Tribunes libres
Il y a urgence pour nos hôpitaux !
Crise sanitaire -
Par Le groupe CRCE-K / 1er décembre 2021Tribune des parlementaires du groupe GDR à l’Assemblée nationale et du groupe CRCE au Sénat.
Alors que notre pays connaît une nouvelle flambée de la pandémie de Covid-19, le Parlement a adopté définitivement le budget de la Sécurité sociale pour 2022. Loin de répondre à la crise hospitalière et au malaise des personnels qui s’exprime à travers des démissions en hausse, ce budget se limite à une opération de rafistolage du système public de santé après deux années de crise sanitaire.
Si le Gouvernement se félicite qu’aucune mesure d’austérité ne soit prévue pour les hôpitaux en 2021 et 2022, il omet de dire qu’il a imposé un plan d’économies, de 18 milliards d’euros, à la santé depuis 2017 et que 5 700 lits ont été supprimé en 2020, en pleine pandémie. Pire, le Gouvernement prévoit dès 2023 un retour à de nouvelles mesures de redressement sur la sphère sociale.
Certes, la détérioration de l’hôpital public ne date pas de 2017 mais elle a été poursuivie méthodiquement sous ce quinquennat avec l’amplification du virage ambulatoire entrainant des fermetures de lits, le maintien de la T2A qui asphyxie financièrement les établissements, la fermeture d’hôpitaux de proximité et de maternités, ou encore les fusions d’établissements au sein des Groupements Hospitaliers de Territoires (GHT) qui assèchent l’offre de soins sur les territoires.
Face à la crise sanitaire révélant l’état de paupérisation de l’hôpital public, et en même temps l’engagement sans faille des personnels, le Gouvernement a été rattrapé par le réel, concédant avec le Ségur de la santé une revalorisation salariale qui correspond uniquement à un rattrapage de l’inflation sur le montant des salaires. Trop tardif, trop insuffisant, le Ségur n’a pas permis de mettre fin au malaise hospitalier.
Notre hôpital public reste aujourd’hui sous tension avec d’un côté, l’afflux de patient·es et de l’autre, la dégradation des conditions de travail des personnels qui subissent les manques de moyens faute d’investissements dans le matériel innovant et la pénurie de personnels médicaux et paramédicaux. On assiste à un mal être et un épuisement professionnel dont la crise n’a été que le simple catalyseur.
Les conséquences sont graves et touchent tous les territoires dans l’Hexagone comme en Outre Mer : les fermetures de services, les réductions d’amplitude d’ouverture des urgences se multiplient, mettant en danger la qualité des soins.
Alors que l’Unesco a alerté sur les risques de pandémies mondiales plus nombreuses et plus intenses, le gouvernement continue de gérer la santé ‘’au jour le jour’’ sans vision à long terme.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’un budget qui prépare l’avenir, d’une stratégie de santé qui anticipe le vieillissement de la population, qui tienne compte de l’augmentation des déserts médicaux dans les zones rurales et dans les zones urbaines, tel que nous le développons dans la proposition de loi débattue le 2 décembre prochain à l’Assemblée Nationale.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’une politique qui permette de retrouver notre souveraineté sanitaire avec une production de médicaments et de produits de santé en France. C’est le sens de notre proposition de loi d’un pôle public des médicaments et des dispositifs de santé au plan national et au plan européen.
Ce dont nous avons besoin c’est de faire vivre la démocratie sanitaire avec de nouveaux pouvoirs donnés aux personnels, aux élu·es locaux et aux usagers.
Les parlementaires des groupes GDR et CRCE portent un projet de refondation de l’hôpital public qui garantisse un accès aux soins de proximité, des moyens financiers pour former davantage de professionnels, pour recruter 100 000 personnels dans les hôpitaux dès 2022, 300 000 sur 3 ans dans les EHPAD ainsi que 100 000 aides à domicile. Redonner de l’attractivité aux carrières du soin et de l’accompagnement passe aussi par revaloriser les salaires et les carrières des personnels de la fonction publique hospitalière.
Cette refondation nécessite également un investissement massif pour la construction d’hôpitaux et de maternités de proximité, de centres de santé pluridisciplinaires où les professionnels pourraient exercer sous le statut de salarié·e afin de garantir des conditions de travail tenant compte de la vie familiale de chacune et chacun mais aussi l’accès aux soins la nuit, les weekends et les jours fériés.
Le financement de l’hôpital public à la hauteur des besoins pour ouvrir des lits et embaucher du personnel est possible en revenant sur les multiples exonérations de cotisations sociales, en créant une contribution sur les revenus financiers, et en garantissant l’égalité des salaires entre les femmes et les hommes.
Les personnels hospitaliers, dont le dévouement est mis à rude épreuve, ont besoin d’un soutien et d’une reconnaissance au-delà des mots et des postures. Il faut une rupture avec les politiques d’austérité qui ont considérablement affaibli le service public hospitalier.
Il y a urgence !