Monsieur le Ministre, je vous ai interpellé mardi dernier à propos des intermittents et je veux renouveler aujourd’hui mon propos, renforcé dans ma démarche par deux débats importants auxquels j’ai participé depuis, le premier hier à Avignon, sur France culture, avec une trentaine d’artistes et de techniciens, l’autre ce matin à Paris, au forum des images, avec deux cents artistes et techniciens.

Dans les deux cas, comme partout, par-delà la douleur d’avoir dû arrêter les spectacles, calme, unité, détermination, et cela C.G.T. et coordination mêlées. Et je ne pense pas qu’il soit bon que le ministre de la Culture attaque la C.G.T., son principal interlocuteur dans les négociations.

Le texte du 26 juin, amendé mardi, n’a pas résisté à leur examen : lors des deux débats, il a été épluché, calmement mais fortement, et ses termes disparaissaient au fur et à mesure.

Les abus sont toujours là ; vous-même en parlez dans une interview au Monde. Supprimez les abus que vous constatez et dénoncez, et alors nous pourrons nous livrer à un examen plus réaliste. Mais pourquoi toucher aux droits avant de toucher aux abus ? Que le Médef s’y prenne ainsi, bien sûr, mais vous, pourquoi ?

Je suis sûr que vous vous félicitez, comme moi, de l’unanimité sauvegardée, hier à Bruxelles, en matière culturelle, encore qu’il faille rester vigilants.
L’exception culturelle, c’est que la culture et l’art ne soient pas considérés comme une charge pour la société. Jean Vilar parlait du « mariage cruel entre pouvoir et artistes », et un autre fondateur du festival d’Avignon, René Char, écrivait : « La réalité, pour être franchie, doit être soulevée ». C’est ce que font les artistes et les techniciens.

Je me souviens que le Président de la République avait annoncé sa candidature en Avignon ; depuis, il s’est beaucoup exprimé en faveur de la culture. Nous attendons qu’il passe aux actes.

Monsieur le Ministre, vous devriez entendre, concrètement, les intermittents.