Les questions écrites
Restrictions d’accès gratuits au Louvre
Par Jean-François Voguet / 3 février 2005M. Jean-François Voguet interroge M. le ministre de la culture et de la communication sur les restrictions d’accès gratuits, décidées par le conseil d’administration du musée du Louvre. Auparavant tous les artistes plasticiens, les enseignants et les étudiants avaient droit d’accéder gratuitement aux expositions permanentes de tous les musées nationaux. Ce libre accès au Louvre, pour tous les artistes, remonte à plus de trois cents ans, avant même que celui-ci ne devienne un musée. Ainsi la mesure prise remet gravement en cause l’indispensable démocratisation de la culture qui passe entre autres par le développement des actions éducatives et de formation continue visant à assurer la transmission de la mémoire fondée sur le patrimoine artistique que nous ont légué les précédentes générations. Ce faisant le Louvre, établissement public à caractère culturel, restreint le champ de ses missions de service public. Après une telle décision, il est maintenant à craindre que d’autres musées nationaux adoptent une même démarche. Aussi, il lui demande de l’informer sur les mesures qu’il compte prendre afin de rétablir, sans aucune restriction au regard des pratiques existantes il y a encore peu de temps, l’ensemble des missions de service public de cet établissement, et pour empêcher que les mesures de restrictions prises par le musée du Louvre ne s’étendent aux autres musées nationaux.
Réponse du Ministère de la culture et de la communication, publiée dans le JO Sénat du 17/03/2005
L’honorable parlementaire a appelé l’attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur les tarifs appliqués par le musée du Louvre aux artistes professionnels, ainsi qu’aux enseignants et étudiants d’art. Il convient d’abord de rappeler que, depuis 1996, l’accès aux collections permanentes du musée du Louvre est gratuit pour tous les visiteurs le premier dimanche du mois. Expérimentale à l’origine, puis étendue à l’ensemble des musées nationaux, cette mesure de démocratisation culturelle constitue une alternative simple et efficace au système des catégories dérogatoires. Leur accumulation au cours du temps était à l’origine d’une tarification complexe et opaque, non seulement peu intelligible du public mais encore difficilement maîtrisable par les personnels chargés des caisses et de l’accueil. En effet, la catégorie du visiteur - selon son âge, les disciplines étudiées, sa situation professionnelle, ses difficultés sociales, etc. - se combine à d’autres paramètres tels que la visite des collections permanentes et/ou des expositions temporaires, le choix de visite individuelle ou en groupe, l’horaire de la visite, l’éventuelle réservation, les options retenues dans le cadre des services au public - visite guidée, location d’audioguide, ateliers, etc. Parmi les mesures de simplification, le Louvre s’est proposé récemment de rassembler, dans son tarif, une dizaine de catégories bénéficiaires de conditions d’accès privilégiées et jusque-là dispersées : il est proposé aux visiteurs de ces catégories une carte unique « Louvre-Professionnels » donnant droit notamment, pendant une année, à l’accès sans paiement, illimité et sans attente, tant aux collections permanentes qu’aux expositions temporaires. Compte tenu de la gratuité offerte à tous les visiteurs le premier dimanche du mois, cette facilité s’adresse à certaines catégories qui bénéficiaient d’une gratuité catégorielle (notamment enseignants en exercice) mais elle vise aussi des catégories pour laquelle l’exonération était plus ambiguë ou moins facile à justifier en pratique. Toutefois, sachant qu’il ne s’agit pas de publics en difficulté, mais pour l’essentiel des professionnels visitant ce musée à de nombreuses reprises pour mener à bien leur activité, le prix de cette carte est particulièrement modique : actuellement 30 EUR par an, soit l’équivalent de quatre visites à plein tarif. Mais, pour ne pas pénaliser ceux des enseignants qui respectent l’esprit de la gratuité catégorielle (il s’agit de favoriser la préparation, dans le cadre scolaire, de visites groupées d’élèves encadrés par leurs enseignants) ainsi que ceux dont l’exercice professionnel, de par la discipline enseignée, demande de fréquentes visites dans les musées, le Louvre maintient l’exonération de droit d’entrée pour les enseignants ayant encadré leur classe lors d’au moins une visite annuelle, et sans condition pour les enseignants en arts plastiques. En outre, un accord de partenariat ayant été passé mi-décembre 2004 avec la Maison des artistes, organisme gestionnaire du régime de sécurité sociale des artistes plasticiens, le Louvre accorde désormais la gratuité à l’ensemble des affiliés à ce régime (30 000 personnes) et non aux seuls adhérents de la Maison des artistes. Cette gratuité a été étendue aux artistes plasticiens étrangers qui n’en bénéficiaient pas auparavant.