Tribunes libres
Le Barbier de Bercy
Celui qui annonce passer au peigne fin toutes les dépenses -
Par Eric Bocquet / 10 février 2023Dans une interview du Journal du Dimanche, le JDD, daté du 28 janvier dernier, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a annoncé, je cite : « Nous passerons au peigne fin toutes les dépenses. » Je me suis dit d’emblée, moi qui accuse un déficit capillaire certain : « Ça va décoiffer. » Il détaille dans ces termes : « Nous passerons au peigne fin toutes les dépenses publiques : État, collectivités locales, champ social. Dès le budget 2024, nous pouvons ainsi programmer des réductions de dépenses significatives. » Dans beaucoup de domaines, nous sommes déjà à l’os, vont-ils désormais casser l’os et en sucer la moëlle ? Qui sait ?
Mais peut-être suis-je en train de lui chercher des poux dans la tête à ce ministre sérieux et responsable. Est-il bien temps après tout de couper les cheveux en quatre ? Il y a un domaine, cependant, où ce gouvernement est moins regardant. Il nous dit qu’il est indispensable d’augmenter le budget de nos armées, parce que la guerre est de retour en Europe. Fichtre !
Bien sûr, l’argument massue c’est la dette qui devrait atteindre dans quelque temps le cap des 3 000 milliards. Mais monsieur Le Maire, vous avez vous-même choisi de ne pas taxer les superprofits, les dividendes, les gros patrimoines et les hauts revenus, ce faisant vous avez fait le choix d’aggraver la dette en 2023. Vous allez ainsi cette année emprunter 270 milliards d’euros pour financer le budget, et payer aux marchés financiers 51 milliards d’euros d’intérêts ! Ça défrise quand même ! C’est bien vous qui faites le choix de la dette.
Vous voulez nous mettre la boule à zéro, mais du côté des salariés, des maires, des retraités, il y a comme des mèches rebelles, ces temps-ci. Ils sont nombreux, ceux qui veulent vous prendre à rebrousse-poil ; en effet, ces discours sont un peu « rasoir », vos arguments souvent tirés par les cheveux. Allez donc voir un peu du côté des grands chevelus du CAC 40. À trop insister de cette façon sur l’austérité, vous pourriez un jour finir par avoir mal aux cheveux, ou vous faire des cheveux blancs.
Vous êtes barbant à la fin !