avons donc fait un maximum de choses dans le cadre de cette politique, et je vous rappelle que nous avons créé des volontaires territoriaux en administration (VTA), des étudiants de niveau bac+2 au minimum, qui sont aujourd’hui les collaborateurs des collectivités territoriales dans le monde rural.

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