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Les questions d’actualité

Avec le vote de la loi, le contrôle de l’action du gouvernement est constitutionnellement l’autre grande prérogative du Sénat. Celle-ci s’exerce notamment au travers des questions d’actualités (deux jeudis par mois), des questions orales, avec ou sans débat, et des questions écrites.

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À l’évidence, les choses ne se passent pas comme vous l’aviez prévu

Cheminots, étudiants, personnels de santé... -

Par / 5 avril 2018
À l’évidence, M. le Premier ministre, les choses ne se passent pas comme vous l’aviez prévu
par [Groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste->https://www.youtube.com/channel/UCGMy4lcU26bYb4ZFHYMZQZw]
https://youtu.be/Ux8l4UB9WXA
À l’évidence, les choses ne se passent pas comme vous l’aviez prévu

Monsieur le Premier ministre, de toute évidence, les choses ne se passent pas comme vous l’aviez prévu : la mobilisation sociale, particulièrement celle des cheminots, recueille le soutien d’une majorité de l’opinion.

Le Président de la République a fait une erreur qu’il risque de payer cash, celle de tenter de diviser notre peuple, en opposant, par exemple, les retraités agricoles aux cheminots. Il a fait une erreur en traitant de privilégiés ceux qui travaillent dur et de délinquants potentiels ceux qui ne travaillent pas.

L’impact de ces erreurs et de ces provocations est démultiplié par l’affichage d’une présidence pour les riches, avec l’hallucinante suppression de l’ISF pour les actionnaires, qui fournissent pourtant le gros des bataillons des évadés fiscaux ! (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.)

Le Président de la République a fait une erreur, car il a profondément sous-estimé l’attachement de notre peuple au service public, à l’intérêt général, à l’égalité.

La lutte des cheminots, monsieur le Premier ministre, est comprise d’une large majorité d’usagers qui connaissent eux aussi, dans leur entreprise, chez Carrefour par exemple, la violence sociale. Toutes et tous ont besoin du service public que vous menacez !

La mobilisation des étudiants contre Parcoursup et la ségrégation sociale vous surprend. Vous pensiez avoir réglé la question par un débat express au Parlement et une application précipitée des nouvelles règles de sélection. Là aussi, c’était sans compter sur l’attachement profond de notre jeunesse à l’égalité et à l’intérêt général. Cette mobilisation rejoint celle des retraités, des fonctionnaires, du monde de la justice, du secteur de la santé, ainsi que la lutte des cheminots.

Monsieur le Premier ministre, vous devez prendre conscience de la colère qui monte contre cette politique. Vous devez stopper cette avalanche de projets et de mesures imposés sans débat ou presque. Monsieur le premier ministre, allez-vous faire le choix de l’affrontement social ? Allez-vous provoquer le désordre, ou allez-vous écouter, débattre et négocier ? Pour clore mon intervention, je me permets de vous remettre un rapport très intéressant du cabinet Degest, qui vous incitera peut-être à négocier davantage avec les cheminots… (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et sur des travées du groupe socialiste et républicain.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Madame la présidente Assassi, je vous remercie de bien vouloir me transmettre ce document. (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.) Je le lirai évidemment avec attention.

Vous parlez d’erreurs commises par le Gouvernement et vous évoquez une colère généralisée.

Nul ici ne pourra le contester, j’ai toujours marqué le plus grand respect pour les libertés constitutionnellement garanties, dont la liberté de faire grève. Je dis, j’ai toujours dit et je dirai toujours que l’ensemble du corps républicain s’honore à les respecter.

J’ai toujours indiqué également, madame Assassi, qu’il serait irrespectueux de n’écouter que les grévistes et de ne pas écouter l’immense majorité de Françaises et de Français qui ont besoin de se déplacer en train et qui ne comprennent pas cette grève. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et du groupe Les Indépendants – République et territoires.)

Il serait tout aussi irrespectueux, madame Assassi, de ne pas écouter les très nombreux étudiants choqués par les agissements violents d’une infime minorité qui n’est pas toujours étudiante (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, du groupe La République En Marche et du groupe Les Indépendants – République et territoires, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste. – Protestations sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et sur des travées du groupe socialiste et républicain.)…

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre et à lui seul !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Madame la présidente Assassi, je vous ai écoutée avec beaucoup d’attention, et j’essaie maintenant de vous répondre.

Je constate que, actuellement, dans les universités, une petite minorité agissante, souvent manipulée par l’extrême gauche (Protestations sur des travées du groupe socialiste et républicain.),…

Mme Éliane Assassi. À Montpellier, ce n’est pas l’extrême gauche !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. … se livre à des violences, qui déclenchent parfois une violence d’extrême droite. (Protestations sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et sur des travées du groupe socialiste et républicain.)

Je condamne évidemment la violence, qu’elle soit d’extrême gauche ou d’extrême droite. La situation n’est pas celle que vous décrivez. Elle s’apparente plutôt à une manipulation, conduisant parfois à vouloir remettre en cause, dans les amphithéâtres ou dans la rue, les résultats d’élections démocratiques qui, à ce titre, doivent être au moins autant respectées que l’expression publique de mécontentements. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires.)

M. Martial Bourquin. Et le Parlement ?

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Notre objectif, madame Assassi, est non pas de casser le service public, comme vous l’affirmez parfois, mais, au contraire, de faire en sorte que, dans le monde d’aujourd’hui, ouvert à la concurrence, la SNCF puisse améliorer la qualité du service qu’elle offre aux Français. Pour l’heure, vous le savez parfaitement, celle-ci se dégrade. Reconnaissez-le !

Je n’ai jamais imputé cette dégradation aux cheminots ; elle tient à des raisons extrêmement diverses, qui n’ont rien à voir, madame la présidente, avec l’action gouvernementale des neuf derniers mois. Je citerai le sous-investissement, qui dure depuis beaucoup trop longtemps, les lourdeurs du fonctionnement de l’entreprise, que vous connaissez, le morcellement organisationnel de la SNCF, avec ses trois EPIC, qui ne permet pas l’unité et la souplesse dont a besoin l’entreprise.

Nous voulons faire en sorte que l’entreprise publique SNCF puisse apporter à l’ensemble des usagers un service de qualité. C’est possible, madame Assassi. Il n’est que de voir ce qui se passe dans un pays voisin, pas si différent du nôtre.

M. Martial Bourquin. Le Royaume-Uni ?

M. Édouard Philippe, Premier ministre. En Allemagne, une entreprise à capitaux publics, dans un monde concurrentiel, réussit à améliorer la qualité du service rendu aux usagers. Nous entendons nous inspirer de ce modèle.

M. Pierre-Yves Collombat. Plutôt du modèle anglais !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. C’est notre seul objectif, madame la présidente, et nous allons faire en sorte de l’atteindre, avec la volonté de débattre des éléments ouverts à la discussion, mais aussi avec une très tranquille et très ferme détermination d’avancer, parce que notre pays en a besoin ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe Union Centriste et du groupe Les Indépendants – République et Territoires, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

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