Les rappels au règlement
Egalité des chances et CPE : les parlementaires communistes aux côtés des jeunes qui manifestent
Par Hélène Luc / 27 février 2006La population n’accepte pas l’article 3 bis. Les jeunes ont déjà clamé leur colère dans la rue. Aujourd’hui, la faculté Jussieu, proche du Sénat, est en grève, celle de Nanterre, aussi. Ils refusent deux ans de précarité.
Rien ne s’oppose à ce qu’un jeune de moins de 26 ans enchaîne des C.P.E. Des exemples d’abus du C.N.E. ont été cités, pas seulement dans L’Humanité, mais aussi dans Le Parisien.
Vous voulez faire croire aux jeunes que la flexibilité aura de nouveaux droits pour contreparties.
Fidèles à l’analyse de Mme Parisot - pourquoi les difficultés de l’économie française sont dues au coût excessif du travail - vous utilisez la précarité pour diminuer ce coût. Ainsi, vous allez désespérer la jeunesse !
Ceux qui ont obtenu un diplôme d’enseignement supérieur trois ou quatre ans après le bac iront de stages en contrat précaire ; les élèves en échec scolaire précoce iront en apprentissage dès 14 ans.
Comment pouvez-vous prétendre que le C.P.E. offre une nouvelle chance aux jeunes ? Si le gouvernement et la majorité sénatoriale voulaient donner aux jeunes le goût du travail, il ferait porter tous leurs efforts sur la réussite scolaire. Mais vous tablez sur l’échec scolaire pour orienter vers l’apprentissage ! À ceux qui ont obtenu un diplôme à force de sacrifices, vous imposez une précarité humiliante, par ailleurs cause majeure de pauvreté. On peut avoir un emploi et être pauvre ! Ces jeunes deviendront de nouveau exclus, de ceux qui dorment dans une voiture dans les locaux du marché de Rungis. Je connais une femme et ses trois enfants dans ce cas ! La vie précaire est incompatible avec la dignité.
Une société qui tue l’espoir est condamnée.
Avec une situation précaire, comment se loger ? Comment fonder un foyer ? Faute de pouvoir se projeter dans un avenir meilleur, l’angoisse devient permanente. Madame Procaccia, connaissez-vous une banque qui accordera un prêt immobilier à une personne en C.P.E. ?
Le 14 février, Mme Parisot a créé une commission pour dresser un « bilan », établir un « diagnostic » et préparer des propositions. Certains patrons joignent leurs réserves à celle de Mme Parisot, qui vous reproche de ne pas aller assez loin ; les plus lucides, craignent de perdre des talents.
À l’Assemblée nationale, les députés communistes ont démontré mardi combien était calamiteux le bilan de votre politique de l’emploi.
Deux arrêts de la Cour de cassation rendus le 11 janvier autorisent même le licenciement économique destiné à sauver la compétitivité de l’entreprise !
À quand le contrat transformant les salariés en marchandise corvéable à merci ?
Alors que 70 % des offres d’emploi correspondent à des contrats instables, la France compte 2,5 millions de chômeurs et 3,5 millions de salariés précaires, vous voulez encore alourdir la note. Vous restez sourds à la colère qui monde ! Monsieur le Ministre, cela ne me donne pas envie de sourire.
Le 7 mars, la jeunesse clamera son mécontentement. Après le débat parlementaire, il reste la voix du peuple : ce ne serait pas la première fois qu’une loi votée ne serait pas appliquée. M. Balladur doit encore se rappeler le contrat d’insertion professionnelle !
Les parlementaires communistes conscients de leurs responsabilités, seront aux côtés des jeunes.
Avec Bruno Juilliard, président de l’U.N.E.F., nous demandons le retrait de l’article 3 bis, véritable insulte à la jeunesse.
Vous prenez vos responsabilités, le groupe C.R.C. prendra les siennes !