Les questions d’actualité
Réforme de l’audiovisuel : retour à l’ORTF ?
Par Ian Brossat / 5 juin 2024Monsieur le Premier ministre, les élections européennes auront lieu ce dimanche.
Plus l’échéance approche, moins vous semblez serein. Plus l’échéance approche, plus vous êtes fébrile.
Il y a deux semaines, vous organisiez un débat sur mesure avec M. Bardella sur le service public. Ce lundi, vous débouliez sur le plateau de France Info, où vous n’étiez pas invité, pour tenter maladroitement de sauver votre candidate de la noyade. Ce jeudi, le Président de la République mobilise les médias à vingt-quatre heures de la fin de la campagne électorale, ce qui vous a valu une mise en garde de l’Arcom.
La réforme de l’audiovisuel n’a pas encore été votée que le bon vieux temps de l’ORTF est déjà revenu : votre ministre de la culture en vante les mérites, mais c’était un temps où les titres du journal télévisé étaient dictés par le ministère de la communication.
À quel naïf voulez-vous faire croire que votre réforme est autre chose qu’une reprise en main de l’audiovisuel ?
Mme Rachida Dati, ministre de la culture :
Je vous répondrai sur l’irruption du Premier ministre sur le plateau de France Info, mais je veux d’abord vous parler de l’audiovisuel public. La télévision et la radio publiques ne sont pas des chaînes comme les autres. Nous y sommes tous très attachés, comme les Français et l’ensemble des 16 000 agents de l’audiovisuel public. Mais le paysage a changé depuis vingt-cinq ans...
Il existe désormais 27 chaînes privées et des plateformes numériques ont surgi. Elles captent de l’audience et des recettes publicitaires.
Partout en Europe, l’audiovisuel public a rassemblé ses forces ; nous devons le faire aussi. Je remercie le président Lafon de son travail, ainsi que les sénateurs Hugonet et Vial. Il y a une urgence à regrouper ces forces pour les générations futures qui subissent la désinformation.
Sur l’irruption du Premier ministre sur un plateau - pour reprendre vos termes - ,je vous renvoie aux explications de la présidente de Radio France, qui l’a contraint à venir sur un plateau pour parler des élections européennes.
Je vous renvoie aux explications de la présidente de Radio France. Elle l’a forcé à venir sur le plateau.
Ian Brossat :
Madame la ministre de la culture, je suis inquiet d’apprendre que le Premier ministre a été victime d’une forme de kidnapping à Radio France !
Il est paradoxal d’expliquer que les temps sont différents de ceux de l’ORTF tout en engageant une réforme qui ne fait qu’y revenir.