Tribunes libres
Le bel été
Avec Macron, les capitalistes peuvent dormir sur leurs deux oreilles. -
Par Eric Bocquet / 19 août 2022Nous étions au cœur de l’été ce lundi 1er août, me rendant au Sénat pour l’examen du projet de loi rectificatif, je passe toujours avant de prendre le train au kiosque à journaux. Le titre des « Échos » attire mon attention : « La Bourse retrouve des couleurs ». Je l’achète pour en faire la lecture, et là les articles aux titres les plus ronflants s’enchaînent. J’avais en tête l’idée que nous allions défendre en séance au Sénat, à savoir taxer les superprofits des multinationales. Je tombe sur un premier titre : « Engie engrange les bénéfices de la flambée des prix de l’énergie ». Comme quoi, une fois de plus, le malheur des uns…
Page suivante, « Vinci enregistre ses plus gros bénéfices semestriels ». Vinci, vous connaissez, un géant du BTP, concessionnaire d’autoroutes, une augmentation de 89 % sur les six premiers mois de l’année, mais je me console en me disant que quand le bâtiment va…
Sur la même page cet autre article : « Porté par des prix de vente en hausse, Legrand relève ses objectifs ». Le fabricant de matériel électrique a vu son bénéfice net s’apprécier de près de 14 %. La tête commence à me tourner, ça n’est pas fini, page 23 : « Les bourses bouclent leur meilleur mois depuis novembre 2020 »… C’est un festival. La Bourse ou la vie ? Eux, ils ont choisi la Bourse.
Je tourne la page, un titre barre tout le haut de page, au tour des banques : « Nouveaux bénéfices record pour BNP Paribas au deuxième trimestre ». Mais cela ne va donc jamais s’arrêter… Ce journal du 1er août est une mine, de la bombe, de la vitamine.
Le meilleur, je vous le garde pour la fin car il avait un petit air de vacances, une espèce de brise marine, « Hermès surfe sur l’inflation » : « Le sellier en croissance de 29 % dégage une marge record de plus de 42 % ». Autrement dit l’inflation est un vrai problème pour l’immense majorité des gens, quand elle est une aubaine pour certains grands groupes gagnants de la crise. L’après-midi, Bruno Le Maire nous expliquera qu’il ne fallait surtout pas taxer les superprofits et pourtant il lit lui aussi « Les Échos », chaque matin !
Les capitalistes peuvent dormir sur leurs deux oreilles avec Macron.
Sinon, votre été, il s’est passé comment ?