Groupe Communiste, Républicain, Citoyen, Écologiste - Kanaky

Les rappels au règlement

Procédures définies par le règlement interne du Sénat, les rappels au règlement permettent aux sénateurs d’intervenir à l’ouverture de la séance publique sur un sujet particulier de leur choix, en lien avec l’actualité ou le débat en cours.

Lire la suite

L’affaire Vivendi

Par / 4 juillet 2002

par Jack Ralite

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Mes cher(e)s collègues

J’interviens en fonction de l’article 22 du règlement du Sénat.

Serait-il concevable, rien qu’au plan éthique, que la session extraordinaire du Parlement se tienne sans que soient abordées l’extraordinaire équipée de Jean-Marie MESSIER et son extraordinaire pratique financière, acheter, vendre, communiquer, tricher, brader, sans vergogne et sans frein réel en annonçant qu’il construisait un soi-disant « soufflé » mondial de l’image et de la culture piloté par un Français.

- Des fonds publics y ont contribué ;

- toutes les instances de contrôle, y compris au niveau européen, y ont souscrit, ne serait-ce quelques aménagements dûs à la profession cinématographique ;

- beaucoup trop ont applaudi, fascinés par cette « bulle » ultra-libérale, foulant, avec mépris, l’exception culturelle ébauchée par tant d’efforts des artistes de notre pays et d’ailleurs.

Ajoutons que toutes les collectivités locales françaises risquent d’être mises à contribution à travers le sort de Vivendi Environnement.

Ajoutons, encore, que l’ensemble du secteur culturel de notre pays est fragilisé (cinéma, audiovisuel, édition, musique) et que la promise conquête de l’Amérique risque de se retourner en réelle conquête de la France dont le rôle culturel est si important en Europe.

Ajoutons, toujours, que la déréglementation trouve là une extrême illustration de sa nocivité. L’affairisme n’est pas une alternative à l’étatisme.

Ajoutons, enfin, qu’une initiative française d’une conférence mondiale sur la culture trouverait, dans ce séïsme économique et culturel, une raison supplémentaire de sa tenue.

Le Sénat doit donc agir par :

1 une audition des professionnels concernés par Vivendi Universal ;

2 un examen du devenir de Canal + avec deux impératifs :

tout achat de Canal + ne doit pas être fait par un groupe audiovisuel, mais par un financement indépendant, garantissant la spécificité, l’avenir et la politique d’investissement dans le cinéma de Canal + ;

le patrimoine cinéma de Canal + doit être préservé par un statut de type œuvre d’art à conserver sur le territoire national.

3 une position ferme face à toute tentative de régler les dettes de Vivendi Universal en recourrant aux licenciements boursiers des personnels ;

4 une étude de mesures législatives obligeant les grands groupes financiers à respecter des barrières dans leurs opérations. On voit bien, aujourd’hui, à quoi aboutit leur absence ;

5 un suivi de la recommandation du Conseil d’Etat au CSA avec l’introduction de l’actionnariat flottant dans la composition du capital d’une société.

Bref, le Sénat doit saisir ce moment pour contribuer à mettre à jour une responsabilité publique pour la culture et la création qui soit la loi du secteur public et un impératif d’intérêt général pour le secteur privé.

Jean-Marie MESSIER, dans son livre « j 6 m.com » citait René CHAR : « impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront ».

Ne nous habituons pas.

Les dernieres interventions

Les rappels au règlement Les fermetures de lits d’hôpitaux se poursuivent

Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 - Par / 29 septembre 2021

Administration