Tribunes libres
Do you speak techno ?*
Le techno, un langage pratiqué par les "technocrates" -
Par Eric Bocquet / 22 juillet 2022Les conclusions du benchmarking seront publiées à l’année N+1 dès lors que le COPIL aura rendu les arbitrages, permettant ainsi de valider les constats présentés dans le reporting qui aura pu identifier les thématiques socles du dispositif.
Voilà, me direz-vous, une étrange introduction au billet de la semaine. L’activité parlementaire nous amène assez régulièrement à auditionner des représentants des administrations centrales ou des ministères, des personnes absolument compétentes mais qui ont tendance à parler une langue très particulière, le techno. Un langage pratiqué par les « technocrates », il n’y a aucun mépris dans mon propos, c’est une simple constatation construite après quelques années de ces rencontres. La phrase d’introduction en est un exemple, mais il existe une foule d’expressions et de formules typiques du genre, je me suis amusé à en relever un certain nombre au fil des mois.
Le technocrate ne fonctionne jamais seul, il est dans un système dans lequel se pratique une gouvernance transversale, un système qui implique différents acteurs, des partenaires et des opérateurs. Se met en place un comité de pilotage ou comité de suivi. Sa mission est de coordonner, de mettre en place une convergence des différentes contractualisations.
Il est bien sûr essentiel d’évaluer en permanence l’efficacité de la mise en œuvre des dispositifs, on instaure ainsi un dialogue de performance avec toutes les parties prenantes. On s’appuie sur des indicateurs, on veille à ce que la trajectoire des dispositifs soit respectée. Il faut également contrôler la dépense publique, on vous indique les AE (autorisations d’engagement) et les CP (crédits de paiement), ça c’est la langue des financiers de Bercy. Certes, ils sont toujours à la recherche de pistes de simplification, car toutes ces mesures et leur évaluation sont chronophages, et quand ils ont étudié tous les process et les retours d’expérience, ils visent toujours les « effets levier », car ils ne perdent jamais de vue que l’objectif suprême c’est la réfaction des crédits, c’est-à-dire leur diminution.
Ah, nous y voilà ! Je certifie que le vocabulaire utilisé pour ce billet est authentique, c’est la langue des gouvernements des experts.
Nous devons veiller à sans cesse ramener la politique dans les débats de fond !
*Parlez-vous techno ?