Tribunes libres
La fascination du 4ème pouvoir
Les milliardaires cherchent à se réaliser autrement : avec un club de football, une collection d’art ou les médias -
Par Eric Bocquet / 23 juillet 2021La richesse vous permet pratiquement toutes les folies du monde. On a vu récemment la compétition spatiale que se sont livrée Richard Branson et Jeff Bezos, lequel allait être le premier homme à s’offrir une escapade dans l’espace, histoire de s’envoyer en l’air. Branson semble avoir marqué un point dans cette course à l’au-delà.
Sur Terre, ils sont nombreux à s’intéresser aux médias, à ce que l’on appelle parfois le 4ème pouvoir. On sait que moins d’une dizaine de milliardaires possèdent l’essentiel des journaux, télévisions et radios. Nous assistons en ce moment à la prise de contrôle d’Europe 1 par Vincent Bolloré, son idée est de marier la station de radio à l’une des antennes du groupe Canal +, CNews, la chaîne d’info qui monte, en surfant sur les idées conservatrices et les débats populistes « zemmourisés ».
Pourquoi une telle fascination chez nos milliardaires pour ce pouvoir médiatico-politique ? « Il arrive un moment où le business ne suffit plus pour ces milliardaires », c’est l’analyse d’un économiste, Peter Hägel, professeur à l’université américaine de Paris. « Ils cherchent à se réaliser autrement : avec un club de football, une collection d’art ou les médias ».
Le paysage médiatique français possède cette particularité d’être largement investi par les grandes fortunes. Il suffit de regarder le secteur des quotidiens nationaux : Le Monde détenu par Xavier Niel, le Figaro par la famille Dassault, le Parisien et les Echos propriétés de notre cher Bernard Arnault. Ils essaient de gagner de l’argent bien sûr, ils sont avant tout entrepreneurs et investisseurs, mais il s’agit aussi pour eux de porter les idées libérales et de conforter en permanence la pensée unique, de nourrir le « TINA », il n’y a pas d’alternative, bien connu de vous tous.
En 1997, par exemple, François Pinault avait racheté le Point par amitié pour Jacques Chirac, alors Président de la République, le magazine devait être racheté par Le Monde, mais Chirac voulait le conserver dans la zone centre droit libéral.
Les équipes d’Europe 1 dénoncent en ce moment l’interventionnisme direct de Vincent Bolloré, et il le fait clairement à des fins idéologiques.
Nous, on a Liberté Hebdo, l’Humanité qui n’appartiennent qu’à nous-mêmes, un trésor à préserver coûte que coûte.