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Les questions orales

L’ensemble des questions orales posées par votre sénatrice ou votre sénateur. Au Sénat, une question orale peut, suivant les cas, être suivie d’un débat. Dans ce cas, chaque groupe politique intervient au cours de la discussion.

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Mode de gestion des crises africaines

Par / 5 octobre 2006

Monsieur le Président,
Madame et Messieurs les Ministres,
Mes Cher(e)s Collègues,

Je me réjouis qu’un débat sur la gestion des crises en Afrique soit inscrit à l’ordre du jour de notre Assemblée.
Il doit nous permettre d’analyser les conditions nouvelles de l’implication de la France dans ce continent, notamment au plan militaire et politique.
Mais ce débat n’aurait guère de signification s’il ne se recentrait pas sur les rapports nouveaux à établir entre la France, l’Europe et l’Afrique.
« La mondialisation a oublié l’Afrique » écrit Joseph Stiglitz, le Prix Nobel d’économie ; la mondialisation libérale a accentué la pauvreté.
Il y a deux fois plus de personnes en situation de pauvreté que 20 ans plus tôt.

Cinq ans après l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement, destinés à combattre la pauvreté en fournissant aux pays pauvres, une aide financière égale à 0.7 % de leur PIB, où en sont les engagements de la France et de l’Europe à ce jour ?
On est loin du compte alors que plus de 300 millions d’africains vivent avec moins de 1 dollar par jour ; 240 millions souffrent de carences alimentaires ; près de 200 millions, de malnutrition.

Quels sont les crédits que le budget 2007 de la France, comme celui de l’Union Européenne vont consacrer à nos engagements dans ce domaine ?
Les conclusions du rapport de notre commission et de notre mission présidée efficacement par Monsieur DULAIT, indiquent « L’Afrique et les crises qui l’affectent doivent demeurer l’une des priorités de l’action extérieure de la France par nécessité pour l’Afrique et pour l’Europe ». Je partage cette idée.
Mais au-delà de la nécessité, j’ajoute qu’il est indispensable de sortir d’un comportement, qui aux yeux des africains, continue d’être perçu à bien des égards, comme post colonial et consiste souvent à regarder l’Afrique, uniquement du point de vue de l’Europe.
A ce sujet, je souligne, que le vote par votre majorité d’une loi affirmant le rôle positif du colonialisme a fortement altéré l’image de notre pays, l’image républicaine et universelle de la France.

Avant d’évoquer plus avant le sujet qui nous occupe aujourd’hui, il me semble indispensable d’analyser les vrais mobiles des conflits en Afrique.

L’Afrique, aujourd’hui, se trouve au centre des enjeux de la mondialisation libérale, avec près du tiers des réserves en matières premières de la planète, comme le pétrole, l’or, l’uranium. Les multinationales, sous couvert de neutralité, jouent souvent le pourrissement des conflits qui permet l’exploitation des richesses et l’accomplissement d’actes répréhensibles. Ce n’est donc pas un hasard si ce continent détient le triste record des conflits armés dans le monde ; et rien ne sera durablement possible si l’on ne reconnaît pas à l’Afrique son statut d’acteur essentiel de la civilisation mondiale, à partir duquel, nous devons construire de nouvelles relations. A l’image de l’Afrique du Sud, dont le rôle grandit sur ce continent bien au-delà de la seule Afrique Australe et où la France est attendue et pourrait être un partenaire stratégique.

Il est malheureusement un fait que l’Afrique, de part ses ressources, présente des intérêts attisant les convoitises. Au tout premier rang, les Etats-Unis, dont l’ambition impériale de l’administration Bush participe, de part sa politique, à la mise en concurrence des peuples et s’intéresse particulièrement aux ressources énergétiques de l’Afrique.
Nous ne pouvons pas non plus ignorer, dans la perspective d’échanges avantageux avec l’Afrique, que d’autres pays sont de plus en plus stratégiquement présents sur ce continent, telle la Chine et l’Inde.

Réorganiser sur d’autres bases l’aide publique au développement, entreprendre les chantiers de l’alphabétisation, de la santé, du logement, développer l’agriculture et l’agro-industrie vers l’autosuffisance alimentaire sont autant de priorités pour lesquelles nous devrons, dans un avenir proche, construire des partenariats d’un type nouveau.

