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Tribunes libres

Parues dans la presse ou dans le journal du groupe, retrouvez ici les tribunes libres signées par les membres du groupe CRC.

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Si aujourd’hui on n’est pas adhérent du MEDEF, on a du mal à se réjouir et à espérer un changement dans nos vies

Voeux du groupe CRC -

Par / 30 janvier 2014

Merci à vous toutes et tous d’avoir répondu à l’invitation du groupe CRC alors que l’épisode marathonien des vœux se termine.

Je remercie particulièrement Jean-Pierre BEL le Président du Sénat qui nous a fait le plaisir d’être présent au début de cette réception mais qui a dû, trop vite, nous quitter pour honorer de sa présence un rendez-vous auquel il ne pouvait échapper et saluer la présence de Didier Guillaume, Vice-Président du Sénat qui le représente. Le Président est donc tout excusé comme l’est mon ami François Rebsamen Président du groupe socialiste retenu dans sa bonne ville de Dijon.

Je veux aussi remercier, Monsieur le Questeur - Jean-Marc Todeschini-, d’avoir mis à notre disposition ce soir ce bel endroit, propriété de la République mais aussi le remercier pour sa patience.

Mesdames , Messieurs, l’année 2013 fut une année difficile. Elle le fut d’abord pour notre peuple qui souffre durablement ; pour celles et ceux qui sont frappés indirectement ou directement par le chômage, la précarité, l’échec scolaire,l’ inégalité face à la maladie, les difficultés quotidiennes pour se loger ou tout simplement pour se nourrir.

Alors, nous émettons le vœu que 2014 soit meilleure.

Un grand homme disparu fin 2013 a dit ceci « Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse ».

Ces paroles prononcées par Nelson Mandela sont des paroles d’espoir notamment pour toutes celles et ceux qui s’engagent, qui se rassemblent pour participer à la construction d’une vie meilleure mais plus largement, pour toutes celles et ceux qui ne renoncent pas malgré leur déception.

Mais soyons lucides : si aujourd’hui on n’est pas adhérent du MEDEF, on a du mal à se réjouir et à espérer un changement dans nos vies.

De cadeaux en cadeaux, le patronat –j’entends par là le grand patronat- impose ses règles parce que rien ne vient freiner sa loi d’airain.

Avec le Pacte de responsabilité -qu’un grand dirigeant d’entreprise appelle « le Pacte de réalité »-, le Président de la République et le Gouvernement prennent justement une lourde responsabilité.

Le sujet n’est pas simplement l’absence de contrepartie. Le sujet c’est que ce pacte est d’essence libérale et que par le passé ces politiques ont fait la preuve de leur échec. Mais le sujet aussi, c’est que la droite, le patronat s’engouffrent dans cette brèche largement ouverte par le pouvoir, pour, au nom de la compétitivité demander encore plus : plus de flexibilité, plus de baisse du coût du travail, plus de durcissement des règles d’indemnisation des chômeurs…

Aujourd’hui, s’engage à l’initiative du gouvernement, la réforme de la fiscalité des entreprises. Nous sommes inquiets de l’orientation annoncée. Mais là encore, loin de baisser les bras, nous participerons, avec nos collègues de l’Assemblée nationale, aux groupes de travail mis en place à cette occasion.

Mais, vous nous connaissez… nous irons pour faire valoir des propositions alternatives et d’ailleurs, avec le PCF –et je salue la présence de Pierre Laurent, Sénateur et Secrétaire national du PCF, nous sommes engagés dans une préparation citoyenne des Etats généraux pour la justice fiscale afin de construire une grande réforme fiscale de gauche qui mettra l’impôt nécessaire au service de tous et non aux services d’intérêts particuliers.

Non, nous ne baissons pas les bras et nous aimerions faire mentir un éditorialiste qui écrivait ce matin « Une gauche qui se prétend de gauche mais qui apporte des réponses de droite à des questions de gauche, n’est plus de gauche ».

