Industrie du Toursime
Question Crible au Ministre des Affaires Etrangères -
Par Michel Le Scouarnec / 4 décembre 2014Pour beaucoup le tourisme c’est avant tout les vacances, où l’impatience du départ est vite balayée par la joie de partir vers de nouveaux horizons. Derrière ces moments de bonheur se cache une véritable industrie et une économie importante puisqu’elle représente 6,5% de notre PIB et génère près de 900 000 emplois salariés directs.
Au-delà des préoccupations légitimes liées au poids économique de cette industrie, nous ne pouvons pas ignorer la situation des salariés du secteur, où la proportion de bas salaires est très forte. À cela s’ajoute le recours massif aux emplois saisonniers, synonymes trop souvent, d’atteintes au droit du travail, de précarité et de conditions de logement et de santé dégradées. Pourtant, cet état de fait est connu depuis longtemps et des solutions existent. Quand comptez-vous les mettre en œuvre ?
Les professionnels du tourisme ont vu leurs métiers se transformer nécessitant notamment, des formations adaptés aux exigences de ces évolutions. Une initiative novatrice est portée en Bretagne sur l’hôtellerie en plein air avec la mise en place d’une formation originale à destination des professionnels, alternant des cours pratiques et théoriques sur 3 ans, avec en finalité, l’obtention d’un diplôme mais surtout d’un contrat à durée indéterminée. Ce dispositif pérennise la main d’œuvre en la qualifiant tout en permettant à nos territoires, à nos entreprises et à nos salariés d’envisager un développement économique durable. Cette plus-value professionnelle pourrait être soutenue d’une part et étendue à d’autres régions d’autre part. Monsieur le Ministre, pourriez-vous envisager de développer de telles offres de formation ?
Malgré leurs liens étroits avec les Collectivités, les offices de tourisme sont soumis à la baisse des dotations. La régionalisation et le transfert des compétences posent des interrogations tant dans l’organisation que dans la définition de leurs dynamismes en terme de développement touristique. Comment percevez-vous les perspectives de la réforme territoriale sur le secteur du tourisme ?
Réplique
Dans ce contexte économique morose, le droit aux vacances n’est toujours pas une réalité pour 30 % des enfants de notre territoire. Un quart des jeunes de 5 à 19 ans ne serait pas parti en voyage pendant au moins quatre nuits de suite. Le tourisme social est en perte de vitesse, sans parler de la situation désastreuse des colonies de vacances. Celles-ci sont pourtant un véritable acteur de lien et de mixité social. Hélas rien ne semble vouloir être fait pour permettre à toutes les familles de partir en vacances et gommer ainsi, une certaine forme d’inégalité sociale.
Face à ce constat, les collectivités territoriales ont de moins en moins de moyens pour porter une politique ambitieuse de tourisme social. Le recul de grandes entreprises publiques et de grands comités d’entreprise a eu également des conséquences sur les vacances des familles, particulièrement les moins aisées d’entre elles.
Selon nous, mettre tout en œuvre pour que la France garde sa place d’excellence dans ce secteur nécessiterait donc d’intégrer des exigences sociales et des objectifs environnementaux. Cela supposait de disposer de l’appui de l’État – et non son désengagement -, mais également de redéfinir en coopération étroite avec les collectivités territoriales un projet national d’ambition, ancré dans nos territoires.
La fracture touristique est bien là. Le 12 novembre 2012, une mission pour réduire les inégalités en matière d’accès aux vacances avait été initiée avec comme objectif louable de vouloir rendre effectif le droit aux vacances pour tous. Sa concrétisation se fait toujours attendre et les moyens en faveur du tourisme social également. Nous le regrettons.