Groupe Communiste, Républicain, Citoyen, Écologiste - Kanaky

Les questions d’actualité

Avec le vote de la loi, le contrôle de l’action du gouvernement est constitutionnellement l’autre grande prérogative du Sénat. Celle-ci s’exerce notamment au travers des questions d’actualités (deux jeudis par mois), des questions orales, avec ou sans débat, et des questions écrites.

Lire la suite

Retraites : le gouvernement va-t-il enfin écouter la rue ?

Par / 15 mai 2003

par Roland Muzeau

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Mes cher(e)s collègues,

Les salariés du secteur public, du secteur privé, les citoyens, jeunes ou moins jeunes, qui se sont mobilisés dans la grève et sont massivement descendus dans la rue ce mardi, ont dit non au fatalisme en matière de retraite ; non à votre projet, facteur de recul social pour les générations présentes et à venir.
L’ampleur du mécontentement vous a contraint à quelques aménagements.

Mais, dès le départ, le gouvernement annonçait, par la voix de son Ministre des Affaires sociales « qu’il n’y avait pas d’alternative à la réforme ». Les négociations de cette nuit ne pouvaient donc qu’échouer.
La seule certitude que peuvent aujourd’hui avoir les Français, c’est que désormais, ils devront travailler plus longtemps, bien au-delà de 60 ans et avec des retraites réduites.

Vous refusez toujours d’annuler les mesures BALLADUR, dont les salariés retraités du privé font déjà les frais.
La question centrale, celle du financement, n’est toujours pas abordée.

Monsieur le Premier Ministre, vous devez entendre la colère, la déception, les insatisfactions exprimées et y répondre, sauf à prendre la responsabilité de laisser s’installer une grave crise sociale.
Les déclarations intempestives de vos ministres, sur les « prétendues » grèves illégales, sur la prise en otage des non grévistes, sont de véritables provocations.

Monsieur le Premier Ministre, les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen, vous demandent de retirer ce projet, d’ouvrir de véritables négociations avec l’ensemble des organisations syndicales ou seraient posés tous les paramètres, discutées toutes les solutions, y compris celle de consacrer une part plus importante des richesses produites et des revenus financiers au financement de notre système par répartition.
C’est un choix politique, un choix de société. Mais il est vrai qu’il est à l’opposé de la vision ultralibérale que vous avez.

Allez-vous, Monsieur le Premier Ministre, enfin accepter de mettre en discussion les propositions formulées par les organisations syndicales pour d’autres financements garantissant le droit à la retraite à 60 ans et le pouvoir d’achat des retraités du public et du privé ?

M. FILLON, ministre des Affaires sociales. Aujourd’hui, il y a dix millions de retraités ; en 2040, on en comptera vingt ! Le nombre d’actifs aura diminué.

 Mme LUC. Et les deux millions de chômeurs ?

 M. FILLON, ministre des Affaires sociales. - Sur 15 pays européens, 14 ont allongé la durée de cotisations, pour prendre en compte l’allongement de l’espérance de vie et mieux partager l’effort. Il ne faut pas le faire entièrement porter sur les jeunes actifs ! (Vives protestations sur les bancs du groupe C.R.C.)

 Nous discutons avec les partenaires sociaux, dont certains souhaitent améliorer le projet.

 M. BRET. Et les revenus financiers ?

 M. FILLON, ministre des Affaires sociales. - Le débat est engagé depuis trois mois. Dès le début, j’ai reçu les responsables du parti communiste. Je regrette de dire qu’il n’y a pas d’alternative au projet du gouvernement. (Très vives protestations sur les bancs du groupe C.R.C.), sauf une vague référence non chiffrée à un prélèvement sur les revenus financiers. (On s’indigne à gauche.)

 Quel en serait l’impact sur l’économie, la croissance, l’emploi, et la sécurité des retraites elles-mêmes ? (Exclamations à gauche.)

 M. BOULAUD. C’est l’avis du baron.

 M. SIGNÉ. La voix de son maître !

 M. FILLON, ministre des Affaires sociales. - Vous n’êtes pas obligés d’employer l’insulte dans un débat délicat qui, dans la plupart des pays européens aura été consensuel. (Applaudissements au centre et à droite.)

 Financer les retraites avec les bénéfices des entreprises ? Ils sont trop fluctuants pour garantir des retraites stables et solides. Il n’y a pas d’alternative au projet du gouvernement, à preuve l’abrogation de la réforme Balladur, que vous auriez pu faire pendant cinq ans et que vous n’avez pas faite !

 Mme Marie-Claude BEAUDEAU. Nous avons agi en ce sens !

 M. BOULAUD. Seillière à Matignon !

 M. LE PRÉSIDENT. Gardez sa dignité au débat !

Les dernieres interventions

Les questions d’actualité L’école publique privée de moyens

Question d’actualité du 14 février sur l’avenir de l’école publique - Par / 15 février 2024

Les questions d’actualité Allez-vous demander la confiance ?

Question d’actualité au Gouvernement après la nomination de Gabriel Attal - Par / 18 janvier 2024

Les questions d’actualité 1000 milliards de perdus

... Mais pas pour les paradis fiscaux - Par / 25 octobre 2023

Administration