Disons-le clairement : ce n’est pas pour cela que des millions d’électeurs, dont 4 millions du FDG, ont voté en mai 2012.

Comme parlementaires, nous travaillons chaque texte, chaque projet ou proposition de loi pour rendre visible et crédible une politique de gauche qui allie justice sociale, nouveau modèle productif, transition écologique et nouvelle ère démocratique.

Tout au long de l’année 2013, nous avons souligné dans nos interventions l’éloignement progressif, si rapide, des promesses de campagnes.

Nous avons rappelé inlassablement note volonté que la gauche réussisse. Nous avons rappelé inlassablement l’urgence d’un changement de cap, d’en finir avec la domination de la finance sur l’économie avec la soumission aux marchés financiers ; nous avons rappelé inlassablement une grande ambition : celle d’une transformation sociale allant de nos territoires à l’échelon planétaire.

A l’heure où des règles libérales, je dirais même ultra-libérales, ont plus de poids que la voix de milliards de personnes ; à l’heure où les riches sont toujours plus riches et que le nombre de personnes pauvres ne cesse de croitre, il y a urgence.

Oui, il y a urgence à transformer tout ça !

Bien sûr, cette situation ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait maintenant plusieurs décennies, depuis le milieu des années 80 pour être plus précise, que le libéralisme s’est installé au cœur des politiques occidentales sous la houlette de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, avec les conséquences dévastatrices sur le plan social que l’on connaît.

Au fil des années dans notre pays, des coups de boutoir de la droite particulièrement, ont été portés contre les grandes avancées de la Libération, contre les acquis du Conseil National de la Résistance.

Alors, où en sommes-nous aujourd’hui, 21 mois après la victoire du 6 mai ? Avec mes amis du groupe CRC, nous estimons que la rupture tant attendue avec la politique de Nicolas Sarkozy n’est pas au rendez-vous.

La rupture avec les choix libéraux n’est pas là et je formule un premier vœu ; celui que le Président de la République se rappelle pour quoi, et par qui il a été élu en mai 2012.

L’histoire est un processus en perpétuel mouvement, mais il n’y a pas de déterminisme, le progrès n’est pas forcément l’étape suivante, ce peut être la régression, voire le retour d’une forme de barbarie.

Mon second vœu porte sur la mobilisation contre la montée, la reconstitution de l’extrême-droite, sous sa forme la plus hideuse, celle de l’antisémitisme abject, du rejet de l’autre, de ses différences, d’une extrême-droite antirépublicaine et violente qui s’attaque aux femmes, à leurs droits et maintenant à l’école publique par le biais d’un sexisme indécent .

Cette urgente mobilisation ne peut se limiter aux paroles. Il faut que la gauche relève le défi en apportant enfin les réponses attendues par le peuple.

Si la gauche se confond avec la droite sur les questions essentielles, politique économique, politique européenne, il sera difficile d’empêcher le rejet du système par une large majorité, comme l’atteste l’étude publiée par Le Monde il y a quelques jours.

Ce débat que nous devons avoir porte aussi sur l’Europe. Il n’y a pas une pensée unique européenne. Une autre Europe sociale, une Europe du service public, une Europe au service des peuples et non plus des marchés qui en ont pris patiemment le pouvoir, étage après étage peut se construire. François Hollande avait promis une renégociation européenne. Nous l’attendons toujours et nous allons lui rappeler cette exigence assez souvent dans les mois qui viennent.

Vous l’aurez compris, les sénatrices et sénateurs du groupe communiste comme les membres du PCF et du Front de gauche –et je salue aussi la présence parmi nous de dirigeants de partis qui forment ce front- ne sont pas très contents, de la tournure des évènements.

Ce mécontentement n’est pas un mouvement d’humeur ou une inquiétude pour le devenir de nos organisations ou notre avenir personnel. Il est l’expression d’une très grande inquiétude face à l’évolution de notre société, de notre démocratie.