L’annulation totale et immédiate de la dette est évidemment un préalable à tout engagement ; elle faisait d’ailleurs partie des conclusions du Sommet du G8, en juin 2005, pour un montant de 40 milliards de dollars à laquelle aucune suite n’a été donnée.
Pourtant, de généreuses paroles ont été prononcées, par le Président de la République Française notamment, allant dans le sens de l’engagement prochain des pays riches vers les pays les plus pauvres et parmi eux, de nombreux pays d’Afrique.
Que valent ces paroles si, dans les faits, nous profitons de la vulnérabilité des pays d’Afrique pour y exporter à moindre coûts, nos déchets polluants, nos déséquilibres économiques, nos conflits de puissance, au mépris des moyens de subsistance, de la santé, ou même de la vie des Africains et bien souvent au profit du fanatisme des marchés-rois.

Et que dire de la récente loi sur l’immigration ! Elle a souvent été reçue par les africains, je peux en témoigner, comme une agression et un rejet, comme une nouvelle volonté de pillage et de ségrégation à l’égard de l’Afrique et des Africains.

A l’inverse, la proposition de la France d’instituer une taxe de solidarité prélevée sur les billets d’avion internationaux apparaît positive. La France a obtenu le soutien de nombreux pays. Un pas important qui serait un préalable à tout engagement de la communauté internationale envers ce continent, concernant les problèmes de lutte contre le Sida et le paludisme notamment.

Les forces militaires françaises sont activement présentes sur le sol africain. Ainsi, avec 11.000 hommes répartis dans les différents pays, dont 4.000 soldats en Côte d’Ivoire, notre pays a pour objectif de contribuer au maintien de la paix. La France pourra d’autant mieux jouer un rôle reconnu par les ivoiriens et l’Union Africaine, qu’elle contribuera dans le cadre de l’ONU, à la mise en œuvre du dispositif proposé par l’ONU et l’Union Africaine en faveur d’une issue politique à la crise, dans le cadre et le respect scrupuleux de la légalité du processus électoral retenu.
Avec mes collègues du groupe CRC, nous souhaitons une augmentation sensible des crédits alloués pour les opérations extérieures, plus nécessaire que jamais.

Concernant la Côte d’Ivoire, l’ampleur de la catastrophe écologique et sanitaire survenue à Abidjan illustre une logique libérale de marché poussée à l’extrême, exportant à moindre coût les déchets polluants des pays industrialisés vers l’ Afrique poubelle. Où en sommes nous des nombreuses propositions de mise en place d’un véritable plan d’urgence international et des moyens de prévention de telle catastrophe ?

Par ailleurs, concernant notre présence militaire en Afrique, l’heure n’est-elle pas venue de renégocier les traités de défense existants (issu d’une période qui n’a plus rien à voir avec la réalité politique et militaire d’aujourd’hui) et le contenu des missions traditionnellement affectés aux forces françaises présentes en Afrique ?

Nous voulons que la France contribue à l’instauration d’un système de sécurité fondé sur le désarmement, la prévention des conflits en contribuant ainsi au renforcement du rôle de l’ONU et une réforme de son fonctionnement.
L’exemple de la situation au Darfour vient de façon dramatique illustrer mon propos. L’ONU doit s’engager avec force dans ce conflit en prenant des mesures concrètes et immédiates, en augmentant l’aide internationale, en assurant la protection des civiles.
Tout doit être entrepris pour créer les conditions d’un règlement politique de la crise grâce à une négociation impulsée sous l’égide de l’ONU, entre les parties et les pays concernés, bien sûr le Soudan mais aussi le Tchad.
Malgré sa faible efficacité jusqu’à présent, sur le terrain, L’union Africaine a prouvé sa légitimité et sa crédibilité, en étant la seule à être intervenue dans ce conflit, oublié par tous. Son rôle doit être renforcé. Enfin, les responsables des massacres perpétrés, doivent être jugés par le Tribunal Pénal International.

Par ailleurs, l’action extérieure de la France doit se traduire par le renforcement de son réseau diplomatique. D’autant que les situations considérées comme stables où nos militaires sont présents, peuvent connaître au moment d’échéances électorales prochaines ou de crises de gouvernance, de possibles déstabilisation. Je pense notamment au Sénégal.

Vous l’aurez compris au travers de mon intervention, je souhaite que la France intensifie son engagement, avec le soutien et sous le commandement de l’ONU, mais aussi avec l’Europe, pour laquelle les relations restent le plus souvent bilatérales.

A l’image de l’opération ARTEMIS en République Démocratique du Congo, l’Union Européenne doit poursuivre, au-delà de l’aide publique, qui représente 60 %, ses efforts de politique africaine pour contribuer à la stabilité politique du continent et à sa croissance. Mais surtout par une aide à la reconstruction d’un système sanitaire pouvant éviter que succède à une terrible période de violences un drame sanitaire gravissime.

Le temps est venu de jeter les bases d’une nouvelle coopération, libérée de tout esprit de domination, de paternalisme pour construire une dynamique fondée sur le respect et l’avantage réciproque.

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