Les questions au gouvernement
Que faites-vous face aux choix désastreux de Sanofi ?
Stratégie vaccinale -
Par Pascal Savoldelli / 20 janvier 2021Le laboratoire Sanofi a annoncé la suppression 1 000 emplois en France, dont 400 dans la recherche et développement. De 2008 à 2021, le nombre de sites de Sanofi est passé de onze à quatre. Avec ces dernières annonces, il descendra encore à trois.
En Val-de-Marne, madame la ministre de l’industrie, j’ai connu, sous votre gouvernement, la fermeture du site d’Alfortville, dédié à la sécurité du médicament, qui s’est traduite par la suppression de 300 emplois. Allez voir ces 300 femmes et hommes et dites-leur que la perte de leur emploi n’était pas contrainte ! Ces décisions du groupe Sanofi ont chaque fois écœuré les chercheurs.
Ma collègue Laurence Cohen vous avait interpellée la semaine dernière pour savoir quelles mesures ce gouvernement comptait prendre pour préserver l’emploi dans ce secteur, alors même que nous traversons une épidémie mondiale.
Vous nous dites que le vaccin est une prouesse technique – bien sûr que nous nous en réjouissons ! –, que la France produit trois des six vaccins validés à l’échelle européenne – très bien ! –, mais que faites-vous des centaines de suppressions d’emplois prévues par Sanofi, alors même que l’entreprise a touché près de 1 milliard d’aides publiques en dix ans et qu’elle a versé 4 milliards d’euros à ses actionnaires ?
Madame la ministre, pouvez-vous nous donner l’assurance que Sanofi va investir en France ou en Europe les 2 milliards que vous évoquiez voilà quelques instants ? Touchera-t-elle des aides publiques ? Qu’allez-vous faire face aux choix stratégiques de Sanofi, en train de rater un rendez-vous sanitaire, social et démocratique ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE et sur des travées du groupe SER.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l’industrie.
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’économie, des finances et de la relance, chargée de l’industrie. Monsieur le sénateur, je crois qu’il n’y a aucune ambiguïté sur le fait que la santé est un secteur prioritaire de notre politique économique et de notre politique industrielle.
Je veux redire ici que c’est ce gouvernement et ce Président de la République qui ont mis en place le Comité stratégique des industries de santé. Pendant des années, les industries pharmaceutiques n’ont pas été suffisamment soutenues en France. Les productions se sont déplacées dans d’autres pays, notamment en Allemagne.
Un chiffre est particulièrement frappant : notre production de produits pharmaceutiques en parts de marché mondial a été divisée par deux entre 2005 et 2015. C’est contre cela que nous sommes en train de lutter, monsieur Savoldelli, tant sur le plan de la recherche et du développement que sur le plan industriel.
Vous évoquez Sanofi. J’aurais aimé que vous citiez les projets de création d’emplois que cette entreprise a pour le vaccin. Le site de production de Marcy-L’Étoile a pu voir le jour grâce à l’action du Gouvernement, alors que ce projet était en compétition avec Singapour.
J’aurais aussi aimé que vous rappeliez qu’Olivier Véran et moi-même avons lancé en juin dernier un appel à projets pour accompagner le déploiement de nouvelles capacités de production. Aujourd’hui, si trois sites français fabriquent le vaccin avec Récipharm, Delpharm et Fareva, ce n’est pas par l’opération du Saint-Esprit, mais grâce à l’action déterminée du Gouvernement.
Dans le plan de relance que nous menons avec Bruno Le Maire, avec le Premier ministre et avec le Président de la République, 35 milliards d’euros sont consacrés à l’industrie, à l’innovation, à la reconquête industrielle.
Aujourd’hui, nous nous donnons les moyens d’avancer pour faire en sorte que cette crise ne soit pas une saignée industrielle, comme en 2008, et pouvoir rebondir le plus rapidement possible. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. Bruno Le Maire, ministre. Bravo !
M. le président. La parole est à M. Pascal Savoldelli, pour la réplique.
M. Pascal Savoldelli. Madame la ministre, j’ai discuté avec des salariés, des chercheurs. Sanofi peut d’ores et déjà organiser la fabrication des vaccins en France. Demandez-lui de le faire !
Par ailleurs, il faut avoir une vision stratégique. Pourquoi l’État ne monterait-il pas au capital de Sanofi ? Pourquoi avoir refusé la création d’un pôle public du médicament ? Il faut une grande ambition pour la santé en France.
M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.
M. Pascal Savoldelli. On ne vous demande pas de faire appel au Saint-Esprit ; seulement d’avoir cette ambition pour la France et de surmonter cette crise sanitaire.