J’évoquais le nécessaire débat. C’est une question vitale. Il ne faut en aucun cas laisser définitivement tomber la chape de plomb d’une gestion comptable technocratique sur notre pays.

Le Sénat joue un rôle important, essentiel, dans la dernière période, pour permettre à ce débat d’avoir lieu. Je sais que certains dans la majorité gouvernementale, des députés en particulier, s’agacent, se fâchent, de ce Sénat qui débat, qui vote des propositions alternatives, qui rejette des textes qui ne répondent pas aux attentes de toute la gauche, ou qui vote, cela arrive beaucoup plus souvent que ce n’est écrit, des textes qui vont dans le bon sens.

Comme l’a indiqué le Président du Sénat, mon ami Jean-Pierre Bel, cette diversité est une richesse et un espoir.

A nos détracteurs, je dirai : que serait le Parlement sans le Sénat ? La réponse est simple : un Parlement godillot à quelques rares exceptions près.

Le débat au Sénat est approfondi et riche. C’est paradoxalement le symptôme d’un dysfonctionnement grave de notre République : c’est l’assemblée élue au suffrage indirect qui reflète le mieux l’état de l’opinion française.

Le Président du groupe socialiste, François Rebsamen, vient de relancer une proposition qui est la nôtre depuis des années : l’instauration de la proportionnelle pour l’élection des députés.

C’est le seul moyen de restaurer le débat d’idées au Palais Bourbon. Mais nous disons attention : la garantie du renouveau démocratique, c’est aussi le respect des promesses électorales et des programmes.

Instaurer la proportionnelle à l’Assemblée nationale, bien sûr ! Mais si c’est pour revenir aux incertitudes et aux manœuvres de la IVème République, cela serait une grave erreur pour notre démocratie.

Il faut changer les modes de scrutin, mais dans le même temps, instaurer un contrôle citoyen permanent et efficace. La gauche doit enfin porter le projet d’une nouvelle Constitution pour une VIème République démocratique et sociale.

Cette année 2013 fut donc bien décevante avec la poursuite d’une politique d’austérité qui tourne le dos aux attentes et espoirs de 2012.

L’année dernière, j’avais formulé le vœu de l’adoption par le Parlement de notre proposition de loi d’Amnistie sociale. Elle a fini enterrée, sans fleurs ni couronnes, à l’Assemblée nationale.

Je formulerai donc ce vœu, un peu fou, que les députés socialistes et radicaux de gauche -n’est-ce pas cher Jacques- que vos groupes acceptent, comme la fait ici le groupe ELLV présidé par mon ami Jean-Vincent Place, de voter une loi dont le seul but est de protéger les salariés qui ont commis l’horrible crime de se mobiliser contre la violence sociale et patronale.

Dois-je rappeler que le texte voté par le Sénat est bien en retrait du texte adopté par le Parlement en juillet 2002.

Je ne ferai pas l’éloge de Jacques Chirac, mais quand même, François Hollande pourrait essayer de faire mieux, cela ferait du bien à la gauche, aux syndicalistes, aux salariés.

Cette question de l’amnistie sociale est bien entendu un élément parmi d’autres, mais elle est le marqueur fort pour nous d’un refus de se tourner vers le monde du travail, de privilégier l’écoute de la complainte patronale.

Mon troisième vœu est un vœu de paix cent ans après les premiers coups de canons de la grande guerre précédés de trois jours par l’assassinat de Jean Jaurès.

C’est avec espoir que nous suivons l’évolution de la Conférence de Genève II que nous avons toujours appelé de nos vœux, afin de privilégier la voix pacifique sur l’option guerrière.

Nous sommes inquiets de l’évolution en Centrafrique. Nous souhaitons que la collectivité internationale prenne à bras le corps la situation Centrafricaine. Ne laissons pas les soldats français dans une situation qui risque de devenir inextricable et dangereuse.

