Tribunes libres
Le gras et les miettes
Bamboche et bombance à la table du CAC 40 -
Par Eric Bocquet / 1er juillet 2022Ce pourrait être le titre d’une fable de La Fontaine, exhumée de je ne sais quelles archives, il n’en est rien.
Les débats du moment nous l’inspirent, la question du pouvoir d’achat est bien naturellement au cœur des préoccupations des Français, elle fut évidemment au cœur des campagnes électorales du printemps. Le gouvernement est aux abois, il sent bien que la situation est explosive, le prix du carburant qui s’envole, le coût de l’énergie et des denrées alimentaires, autant d’éléments qui pourraient déclencher la révolte, voire plus ?
Bruno Le Maire, dès lundi, communique abondamment pour annoncer un plan massif pour le pouvoir d’achat, quelques points pour les minimas sociaux, déjà l’INSEE nous annonce une inflation à 7 % à la rentrée prochaine. Il demande également aux grands groupes et aux entreprises d’augmenter les salaires quand ils le peuvent.
On se souvient de son « appel à la modération » dans le versement des dividendes au plus fort de la pandémie. On sait maintenant ce qu’il advint de cet appel, ce sont, l’an dernier, plus de 80 milliards d’euros versés aux actionnaires au total (soit plus 57 % !). Décidément, la fameuse théorie du ruissellement chère aux libéraux, dont notre Président, ne fonctionne que pour les actionnaires !
Et puis, il y a cette annonce d’une amende de 1,2 milliards d’euros infligée au géant mondial du hamburger pour fraude fiscale. Ce ne sont pas les appels du gouvernement qui feront avancer la justice sociale, le SMIC doit être porté à 1 500 euros net, une conférence salariale doit être organisée avec toutes les branches professionnelles, le prix de l’essence doit être bloqué, Total et consorts se gavent à chaque plein.
Oui, c’est bamboche et bombance à la table du CAC 40, et ils s’apprêtent à lâcher quelques miettes, la marmite bout, ils sont inquiets. Le pouvoir d’achat pour les gens ce n’est pas un saupoudrage de quelques mesurettes, c’est l’argent disponible sur les comptes en banque des salariés/es et des retraités/es.
Oui, le gras pour les uns, les miettes pour les autres !