Tribunes libres
Jeux dangereux… jeux interdits !
Nous nous éloignons sans cesse de la République « Une et indivisible » -
Par Eric Bocquet / 9 octobre 2020Nous sommes apparemment entrés dans la dernière partie du quinquennat, eh oui déjà, 5 ans c’est court, d’ailleurs, il semble que nos concitoyens aient évolué sur ce sujet. Lorsque le quinquennat fut décidé, une majorité de l’opinion était convaincue d’avoir donné un sacré coup de jeune et de modernité à cette République moribonde. En plus, incarnée par un jeune Président fringant, nous avions atteint le nirvana de la représentation politique.
Las, quelques années plus tard, chacun commence à mesurer à quel point ce n’est pas la durée du mandat présidentiel qui bloque nos institutions. Ainsi donc, M. Macron met en place son plan de conquête pour 2022. Jupiter avait été élu contre Le Pen, merci Marine ! L’idéal pour lui serait de se retrouver dans le même scénario dans deux ans, alors on s’active en haut lieu pour entretenir la flamme de l’extrême droite afin de garantir le second tour.
Le Président sort une loi contre le séparatisme islamiste, il se défend de stigmatiser… Certes, mais on sait trop quels réflexes ce genre de discours peut générer.
D’accord pour n’avoir dans notre République aucune religion officielle, ça c’est 1905. D’accord pour n’admettre aucune dérive sectaire, d’où qu’elle vienne, dans notre société. Jérôme Fauquet publiait il y a quelques temps un ouvrage intitulé « L’archipel français, naissance d’une nation multiple et divisée ».
Notre société est effectivement éclatée, richesses et compétences concentrées dans les métropoles et une ruralité à l’abandon. Les évadés fiscaux qui « se séparent » délibérément de la République, de la Nation en ne contribuant pas au bien commun. Trois cent cinquante huit mille foyers fiscaux assujettis à l’ISF jusqu’en 2017, 9 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans notre pays. Inégalités scolaires qui se creusent… Nous nous éloignons sans cesse de la République « Une et indivisible », l’égalité des droits, et non pas des chances, est en recul constant.
Voilà les fractures, les « séparatismes » dont il faudrait parler au plus haut niveau. M. Macron et son gouvernement ne perd jamais de vue sa feuille de route initiale, réduire la dépense publique, ne pas faire payer les riches quitte à nourrir le désespoir populaire, il spécule, il joue avec le feu. Il est temps de dire « jeux interdits » …
Nous apprenions en début de semaine le retrait du mot « séparatisme » de l’intitulé de la loi à venir. Le texte s’appelle désormais « projet de loi renforçant la laïcité et les principes républicains ». Quel aveu !
L’emballage de la loi a changé, occupons-nous de son contenu maintenant !