Enfin, nous espérons que pourra s’instaurer au plus vite un dialogue démocratique dans une Ukraine en proie à la violence.

Mesdames, Messieurs, Chers Amis. En 2014, le groupe CRC ne baissera pas les bras ! Nous commençons à avoir notre petite réputation d’empêcheur de tourner en rond et reconnaissez, M. le Vice- Président, que sans nous, on ne parlerait peut-être pas autant du Sénat.

J’en profite pour saluer l’engagement de chaque sénatrice et chaque sénateur du groupe, des collaboratrices et collaborateurs des parlementaires et du groupe qui toutes et tous permettent à notre petit groupe, dans un savant mélange et une merveilleuse alchimie qui trouve sa source dans un irremplaçable travail collectif, d’occuper une place qui, je le crois, est importante au Sénat et plus largement, dans la vie politique.

J’en profite pour remercier chaleureusement le personnel du Sénat qui permet au quotidien, par son investissement, la vie du pluralisme dans notre assemblée.

Notre attitude restera inchangée : nous soutiendrons les textes de progrès, nous nous opposerons aux dispositions d’inspiration libérale. Nous serons porteurs de propositions fortes comme notre proposition de loi demandant l’instauration d’un moratoire sur les fermetures de services et d’établissements de santé ou leur regroupement qui, malheureusement n’a pas été adoptée par le sénat mercredi dernier. Nous poursuivrons aussi l’examen de notre proposition de loi pour renationaliser les autoroutes. La discussion reprendra le 19 juin, à l’occasion de notre prochaine niche parlementaire. Nous profiterons de ce délai pour élargir le débat dans le pays.

Nous déposerons d’ici la fin de la semaine, une proposition de loi visant à écarter du fichage ADN les salariés en lutte. Nous poursuivrons notre travail d’investigation. Après les importantes commissions d’enquête sur l’évasion fiscale nous allons lancer une mission d’information sur la réalité de l’impact sur l’emploi des exonérations de charges sociales pour les entreprises, afin d’éclairer le Parlement sur les choix annoncés en matière d’exonérations massives.

Le calendrier législatif, les échéances électorales nous laissent peu de répit durant cette année 2014, même si le Ministre des Relations avec le Parlement, dont je salue ici la présence ce soir mais aussi la grande diplomatie, a promis de nous imposer une courte session extraordinaire, jusqu’au 11 juillet cette année.

Les échéances électorales, ce sont en particulier pour nous les élections sénatoriales. Ce sera mon dernier vœu : que la majorité sénatoriale, en continuant dans la voie originale de la diversité et du pluralisme, crée les conditions de son renforcement, ce qui ne sera possible qu’avec l’amélioration de l’écoute des élus locaux et la réorientation de la politique de décentralisation vers la satisfaction des besoins locaux, le développement des services publics et le développement harmonieux des territoires.

Notre groupe avait soutenu sans hésitation la tenue des Etats généraux des collectivités territoriales organisés par le Sénat en 2012. Nous avons rejeté logiquement le texte sur les métropoles qui nous a semblé prendre à contrepied la volonté exprimée par les élus. Nous espérons que leur mobilisation sur le terrain permettra de préserver l’idéal démocratique face aux monstres technocratiques que ne manqueront pas de devenir les métropoles. Sur ce point aussi, l’histoire n’est pas finie.

L’année 2014 sera rude, compliquée, les débats seront riches, parfois tendus. Mais, comme vous l ‘aurez compris, nous ne lâcherons rien pour faire vivre des réponses de progrès élaborées avec nos concitoyens et les forces vives de notre pays pour, ensemble, transformer nos vies.

Nous y sommes prêts au groupe CRC. Alors levons notre verre ce soir à cette nouvelle année, en espérant que nous saurons trouver ensemble la voie du changement.

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