Les questions d’actualité
Les Kanaks au coeur de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie
Par Robert Xowie / 11 octobre 2023Le peuple kanak n’est pas l’ennemi du peuple français ; il veut mettre fin à une histoire coloniale de 170 ans.
Merci M. le Président, ma question s’adresse au Ministre de l’intérieur et des Outre-mer.
C’est la première fois que je m’exprime devant cette assemblée. Je voudrais le faire avec respect et humilité envers le peuple français que vous représentez.
Le peuple kanak n’est pas l’ennemi du peuple français ; il veut mettre fin à une histoire coloniale de 170 ans.
Le gouvernement a remis le 6 septembre 2023 un document présenté comme un « projet d’accord » et qui aurait vocation à être le support d’une révision de la Constitution.
Ce texte commence par dire que le peuple calédonien a manifesté sa volonté que la Nouvelle-Calédonie reste dans la France. Je rappelle qu’au troisième référendum, 56% des Calédoniens se sont abstenus dont plus de 90% de Kanaks. “Le peuple calédonien sans le peuple kanak n’existe pas” (disait l’historien calédonien) José Barbançon. Ce résultat est contesté devant l’ONU.
Que dit ce document ?
– D’abord, il abandonne toute trajectoire de décolonisation. Les référendums envisagés visent à faire accepter un statut d’autonomie dans la France, prétexte à la désinscription de notre pays de la liste des territoires à décoloniser.
– Il vise ensuite à se substituer à l’Accord de Nouméa en lui faisant perdre sa valeur constitutionnelle.
– Il veut enfin ouvrir le périmètre du peuple calédonien aux arrivants ayant 10 ans de résidence. Un corps électoral glissant légitime la colonie de peuplement, ce qui est contraire aux resolutions de l’ONU et aux équilibres négociés en 1998.
Le manque d’impartialité amène aujourd’hui à un débat stéril. Il est nécessaire que l’Etat puisse comprendre que le temps du palabre est un temps de sagesse.
Monsieur le Ministre ma question est la suivante : Sans consensus, le gouvernement compte-il, contre l’avis du FLNKS et comme au 3ème référendum, passer en force cette révision constitutionnelle, ou envisage-t-il de présenter lors des bilatérales de décolonisation, un nouveau document qui se situerait enfin dans la continuité historique de l’accord de Nouméa ?