La commission des affaires économiques du Sénat a auditionné la semaine dernière M. Patrick Drahi, détenteur de la 10e fortune de France, 205e au classement mondial. Son groupe Altice est propriétaire de SFR, Libération, l’Express, RMC et BFM TV, une énumération qui pose son homme quand même ! Et incontestablement ce tableau de chasse donne à Monsieur Drahi une certaine assurance, voire une assurance certaine c’est le moins que l’on puisse dire, pur produit de la République, fils d’enseignants et formation à Polytechnique.

Le groupe Altice finance ses acquisitions à coups de dettes, un principe qu’il assume et défend : « On me critique sur mon niveau de dettes. Mais je dors beaucoup plus facilement avec 50 milliards de dettes qu’avant les premiers 50 000 francs d’emprunt que j’avais contractés quand j’ai créé mon entreprise en 1991 ». À la lecture de cette phrase, je me souviens de cette formule utilisée par un ancien de mon village de Marquillies, qui ne parlait que le chti pour me dire : « Te sais garchon, in dort suremint mieux aveuque des dettes qu’aveuque des puches ! ». Toujours d’actualité apparemment !

L’audition se poursuit sur le même ton, badin, arrogant, un brin cynique. « Un client qui me quitte, ça me fait mal au cœur. Et au portefeuille ». Rappelons ici que des clients M. Drahi en compte 60 millions dans le monde. Un peu plus tard, un sénateur insolent se permet de rappeler à M. Drahi que son nom fut cité dans les Panama Papers : « Vous avez une holding au Luxembourg, vous êtes coté à Amsterdam, vous avez une participation personnelle dans un paradis fiscal en Angleterre, vous êtes résident en Suisse... vous avez dit qu’il y avait trop de congés en France et un temps de travail vraiment trop court. Est — ce que tout cela ne peut pas paraitre un petit peu indécent quand on connait votre fortune personnelle ? “Juste un petit peu cher collègue ? Vraiment ?”

Sur ces points il n’y eut évidemment pas de réponse de l’invité du jour. Il résumera en une formule : “En fait le monde de la finance est un bon monde”. Oui c’est vrai pour les ultra-riches, ce monde est bien bon.

Une question survient ensuite sur l’équipement en fibre optique, pour le haut débit, des territoires ruraux, M. Drahi reconnaitra certaines difficultés dans le très très rural, rentabilité financière oblige... et pourtant dit-il, il connait bien ces régions, lorsqu’il était étudiant à Montpellier, il allait faire des balades dans la campagne, dans l’Aveyron avec sa mobylette. C’est dire s’il adore les territoires ruraux.

Aujourd’hui les Ferrari sur les routes de campagnes, ça ne le fait pas trop...!