Tribunes libres
Guerre et Paix
Ce n’est pas que le roman de Léon Tolstoï, ce sont deux mondes en opposition -
Par Eric Bocquet / 4 mars 2022Tous nos regards sont tournés vers l’Est dans cette période effrayante, solidarité et initiatives de paix à mener inlassablement pour mettre fin à cette guerre en Ukraine.
La question des réfugiés se pose immédiatement, sans une seconde d’hésitation. Fabien Roussel a proposé samedi dernier de réquisitionner les somptueuses villas des oligarques russes, sur la Côte d’Azur. J’y ajouterais volontiers les gigantesques yachts amarrés au « quai des milliardaires », à Antibes.
Ainsi, savez-vous que pour un yacht de 162 mètres, il vous en coûtera 6 037 euros par jour pour la location de l’anneau d’amarrage ! Eh oui, pendant que la population de Kiev se réfugie dans les caves et les stations de métro afin d’échapper à la mort, les oligarques russes disposent de pied-à-terre sur la Côte d’Azur, à Courchevel ou à Saint Moritz, en Suisse… Et ils mènent grand train, il n’est pas rare de voir un milliardaire russe craquer sur un coup de tête pour une demeure à plus de 100 millions d’euros, dolce vita pour les « novaritchs » de la Côte d’Azur.
Vous connaissez sans doute Roman Abramovitch, cet homme d’affaires russe, propriétaire du club de foot de Chelsea à Londres depuis 2003. Il est aussi propriétaire d’une magnifique villa sur les bords de la Méditerranée. Pas moins de 50 petites mains s’y activent 24 heures sur 24 aux ordres d’une « general manager », une dame connue, pas mal lotie dans la propriété, elle loge dans une dépendance de 400 mètres carrés (la salle communale de Marquillies en fait 240) et perçoit selon certaines informations, un traitement d’environ 20 000 euros par mois.
Un autre oligarque, Suleyman Kerimov chouchoute lui aussi les salariés de ses quatre villas. L’un d’eux témoigne : « On recevait entre 5 000 et 10 000 euros de primes en espèces ou une Rolex à chaque fin de saison ; en échange, il fallait dire amen à tout. »
Lors des rencontres entre Abramovitch et Kerimov, on cherche toujours à impressionner son invité, avec ses grands crus, un « salarié » se rappelle ce flacon de Romanée-Conti de 1976, « Ils n’ont pas eu la patience d’attendre qu’on le carafe. »
Des Russes disent leur indignation, prennent le risque de manifester… Madame Élena Kovalskaya, directrice du Théâtre d’État de Moscou vient d’annoncer sa démission. « Il est impossible de travailler pour un meurtrier et de toucher un salaire de lui. »
Aujourd’hui, « Guerre et Paix » ce n’est pas que le roman de Léon Tolstoï, ce sont encore et toujours deux mondes en opposition.