Les questions écrites
Empêcher que les intérêts de grands groupes privés prennent le pas sur l’intérêt général de l’humanité
Sommet de l’ONU des 23 et 24 septembre 2021 sur les systèmes alimentaires -
Par Pierre Laurent / 27 septembre 2021Question écrite n° 24620
Texte de la question :
M. Pierre Laurent attire l’attention de M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères sur le sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires qui s’est tenu les 23 et 24 septembre 2021. Les plans d’ajustement structurels contribuent fortement depuis des dizaines d’années à la situation préoccupante de ces mêmes systèmes alimentaires. Alors qu’il est essentiel de remédier notamment au fait qu’encore 10 % de l’humanité souffre de la faim, un chiffre en hausse depuis plusieurs années, force est de constater néanmoins que le sommet cité plus haut a fait l’objet de nombreuses critiques. Mi-août 2021, le rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation déplorait dans une note publique un manque de transparence dans la gouvernance du sommet et listait une série de mesures urgentes à prendre pour en faire un événement véritablement multilatéral. Le 22 septembre il a également indiqué que ce sommet est un échec et qu’il se présente à tort comme un “sommet des peuples”. Il a enfin indiqué que plus de 500 organisations représentant des millions de personnes avaient essayé de participer aux instances préparatoires du sommet et avaient constaté que leur voix était marginalisée. En octobre 2020, le « mécanisme de la société civile », qui siège au Comité de la sécurité alimentaire (CSA) de l’organisation des nations unies pour l’agriculture et l’environnement (FAO) et représente 550 organisations, avait dénoncé le manque de légitimité de cette initiative, issue d’un partenariat entre l’ONU et le Forum économique mondial, et indiqué son intention de la boycotter. Fin juillet le panel de scientifiques du International Panel of Experts on Sustainable Food Systems (IPES-food) démissionnait des instances préparatoires. L’organisme Alliance for food sovereignty for Africa (AFSA) a estimé quant à elle que la dénommée AGRA (Alliance for a Green Revolution in Africa), très liée à des grandes multinationales et dont la présidente a été nommée envoyée spéciale à la conférence de l’ONU, poursuivait une politique qui augmente la dépendance des paysans vis-à-vis des entreprises et des chaînes d’approvisionnement en intrants tout en nuisant à l’environnement et empêche une vraie transformation du système agricole actuel. A l’instar de nombreux autres acteurs l’AFSA estime que les investissements visant l’amélioration des performances du secteur agricole doivent résulter d’une démarche démocratique et sensible aux aspirations des paysans et proteste contre le fait qu’à l’AGRA aucun agriculteur ne siège dans le conseil d’administration. Il lui demande quelles actions la France compte entreprendre en vue d’une prise en compte de ces critiques au niveau national, européen et mondial visant à empêcher que les intérêts de grands groupes privés prennent le pas sur l’intérêt général de l’humanité et par conséquent à améliorer la démarche de l’ONU en matière de systèmes alimentaires.