Citons-le : “Seule la vérité est révolutionnaire” — Lénine et Trotski eux-mêmes sont convoqués pour l’occasion par François Bayrou. Mais les faits, eux, ne tremblent pas. Et ils sont têtus.
Depuis 2017, les baisses de recettes fiscales décidées par Emmanuel Macron (notamment la suppression de l’ISF, la mise en place d’un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du patrimoine, ou le passage de l’impôt sur les sociétés de 33% à 25%) ont coûté à la Nation plus de 31,2 milliards d’euros par an. Et ce, sans compter les aides aux entreprises, renouvelées chaque année à hauteur de 200 milliards d’euros, souvent sans condition, sans ciblage, sans évaluation. Cette vérité-là, François Bayrou l’a tue.
Le refrain entonné par ce gouvernement minoritaire est désormais bien connu : “pas d’augmentation d’impôts”, “État plus efficient”, “réduction des dépenses de fonctionnement”. Une musique austère que l’on habille de grands mots — indépendance, vérité, avenir — mais dont la partition est inchangée depuis des décennies.
La France, dit-on, dépense trop. Non : elle est mise en incapacité de financer ses ambitions par des gouvernants qui affaiblissent délibérément ses ressources. Les Français sont accusés par le Premier ministre de ne pas assez travailler ? Non : ils sont nombreux à vouloir travailler, mais se heurtent à la précarité, à la sous-qualification et aux déserts industriels. La production industrielle est en recul ? Certes, mais c’est l’abandon de la planification au profit des délocalisations tous azimuts, la casse du tissu productif et l’obsession du court terme qui en sont responsables. Le déficit, quant à lui, ne vient pas d’un excès de service public, mais d’une désorganisation méthodique de l’action de l’État : politique de l’offre aveugle et prolifération de missions externalisées à des cabinets de conseil, qui prospèrent dans les doublons qu’ils contribuent à créer. Et c’est ce désordre organisé que l’on voudrait aujourd’hui faire régler par les collectivités, les salariés, les retraités et les agents publics.
En outre, les sénateurs du groupe CRCE-K soulignent une autre vérité soigneusement tenue à l’écart ce matin : les collectivités territoriales seront, une fois encore mises à contribution, 8 milliards d’euros de coupes sont évoqués pour 2026.
Nous refusons cette dramaturgie budgétaire qui veut faire croire à l’inéluctabilité des sacrifices du monde du travail et de la création. D’autres choix sont possibles car des richesses insolentes existent dans notre pays : ces choix sont ceux d’un redéploiement de la fiscalité, d’un renforcement des moyens alloués aux collectivités, à l’hôpital, à la Sécurité sociale, à la transition écologique. Loin d’être de simples coûts, ce sont des investissements pour l’avenir de notre peuple et pour la souveraineté de notre pays.
Le groupe CRCE-K au Sénat appelle à un sursaut. Nous ferons preuve de courage et de responsabilité, en portant d’autres choix de justice fiscale et sociale.