Tribunes libres
Parce qu’ils le veulent bien !
Ceci n’est pas un détournement du slogan publicitaire d’un grand groupe -
Par Eric Bocquet / 9 décembre 2022Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’un détournement de slogan publicitaire du grand groupe « L’Oréal » si cher à Liliane Bettencourt. Non cette phrase, il nous arrive de l’entendre au détour d’une conversation en famille ou entre amis, au bistrot, dans les rues et évidemment dans les réseaux sociaux, parfois même sur les plateaux de télévision, tendance bolloréenne !
« Si les chômeurs sont au chômage, c’est parce qu’ils le veulent bien ! » Avec sa réforme de l’assurance chômage, le gouvernement n’est pas loin de surfer sur cette pensée « populaire ». Non pardon, je voulais dire populiste. En restreignant les conditions d’accès à l’assurance chômage, ils veulent « inciter » les demandeurs d’emploi à accepter les offres qui leur sont faites. Leur cynisme est sans limite.
Je pense à cet instant aux salariés de Cargill, Camaïeu ou encore Bridgestone qui n’ont rien choisi dans leur situation, ils et elles ont payé les choix financiers court-termistes de leurs actionnaires avides. Ils n’ont jamais choisi le « confort douillet du chômage indemnisé afin de vivre au crochet de la solidarité nationale. » Nausée.
Un article de la revue Alternatives économiques du mois de novembre dernier vient utilement remettre les pendules à l’heure. Le papier analyse les données de la direction de l’animation de la recherche et des statistiques (DARES), un machin très sérieux au sein de la Direction du Ministère du Travail, son rôle est d’éclairer le débat économique et social.
Eh bien, voilà des données fournies absolument éclairantes : 16 %des demandeurs d’emploi qui étaient en CDI avant leur chômage ne touchent pas leurs allocations. Un taux qui monte à 41 % pour les personnes en fin de CDD, soit 9 % de plus que la moyenne. Cela s’appelle le non-recours, les chômeurs qui passent peu de temps en emploi sont davantage touchés par le non-recours car ils ignorent souvent qu’ils ont des droit… Tiens donc, les prédateurs et autres « profiteurs du système des aides » ne sont donc pas ceux que l’on croit…
Une autre lecture, il y a quelques jours, nous informe que chaque année, dans ce pays, ce sont 158 milliards d’euros d’aides diverses qui sont accordées aux plus grandes entreprises. Mais bon là, je suis hors sujet… Encore que…